La professionnalisation de la vie politique PDF

Title La professionnalisation de la vie politique
Author Thomas Tolier
Course Sociologie politique
Institution Université de Tours
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La professionnalisation de la vie politique La politique est devenue une profession. Le gouvernement est exercé par un petit nombre d’individus qui en ont fait leur profession. Chaque citoyen devrait pouvoir faire la politique. C’est un processus qui n’a pas toujours existé, on va essayer d’en comprendre les caractéristiques et la genèse. On verra ensuite comment on devient un politique professionnel. professionnalisation 1. Un processus historique de p rofessionnalisation politique C’est un phénomène relativement récent qui date de la fin du 19 ème siècle ; c’est à ce moment que démarre ce processus de professionnalisation de la politique. On passe de « l’administration des notables » aux professionnels de la politique. a. De « l’administration des notables » aux professionnels de la politique Pour s’intéresser à ce processus, il y a un texte de Weber qui permet de distinguer comment faire la politique. Ce que fait Weber, c’est une distinction entre vivre pour la politique et vivre de la politique. Il distingue la politique pour ceux où elle est une activité parmi d’autre alors que pour les autres la politique est un véritable métier. Weber distingue deux périodes historiques, celle de l’administration des notables et celle de la professionnalisation de la politique. Le fait de vivre pour la politique, cela suppose des ressources économiques importantes et c’est surtout, jusqu’au 19ème, les membres de la noblesse qui s’investissent en politique. Inversement, les membres des classes moyennes et populaires ne faisaient pas de politiques car elles n’avaient pas les ressources. C’est pour ça que Weber parle de notable. Les notables ont des positions importantes dans une localité et avoir un pouvoir politique les renforce. La grande bourgeoise occupe tous les pouvoirs et c’est lié au type de suffrage qui est censitaire qui fait que les classes moyennes et populaires sont éliminés. De nouvelles classes d’individus vont commencer à vivre de la politique ; c’est une lente évolution comme avec le suffrage universel masculin en 1848 et avec la constitution des partis politiques. On va voir rentré dans la compétition électorale, des individus qui ne sont pas notables et qui ne sont pas de classes bourgeoises. On parle de « nouvelles couches sociales » pour qualifier ce nouveau personnel politique de la classe moyenne qui ont des professions libérales et des petites et moyens fonctionnaires. Ça va être en 1946 jusqu’en 1958 qu’une proportion d’ouvriers arrivent au parlement et sont surtout de gauche. Il y a de nouveaux entrants en politiques qui n’ont pas de ressources personnelles et se pose la question de la rémunération. En 1848, il y a la mise en place d’indemnités pour les parlementaires et aussi des postes de permanents qui se développent dans les partis politiques.

Les marchés censitaires peuvent être caractérisés par quatre critères :  

Restreints Segmentés

 

A tendance monopolistique Des relations de clientèle

Le passage des notables aux professionnels de la politique est que le marché électoral c’est l’inverse. Les marchés élargis sont :  

Concurrentiels Arbitrés par des organisations

 

Nouveaux rapports entre élus et électeurs Politisés

C’est cette transformation qui va être le facteur clé qui permet de comprendre pourquoi il y a une professionnalisation de la politique. b. Une élite socialement très homogène Si on regarde dans différents contextes nationaux, on remarque une forte homogénéité sociale et c’est assez facile de faire le portrait type du professionnel de la politique en Europe. C’est un homme, d’âge mur, qui appartient à la classe sociale moyenne ou supérieure, à un bon niveau d’éducation et qui fait carrière politique. L’univers des députés français est masculin, pendant longtemps les femmes étaient quasiment absentes ; en 1981, il y avait 5% de femmes dans le parlement. Ça commence à changer dans les années 1990 avec les mesures de la parité en politique et pour les élections démocratiques, les partis doivent présenter 50% de femmes. En 2012, il y avait 27% de femmes chez les députés avec 49% chez LaREM. Les députés sont relativement âgés en France. Les moins de 40 ans sont moins représentés, les plus de 70 ans aussi donc la tranche d’âge la plus représentée est 40-50 ans. Cela s’explique car ils ont gravi les échelons avec les élections et donc cela prend du temps. Si on regarde en 2012, les 50-70 ans représentaient les ¾ des députés et l’âge moyen était de plus de 54 ans. Si on regarde en 2017, les 50-70 ans représentent 48% des députés et l’âge moyen est de 48 ans. C’est lié aux nouveaux groupes politiques et surtout à En Marche. Presque 35% des députés actuels n’avaient jamais exercés de mandat. Si on regarde le niveau d’étude, il est supérieur à la moyenne et cela ne change pas même avec les dernières élections. Si on regarde pour les ministres, l’homogénéités est encore plus marqué. Très longtemps, les gouvernements sont restés très masculin, il faut attendre 1970-1980 pour commencer à voir des femmes. En 1991, on a une première ministre femme. Les origines sociales des ministres sont encore plus élevées que les députés. Souvent dans la composition des parlements en Europe, il y a trois groupes parmi députés et ministres :  

Les professionnels de la politique issus des appareils des partis Les fonctionnaires engagés en politique



Les professions libérales

L’homogénéisation des sommets politiques se renforce. Le profil sociologique des ministres montre bien la professionnalisation de la politique. 2. Construction et év olutions des carrières politiques évolutions Il y a plusieurs cursus pour avoir des postes de députés ou de ministres et on va ensuite insister sur le poids croissant qu’on les énarques. a. Devenir professionnel de la politique Cette professionnalisation de la politique s’est imposée à partir du moment où la politique a été rémunérée. Vivre de la politique permet d’y faire carrière donc permet de franchir les échelons. Pour Braud, il y a deux types de cursus : 

Le cursus ascendant : trajectoire traditionnelle qui va du local au national jusqu’à avoir une position de président régional ou maire de grande ville et puis avoir un poste de député. La phase suivante est une ascension au niveau national, une fois qu’on est député, en exerçant au sein du gouvernement. Le couronnement national est quand on a un poste à l’exécutif au gouvernement. Le cumul des mandats est très pratiqué en France mais est de plus en plus contrôlé. Selon cette loi, les députés et les sénateurs ne peuvent plus cumuler avec une fonction exécutive locale (maire…), ils peuvent avoir un mandat local mais pas de responsabilité. La France se singularise par une pratique très large des cumuls des mandats. Il y a une variante de ce processus ascendant, c’est la carrière militante, on a des responsabilités à différentes échelles, surtout présent dans les partis qui favorisaient le militantisme.



Le cursus descendant : on le commence au milieu national puis de temps en temps un passage au local. Souvent, c’est des individus avec une formations supérieures qui intègrent un cabinet ministériel où ils peuvent intégrer les instances dominantes d’un parti ; parfois ça suffit pour continuer au national mais

le plus souvent on se parachute au local. Le fait qu’il y ait un cursus qui prime ou pas sur l’autre dépend de l’influence des partis politiques. Le cursus inversé a pris de l’ampleur car on légitime les titres scolaires plutôt que le travail militant et la pratique du terrain. Cela est lié à l’ENA. b. Les énarques et le monde des affaires Les carrières administratives et fonctionnaires ne sont pas séparées. Cela est lié au projet de De Gaulle lorsqu’il créait la 5ème République car il veut un régime où l’exécutif est fort et s’appuie sur l’administration. Les hauts fonctionnaires vont avoir une importance dans le pouvoir exécutif ; la moitié sont passés par de grandes écoles. Les hauts fonctionnaires intègrent des cabinets ministériels. Par exemple, Macron a fait l’ENA, a été inspecteur des finances, a intégré le cabinet présidentiel (conseillé), a été

ministre de l’économie puis est président. Ce qui joue c’est le rôle des grandes écoles pour former des hauts fonctionnaires. C’est en particulier par l’ENA que se forme une élite politico-administrative. Les énarques sont dans l’ensemble des grands partis. L’origine sociale de ces hauts fonctionnaires est très sélective. Si on regarde l’étude d’Eymeri, il s’intéresse aux élèves reçus au concours externe de l’ENA et il montre que 67% d’entre eux sont issus de famille de cadres et professions intellectuelles supérieures, 5.6% d’employés et 3.3% d’ouvriers. Ils ne risquent rien en matière d’emploi car s’ils perdent leur poste de ministre ou de député, ils retrouvent un poste. Il y a une porosité croissante entre élite politique et monde des affaires. Il va y avoir des membres du gouvernement qui vont rentrer dans le secteur privé pour se reconvertir qui est un moyen de poursuivre une carrière et c’est ce qu’on appelle la pratique du « pantouflage ». Il y a une multipositionnalité au sein du champ du pouvoir. Conclusion Qu’en on parle de professionnalisation de la politique, on parle d’une fermeture croissante du jeu politique. C’est un monde homogène socialement. Fermé car c’est difficile pour les nouveaux entrants de faire leur place....


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