Histoire de l\'art médiéval : L\'art gothique PDF

Title Histoire de l\'art médiéval : L\'art gothique
Author Axelle Cosset
Course Histoire De L'Art
Institution Université Rennes-II
Pages 3
File Size 137.7 KB
File Type PDF
Total Downloads 20
Total Views 116

Summary

Histoire de l'art médiéval
Professeure : Marie Jacob....


Description

L’ART GOTHIQUE (milieu 12e – fin 15e) Le terme « gothique » est complétement étranger à la culture médiévale (comme le terme roman) Terme formé sur la racine des « goths », les barbares qui ont mis à sac Rome au début du 5 e siècle Ensuite employé par les humanistes italiens du 16 e pour désigner l’ensemble de l’art médiéval L’art gothique est donc une invention des humanistes pour désigner l’art médiéval qui ne correspond pas aux canons classiques de la Renaissance = terme péjoratif qui considère le Moyen Age comme une période obscure, on méprise cet art en le nommant avec un terme de racine barbare Il faut attendre le 19 e pour voir émerger une vision plus fine de l’art médiéval, et à différencier l’art roman de l’art gothique (on garde pourtant le terme « gothique » qui devient positif, car l’Europe voit émerger une pensée nationaliste qui veut contrer la surpuissance de l’art de la Renaissance italienne, et valoriser les identités artistiques françaises, allemandes…) - Morcèlement du territoire qui se traduit artistiquement par une différence de style très marquée selon les régions à l’époque romane = centralisation du pouvoir sous le règne de Philippe Auguste à l’époque gothique, Paris devient le capitale du royaume au début du 13 e Installation du pouvoir administratif à Paris + reconquête du territoire sous domination anglaise Conséquences importantes pour le nouvel art en création, qui émerge sur le domaine royal en Ile de France, et va servir de modèle pour la production du reste du royaume et au-delà - La période gothique voit le développement des villes au détriment des campagnes, l’urbanisation se développe à partir du milieu du 12 e = émergence d’une nouvelle classe sociale, la bourgeoisie, composée de marchands et de banquiers, ayant une place de plus en plus importante Cette classe sociale a des attentes différentes en terme de commandes artistiques que les commanditaires traditionnels (la noblesse et le clergé) = conception de l’art qui se veut plus proche de leur quotidien, intérêt pour des sujets plus profanes - Changement sur le plan religieux, des ordres séculiers (non reclus dans des monastères comme l’ordre régulier, mais installés dans les villes) = les ordres mendiants 1216 = Ordre des Frères Prêcheurs fondé par Dominique de Caleruega (les dominicains) 1223 = Ordre des Frères mineurs fondé par François d’Assise (les franciscains) Ils adoptent un langage plus imagé, utilisant des images plus proches du quotidien des fidèles Utilisation d’œuvres d’art, rapport à Dieu de l’ordre de l’intime (contrairement au Haut-Moyen Age)

I-

L’architecture gothique

Renouvellement de l’architecture sur les édifices religieux dans le domaine royal vers 1130 «OpusFrancigenum» = œuvre de création française pour qualifier la création gothique Cette nouvelle architecture apparaît sous l’impulsion d’évêques et d’abbés proches du Roi 1- Les innovations techniques Innovation d’abord technique = utilisation d’un seul mode de couvrement pour tout l’édifice Développement de plusieurs formes de couvrement, qui existaient déjà à l’époque romane La voûte sur croisée d’ogives = uniformisation du voûtement pour tout l’édifice Les ogives sont des arcs qui se croisent au sommet de la voûte, ces arcs reposent sur des piliers associés de chaque côté par d’autres arcs séparant chaque ogive = arcs formerets Squelette fait de plusieurs arcs, ensuite comblé par de la pierre, posée par-dessus, appelés les « voutains » = technique très légère et flexible, forces concentrées sur un point précis (le pilier) Cela permet de contrôler beaucoup plus efficacement les poussées

Deux types de voûte à croisée d’ogives : la voûte quadripartite (4 ogives) et sexpartite (6 ogives) La voûte d’ogive apparaît dès l’époque romane, notamment en Angleterre dans la Cathédralede Durham, au 11e siècle = ce n’est donc pas une invention de l’époque gothique mais c’est à cette période qu’on généralise ce voûtement et le perfectionne pour le rendre plus efficace SaintEtiennedeSens (1140-1176) = l’un des premières églises gothiques Voûte quadripartite dans les bas-côtés et voûte sexpartite dans la nef (trait plein sur le plan) Il y a quand même donc une distinction en fonction des espaces, malgré le voûtement complet Les constructeurs mettent au point un nouveau système de contrebutement (la tribune à l’époque romane, pour annuler la force de la voûte en berceau, le contrebutement se fait de manière continue tout le long de l’édifice, structure très lourde) = à l’époque gothique les forces sont canalisées vers des points précis (sur les piliers de la nef et sur les murs extérieurs) Appliquer le système du berceau comme dans la tribune, avec les arcs-boutants à l’extérieur Structure maçonnée construite = un ou plusieurs volées d’arcs séparées par des culées, reliées aux murs gouttereaux par un système d’arcs poussant le mur pour contrer les forces Pour appuyer sur la culée = la pinacle (avec statues décoratives dedans) Ce contrebutement se fait cette fois à l’extérieur du bâtiment + installation d’une petite galerie très étroite appelée le triforium, qui permet d’animer visuellement la surface L’intérêt est de construire des édifices beaucoup plus grands, et d’ouvrir d’avantage les parois pour faire entrer plus de lumières dans l’édifice = plus obligé de faire des murs épais aux petites fenêtres car le contrebutement est mieux maîtrisé (murs plus fins et plus percé) 2- Le gothique classique avec l’exemple de la cathédrale de Chartres (1195-1220) Quatre phases de l’architecture gothique : - 1130-1190 = 1er art gothique (Sens, Saint-Denis, Laon, Paris) - 1190-1230 = gothique classique (Chartres, Reims) - 1230-1380 = gothique rayonnant (Sainte-Chapelle) - 1380-15e = gothique flamboyant (Rouen, Tours)  CathédraledeNotre-DamedeChartres = modèle pour d’autres cathédrales Plan basilical en croix latine, divisée en trois vaisseaux à six travées Transept constitué d’un vaisseau central et de bas-côtés, chaque bras étant divisé par trois travées (+ la croisée du transept au centre) Le chevet est constitué d’un chœur à trois travées (deux bas-côtés) Double déambulatoire à trois chapelles rayonnantes = volume beaucoup plus amples que dans les édifices romans, capacité d’accueil de fidèles plus importante Agrandissement du chevet avec le double déambulatoire, car la cathédrale de Chartres est un lieu de pèlerinage très prisée (elle contenait une relique : la chemise de la Vierge) Question de circulation, problème des architectes romans, pour accueillir les pèlerins On recherche un équilibre dans les volumes, dans la dimension entre la nef et le chevet La nef est presque aussi longue que le chevet, le transept coupe l’édifice en deux parties égales Elévation intérieure = trois niveaux d’élévation, schéma privilégié par l’art gothique Grandes arcades à arc brisé + triforium orné de quatre arcatures + fenêtres hautes composées de deux ouvertures (appelées les « lancettes ») surmontées de roses (« fenêtres chartraines ») Suppression de niveau de tribune et remplacement par le triforium (plus petit) = but esthétique pour animer la surface + agrandissement des fenêtres, faire entrer plus de lumière Elévation intérieure plus lumineuse + effet plus rythmique et équilibré (fenêtres hautes de la même taille que les grandes arcades, murs coupés au centre par le triforium)

Unification du voûtement = voûte sur croisée d’ogives à quatre branches, quadripartites dans tout l’édifice (contrairement à SaintEtiennedeSens) = harmonie, goût pour la symétrie Mais dans la nef on a des croisées d’ogives quadripartites sur travée barlongue = rectangulaire Tous les points d’appui reçoivent exactement la même force avec les voûtes en croisée d’ogives, par conséquent l’alternance de support qu’on voit à l’époque romane (piles fortes et faibles) disparait à l’époque gothique = mais à Chartres on conserve cette alternance rythmique en donnant comme support des piles composées : tantôt avec un noyau circulaire cantonné de colonnettes polygonales et tantôt avec un noyau carré cantonné de colonnettes circulaires Cet effet rythmique va ensuite disparaître, notamment à Reims = toutes sur le même modèle L’harmonie se trouve donc jusque dans les supports qui sont tous les mèmes (circulaires) Effet esthétique d’équilibre, de régularité, d’harmonie propre à l’architecture gothique A Chartres, les arcs boutants se divisent en plusieurs étages qui relient les parties hautes de la nef, pour diviser les forces et les transmettre à l’extérieur de l’édifice = on renforce les volets par des colonnettes (les étrésillons) pour renforcer les arcs boutants Ces améliorations techniques vont permettre de faire des édifices plus hauts, plus grands, plus équilibrés, plus lumineux 3- L’esthétique de la lumière L’augmentation de la luminosité n’est pas une conséquence de l’amélioration technique Contexte religieux et théologique du milieu du 12 e siècle = c’est parce qu’on voulait faire entrer plus de lumière qu’on a amélioré les données techniques (voutements et contrebutements) Dans de nombreux écrits, notamment ceux de l’Abbé Suger de Saint-Denis dans les années 1130, il décrit la reconstruction du chevet de l’église Saint-Denis (archétype de l’architecture gothique) Suger est très marqué par les écrits du Pseudo Denys-l’Aréopagite = philosophe chrétien qui appartient au courant néo-platonicien, considérant la lumière du Soleil comme une manifestation de Dieu sur Terre = il développe donc une théologie sur la lumière Il incite les fidèles à contempler la lumière pour atteindre Dieu = il donne à la lumière une fonction anagogique (la lumière élève l’âme pour atteindre la divinité) Ce texte rencontre un grand succès dans l’abbaye du Saint-Denis = les moines de cette abbaye dont Suger ont confondu Denys-l’Aréopagite avec l’évangélisateur Saint-Denis du 3 e siècle Suger s’est réapproprié ces réflexions sur la lumière, en introduisant le paramètre du vitrail il avance l’idée qu’il faut que l’église devienne l’écrin, le réceptacle de cette lumière = il faut donc développer cette lumière grâce au vitrail (verres teintés assemblés) Le vitrail n’est pas une invention gothique, il existait avant, mais il est développé à cette époque C’est l’objet qui sert d’intermédiaire entre le monde divin et le monde terrestre Reflets colorés sur les murs = métaphore du divin dans cet effet visuel, lorsque la lumière passe à travers les vitraux, elle transforme les murs en pierres précieuses (dans l’imaginaire médiéval, les murs en pierre précieuses rappellent la « Jérusalem Céleste ») La lumière a donc pour but de transformer l’église en paradis, d’où le développement des fenêtres et des vitraux + en France on se désintéresse des peintures murales pour privilégier les représentations iconographiques sur le verre SainteChapelleàParis (1240) = gothique rayonnant, caractéristique des murs pleins très bas, l’essentiel de l’architecture est composée de verre = développement intense de la lumière...


Similar Free PDFs