Le shintoïsme - Professeur : Baudouin Decharneux PDF

Title Le shintoïsme - Professeur : Baudouin Decharneux
Course Introduction critique aux religions contemporaines
Institution Université Libre de Bruxelles
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Professeur : Baudouin Decharneux...


Description

Le shintoïsme Le shintoïsme ou shintō, littéralement « la voie des dieux » ou « la voie du divin » est la religion fondamentale la plus ancienne du Japon, liée particulièrement à sa mythologie. Le terme shintō est apparu pour différencier cette vieille religion du bouddhisme « importé » au Japon vers le VIe siècle. Le shintoïsme est un mélange d'animisme et de chamanisme, essentiellement polythéiste. Le concept majeur du shintoïsme est le caractère sacré de la nature et l’accent est mis sur cmt trouver sa place dans le monde. Le shintoïsme souligne l’importance de l’harmonie humains/nature et les kami. Le Kojiki (712) = texte antique qui évoque la religion et l’histoire du pays, tout en contant l’ascendance divine de l’empereur.  L’une des pierres angulaires du shintoïsme au Japon. Les Kamis Le shinto considère comme divins aussi bien des forces de la nature que des animaux ou des hommes célèbres. Ces divinités s'appellent « kami ». Littéralement, kami signifie "ce qui est au-dessus des hommes". Un cours d'eau, un astre, une simple pierre, une personnage charismatique (ancêtres ou des héros valeureux des temps passés) ou même un concept abstrait (fertilité) peuvent être considérés comme des divinités. Cependant, ce culte déifie en premier lieu les éléments de la nature. La plus importante divinité fut la déesse solaire Amaterasu (lit. celle qui fait briller le ciel), qui protège contre les invasions. On peut donc dire que le drapeau du Japon est un symbole shinto. Cependant le soleil n'a pas un rôle hiérarchique parmi les divinités shinto: chacune a sa place. Il y aurait huit cent millions de kami (  8 = chiffre sacré qui veut dire une infinité)  le Japon a pour surnom Shinkoku, "le pays des divinités". Leur sacralité est telle que les fidèles doivent se purifier avant de pénétrer dans un sanctuaire ou de participer aux fêtes données en leur honneur. Évolution historique Jusqu'aux 1e contacts du Japon avec la civilisation chinoise (Ve siècle), le shinto = ensemble flou de croyances, de mythes et de pratiques. La Chine, en introduisant le bouddhisme au Japon en 552, provoqua un double effet: un certain mélange des pratiques shintoïstes et bouddhistes + une réaction de défense (quelque peu nationaliste) en faveur du Shinto. Les mythes s’unifièrent, les famis tutélaires de ≠ clans/villages devinrent prééminents par rapport aux dieux des autres groupes. Dès lors : succession de mouvements contradictoires tantôt en faveur du bouddhisme, tantôt du shintoïsme. Ainsi, malgré une tendance très constante à 1

mélanger ces deux religions (qui donnait lieu à un culte mal défini)  réactions de défense du Shinto vers le XIIIe et le XVIIIe siècle. A cette dernière période, le bouddhisme était religion d'État et le Shinto apparaissait, en quelque sorte, comme une fronde contre le pouvoir central. A l'époque Meiji (1868), quand le Japon s'ouvrit à la civilisation occidentale, le gouvernement imposa la séparation entre Shinto et Bouddhisme. 1868 – 1945 : pour stimuler le nationalisme, les autorités impériales ont élevé le shintoïsme au rang de religion d’État. Cette approche s’écarte de l’ancien culte des kami et a peu de choses en commun avec les croyances populaires.  Rejeter le bouddhisme, venu de l’étranger + renforcer l'identité japonaise (met l’accent sur la singularité japonaise) et unifier la nation autour de l'empereur Meiji (culte de l’empereur et de l’empire). Certains pensent que le shintoïsme a été instrumentalisé afin de légitimer une idéologie lors de cette phase militariste. La défaite de WW2 : réduire l'influence du shinto développé depuis Meiji. L'empereur Hiro-Hito accepta de le limiter à une organisation religieuse comme les autres  supprima les subventions du gouvernement aux temples shinto. La ferveur des shintoïstes à l'égard de l'empereur n'en a pas été affectée et les temples sont toujours aussi prospères aujourd'hui. La pratique du Shinto Bien que plus une religion d'État, le shinto continue d’être présent dans toute la vie japonaise, toutes les traditions. Le sumo, sport national, par exemple, provient d’un ancien rituel honorant les kami. le sport est presque secondaire par rapport aux rites: les lutteurs jettent une poignée de sel pour purifier l'arène, ils se balancent d'un pied sur l'autre pour écraser les forces du mal, quant à l'arbitre, issu d'une famille spécialisée dans cette fonction, il est vêtu comme un prêtre shinto. À la base de la base de certains arts japonais typiques tels que l’arrangement floral (ikebana) ; retirer ses chaussures avant d’entrer dans un bâtiment ; l’insistance toute japonaise sur les salutations ; etc. De nos jours, la pratique du shinto n'implique aucune croyance particulière (la foi ≠ centrale). Cependant  l'expression de leur adhésion à la communauté nationale + la participation aux cérémonies shinto du sanctuaire de leur quartier/village marque leur volonté de maintenir l'harmonie de la vie de la nation. Pêchés Le shintoïsme n’enseigne pas que quelque chose est intrinsèquement un péché. Plutôt, certains actes créent une source d’impureté que l’on voudra laver plus pour sa propre tranquillité ou bonne fortune, et non pas parce qu’une impureté est mauvaise en soi.

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Rites et fêtes Par les rites provenant du shintoïsme, les Japonais célèbrent les évènements marquants de la vie des individus, de la communauté ou de la nation. Obon : la fête annuelle en l’honneur des âmes des morts Oshogatsu : la fête de trois jours pour le nouvel an Matsuri : festival de quartier  célébration des kami, on se réjouit simplement de l'existence. On cherche à avoir le cœur pur et souhaite que le bonheur soit préservé. C’est une occasion d'inviter les ancêtres défunts aux joies de la terre et de les y faire participer par l'esprit.  Ces pratiques sont un moyen d’entrer en communication avec le divin et d’assurer le bien-être de tous. L’observation stricte des rituels > la foi, la croyance. Dans un sanctuaire shintô, rites de purification: les fidèles se lavent les mains et boivent l’eau de fontaines sacrées dans des gobelets en bois fixés à l'extrémité de longues tiges, avant de joindre leur main à hauteur de visage, de s’incliner et de se recueillir. L’eau qui coule demeure un élément primordial. Indispensables avant de plonger dans le bain ou dans les sources thermales, purification corporelle dictée par les rites = rappellent l’importance de ne jamais être souillé. Ema : tablette en bois contenant des prières ou des vœux que l'on trouve dans les sanctuaires shintô au Japon. Le visiteur du sanctuaire inscrit son vœu ou sa prière sur l'ema, puis l'accroche pour qu'il soit lu par les kami. Typiquement, l’ema est orné d'une image de cheval  ema signifie littéralement « image de cheval »  sans doute une référence aux anciens rites sacrificiels japonais. Au fil du temps, les gens ont préféré les plaques de bois. Mort et au-delà Contrairement à la plupart des grandes religions, le shinto n’accorde que peu d’importance à la mort et à la vie dans l’au-delà. La mort est vécue comme une tragédie et c'est un rite bouddhiste, plus consolant, qui s'en occupe. En revanche, la plupart des japonais se marient selon les rites du shinto1. Shintoïsme et bouddhisme ont coexisté pendant plus de mille ans  très difficile de dissocier ce qui appartient à l’une ou l’autre croyance. Ex. : le bouddhisme insiste sur la vie après la mort et la fin du cycle des renaissances, le shintoïsme insiste sur la vie actuelle et la manière de trouver le bonheur au cours de celle-ci. Bien que bouddhisme et shintoïsme aient des perspectives sur le monde très ≠, la plupart des japonais ne ressentent pas le besoin de réconcilier les deux religions et les pratiquent toutes les deux. Ainsi, il est courant pour les japonais de pratiquer le shintoïsme au cours de leur vie mais d’avoir des funérailles bouddhistes.

1 Lors d’une cérémonie traditionnelle de mariage shintô, les époux boivent solennellement du saké, céleste breuvage, dans trois coupes de laque rouge échangées trois fois : cet acte scelle leur union.

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Lieu sacré o Japon dans sa totalité peut être considéré comme un espace sacré. o Le lieu central du culte est le jinja (sanctuaire), où un ou plusieurs kami sont vénérés. Se distinguant des temples bouddhistes par leur portails sacrés, les torii (séparent le monde dans lequel nous vivons du monde dans lequel les kami vivent), ces sanctuaires diffèrent en taille et en importance (on peut en trouver partout  dans une grande entreprise nippone)  Le plus souvent, les sanctuaires sont fort dépouillés : peints en rouge et ne contiennent qu'un autel très rudimentaire servant à déposer les offrandes : des fruits, un verre de sake, de l'argent, etc.  Le cœur même du sanctuaire renferme la relique ou l'objet où est censé être incarné le kami. Seuls les prêtres peuvent y accéder.  Cette relique ou objet peut être n'importe quoi (pierre précieuse, pierre ordinaire, un objet précieux, une chaussure, un arbre, etc.).  On transporte la relique à travers tout le quartier pendant le Matsuri. o La tradition shinto considère également comme sacrés certains éléments du paysage naturel (mont Fuji). Rite : ensemble des cérémonies en usage dans une communauté religieuse ; organisation traditionnelle de ces cérémonies. Mythe : ensemble de croyances, de représentations idéalisées autour d'un personnage, d'un phénomène, d'un événement historique, d'une technique et qui leur donnent une force, une importance particulière Symbole : o Représentation concrète d'une notion abstraite o Signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept o Signe, objet matériel ou formule, servant de marque de reconnaissance entre initiés Religion : ensemble déterminé de croyances et de dogmes définissant le rapport de l'homme avec le sacré

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