TD 5 Vie Politique Française - \"-Colonialisme\" PDF

Title TD 5 Vie Politique Française - \"-Colonialisme\"
Course Vie politique française
Institution Université de Lille
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Summary

Séance de TD complète avec :
- Réponses aux questions sur le dossier
- Intro + Plan de dissertation...


Description

Séance 3 TD, Vie Politique Française NATIONALISME ET COLONIALISME EN FRANCE

1) Questions sur le dossier

DOC 1 : Extrait du débat parlementaire de 1885 sur « Les fondements de la politique coloniale » selon Jules Ferry. Ce document est un débat parlementaire datant du 28 Juillet 1885, où Jules Ferry traite des « fondements de la politique coloniale». Il présente une altercation entre diverses personnalités, pro (gauche, centre) et anti-colonialistes (extrême gauche, droite). Provoquée par J.Ferry luimême, cette séance est la conséquence de ce que les opportunistes de la Gauche Républicaine, aient lancé une politique de colonisation dans les années 1880. Le propos de Ferry est un véritable plaidoyer pour l’expansion coloniale, qui s'articule autour de différents arguments : - L’expansion coloniale sert les intérêts politiques et économiques de la Nation française, c’est donc une action patriotique. - L'industrie française nécessite l’exportation de denrées plus diversifiées pour faire jouer la concurrence. - En parallèle de la signature des traités franco-anglais favorisant le libre échange entre la France et l’Angleterre, l’Allemagne et les Etats-Unis se sont refermés et pratiquent le protectionnisme. La France se devait alors de trouver un moyen pour continuer le commerce avec ces pays. Jules Ferry décrit la mission de la France comme civilisatrice. Il prend à ce titre les exemples d’Alger et de l’Inde qui, selon lui, sont preuves de bienfaits. Il y a pour lui 3 concepts importants dans la politique coloniale, que sont l'économique, le politique/patriotique et l'humanitaire. Quand la droite l'interpelle sur la question de la protection des missionnaires, il accuse le fait que l'ancienne colonisation n'avait que des prétentions territoriales et économiques, tandis que celles des républicains est morale, puisque porteuse de civilisation. En imitant Camille Pelletan, Ferry tourne en ridicule les considérations les plus humanistes d'une partie de l'extrême gauche de l'Assemblée, c'est à dire les radicaux. Les notions de races supérieures et inférieures, le droit pour les premières d’aller imposer leurs conditions aux populations colonisées, ou plus généralement la question des droits de l’Homme ressortent. Mais le sujet est centré sur la question économique avant tout, qui est le vrai intérêt de cette expansion coloniale. En conclusion, le colonialisme est pour J.Ferry une politique d’avenir qui développe un rayonnement mondial à la France et qui lui permet l'exporter, en plus de ses produits, de sa langue, de sa culture, de son « génie ». (p.6, l.4)

DOC 2 : Vidéo sur l'expo 1931, la vitrine de l'Empire. TDC Le document 2 est un extrait d’une émission vidéo de 2000 au sujet de l'exposition coloniale de 1931, où on l'y présente, et explique ce qu'elle était. La France étant en 1931 à l’apogée de son Empire colonial. Elle lance alors une grande campagne de propagande pour promouvoir les bienfaits du colonialisme.

Cette exposition s’apparente à une foire où l’on représentait les indigènes des colonies françaises. Il s'agit d'un simulacre, où l’on met en lumière la « grandeur coloniale » en organisant des fêtes et où les « sauvages noirs » des colonies sont mis en scène pour montrer aux Français que la colonisation est acte humanitaire. Les « sauvages » en question sont des acteurs à qui on impose de jouer les cannibales mais qui sont, dans le quotidien, des êtres civilisés, éduqués, lettrés et intégrés dans la vie française, même si ils ne sont pas considérés comme des citoyens. Le zoo de l'exposition, tend quant à lui à mettre en évidence le fait que le peuple noir se rapproche plus de l’animal que de l’Homme. L’exposition est montée de manière théâtrale, avec des perspectives, les figurants étant répartis dans des villages où sont représentés la Martinique, le Cameroun, le Togo, la Guyane, la Somalie. Le temple d’Angkor, est de taille plus importante que le Sacré-Coeur. Cette exposition a pour but de donner l’illusion aux Français que les colonisés ont besoin de la France et qu’ils ne sont pas rechignent pas à la colonisation. Elle a permis de leurrer le peuple français sur le calvaire qu’ont subi les populations colonisées, sur ce que la France leur a infligé, jusqu’au réveil brutal de la demande d'indépendance des colonies.

DOC 3 : La saga Banania : imagerie coloniale et usages politico-commerciaux Ce dernier document est extrait du livre de Jean Gurarrigues « Banania, Histoire d’une passion française » paru en novembre 1991 pour fêter les 80 ans de la marque. C’est une description historique de la marque Banania depuis sa création en 1912. Elle explique la capacité de séduction du produit. La marque a été créée par Pierre-François Lardet, après avoir gouté une boisson à base de chocolat et de banane au Nicaragua qu’il transposera en France, en adaptant la boisson -ou plutôt son image- à l'époque où l'enfant roi émerge, et en l'appelant « Banania ». La marque influence tout d'abord les familles par des slogans bien choisis et imagés. Elle joue sur un aspect presque moralisateur, accouplé d'argument scientifique tendant à montrer que Banania est bon pour la santé des enfants, et en tire jusqu’en 1945 le quasi-monopole des boissons lattées pour enfants. Il y a également une volonté de chercher à toucher tous les âges et toutes les catégories sociales. Durant la Grande Guerre, Banania est envoyée aux soldats dans les tranchées, et l'on en tire même divers slogans marketing pour y ajouter de la valeur (« Banania fait gagner la guerre ! »). La légende du slogan « Y’a bon ! », est évocatrice au début du XXème, et renforce une certaine image raciste mais rassurante de la marque puisque l’homme noir représenté sur les boites de la boisson est l'exemple même du bon sénégalais, qui grâce à la France est devenue une bonne personne, mais a quand même toujours besoin des colonisateurs pour se civiliser. Du fait de sa notoriété, le rachat de la marque par Albert Villat puis par Albert Lespinasse ne changera rien aux yeux des Français même lors de la Seconde Guerre Mondiale. Banania se diversifiera en vendant d’autres produits comme le lait en poudre pour nourrissons, « Salvy ». Présentée, à nouveau comme facteur de victoire de la guerre, la boisson continuera d’être distribuée lors des restrictions alimentaires via les tickets de rationnement. Les références coloniales seront peu à peu évincées, la marque se basant de plus en plus sur ses valeurs nutritionnelles, conséquence de l'émergence du modèle de société de consommation en France.

Si l'image du tirailleur s'est d’abord simplifiée, puis est devenue un simple sourire, le breuvage ne perdra pour autant pas de sa popularité. Finalement, même Banania fut au cours des époques concurrencée, la marque historique demeure et tient bon, grâce à son adaptation. 2) Dissertation En quoi le colonialisme en France, à la fin du XIXème siècle, se nourrit-il de nationalisme ? « Quel bavardage : liberté, égalité, fraternité, amour, honneur, patrie, que sais-je ? Cela ne nous empêchait pas de tenir en même temps des discours racistes, sale nègre, sale juif, sale raton. » Par ces quelques mots, tirés du livre V son œuvre Situations, (colonialisme et néo-colonialisme), Jean-Paul Sartre pointe les contradictions entre les valeurs républicaines et les justifications du colonialisme, défendue à nouveau dans les années 1870 par des républicains, tels que Jules Ferry ou Léon Gambetta. L'usage du mot « patrie », et non de « nation », a sans doute une importance, car à la différence du dévouement qu'un individu a envers son pays qu'il reconnait comme étant sa patrie, le nationalisme est inconsciemment pour Sartre, homme de gauche, profondément attaché à la xénophobie, à l'antiparlementarisme, l'antisémitisme, et plus généralement à l'extrême droite. Le colonialisme se veut la doctrine justifiant la colonisation, l'extension de la souveraineté d'un État étranger sur des territoires situés en dehors de ses frontières. Quand au nationalisme, il est avant tout un principe politique des Lumières, tendant à légitimer l'existence d'un État-nation pour chaque peuple. Étant donné que le colonialisme fait sa réapparition, au XIXème siècle dans les années 1870, nous traiterons de la période allant de 1870 jusqu'à 1899, la fin du siècle. (Justification) Il s’agit donc d'abord de comprendre les justifications de la politique coloniale de la France à cette époque mais aussi de montrer que le nationalisme comme justification, a pendant cette période évolué vers la droite et permis un soutien très vaste de la colonisation. Plus encore, on se demandera si le colonialisme n'est pas le paroxysme du nationalisme. (Idée générale) Dans quel contexte le colonialisme républicain de la IIIème République a-t-il pu être justifié et pourquoi s'est-il nourrit de nationalisme ?

I) Les années 1870 : Le colonialisme français comme moyen de retrouver une place de puissance européenne face à l'Allemagne. A) La catastrophe de Sedan B) Le« parti colonial », fer de lance d'une justification idéologique économique et sociale. Transition : Ainsi, nous avons pu constater qu'après le traité de Francfort, la France vaincue connait un retard démographique et industriel par rapport à l'Allemagne, et que le retour de l'idée coloniale est justifié comme nécessaire à la France pour se réaffirmer par certains acteurs républicains opporunistes (Jules Ferry, Léon Gambetta) puis progressivement de droite et d'extrême droite.

Néanmoins, ces justifications économiques et sociales (besoin de matières premières, volonté civilisatrice validée par les théories racialistes des « scientifiques ») et de rayonnement vont à l'encontre des concepts républicains, et cette incompatibilité a besoin, pour perdurer, de soutiens venant de camps politiques très divers et fondamentalement opposés. On peut, de fait, se demander pourquoi, la droite conservatrice et monarchiste et l'extrême droite bonapartiste et boulangiste a progressivement rejoint les républicains, c'est à dire la gauche de l'époque, au sujet de la question coloniale.

II) Le nationalisme, une doctrine ayant progressivement traversé le clivage

politique de gauche à droite au cours des siècles, et justifiant la colonisation. A) Dans les années 1870, la « Nation » est encore un concept républicain. B) L'appropriation du nationalisme par la droite et l'extrême droite, le boulangisme et l'Affaire Dreyfus Transition : De fait, nous avons vu que l'enjeu national permettait le soutien idéologique du colonialisme. Historiquement, le concept de nationalisme n'est pas classé à droite. Il est devenu réactionnaire au cours du temps, alors que la pensée nationaliste n'était plus seulement utile à l'enracinement de la République. Dès lors, le nationalisme a opéré un glissement à droite pendant l'expérience boulangiste, et l'a achevé avec son affirmation en tant que question de politique intérieure de par l'Affaire Dreyfus, où il devient alors antiparlementariste, antisémite, et xénophobe. Cela dit, si nous avons vu que le nationalisme est une des justifications du colonialisme, on peut même se demander si le colonialisme ne découle tout simplement pas du nationalisme.

III) En définitive, le colonialisme est le stade suprême du nationalisme. A) Il permet l'affirmation et la prise de puissance d'une nation par l'expropriation d'une terre, et l'oppression d'un peuple. B) Il montre la quête d'hégémonie et de puissance des États-nations européens comme une réalité géopolitique navrante : les intérêts nationaux priment toujours sur les valeurs morales et la dignité de l'être humain....


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