Les Faux-Monnayeurs - notes de cours PDF

Title Les Faux-Monnayeurs - notes de cours
Author Kim
Course Littérature
Institution Sorbonne Université
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Summary

notes de cours ...


Description

Fiche de lecture Document rédigé par Natacha Cerf maitre en philosophie (Université libre de Bruxelles)

Les FauxMonnayeurs André Gide

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RÉSUMÉ

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ÉTUDE DES PERSONNAGES

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Bernard Les autres personnages Relations entre les personnages

CLÉS DE LECTURE

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L’amitié L’argent Les femmes Structure

PISTES DE RÉFLEXION

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POUR ALLER PLUS LOIN

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André Gide Écrivain français • Né en1869 à Paris • Décédé en1951 dans la même ville • Quelques-unes de ses œuvres : Les Nourritures terrestres(1897), récit Les Caves du Vatican(1914), sotie Les Faux-Monnayeurs(1925), roman

Les Faux-Monnayeurs Une œuvre complexe • Genre : roman • Édition de référence : Les Faux-Monnayeurs, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1925, 384 p. • 1re édition : 1925 • Thématiques : argent, amitié, amour, famille, mépris, suicide

André Gide (1869-1951) est un auteur français issu d’une

Publiés en1925 dans la Nouvelle Revue française, Les Faux-

famille bourgeoise protestante. Considéré comme un

Monnayeurs sont aujourd’hui considérés comme une des

e

écrivain majeur du xx siècle, il est lauréat du prix Nobel

œuvres les plus importantes du xxe siècle : le roman

en 1947. Son œuvre aborde notamment la question d’une

annonce des mouvements littéraires comme le nouveau

homosexualité qu’il assume : il clame sa volonté de se

roman et est inscrit dans la liste du grand prix des meil-

libérer des carcans sociaux et religieux.

leurs romans du demi-siècle. Les Faux-Monnayeurs se

Gide publie sa première œuvre, Les Cahiers d'André Walter, en 1890, et ses ouvrages majeurs paraissent dans les années vingt. Son succès est grandissant

caractérisent par la liberté d’écriture et la multiplicité des personnages : Gide rompt ainsi avec la tradition littéraire du roman linéaire.

et ses publications engagées : il dénonce le colonia-

À l’histoire centrale développant l’amitié ou l’amour qui

lisme et le totalitarisme soviétique, et lutte contre

unit les trois personnages principaux (Bernard, Olivier et

le fascisme. L’écrivain s’inscrit également comme un

Édouard) viennent se greffer des histoires secondaires,

précurseur du nouveau roman de par la complexité

celles des deux frères d’Olivier (l’un devient fou, l’autre se

de sa forme narrative, présente entre autres dans Les

livre à la délinquance) ou encore celle de Boris, un enfant

Faux-Monnayeurs(1925). La richesse de son travail nait

fragile mené au suicide par un sentiment d’abandon.

de l’alliance entre la rigueur de sa morale due à son éducation et sa quête de liberté.

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RÉSUMÉ

LE DÉPART DE BERNARD Lorsqu’il découvre que son père, Albéric Profitendieu, juge d’instruction,n’est pas son père biologique, et qu’il est en réalité le fruit d’une faute commise par sa mère dans sa jeunesse, Bernard décide de quitter son foyer. Il demande alors à son ami Olivier Molinier s’il peut l’accueillir pour la nuit. Avant de partir, il laisse à sa famille une lettre expliquant la raison de son départ. Albéric la découvre en rentrant chez lui, après une discussion avec Oscar Molinier, le père d’Olivier, au sujet d’une affaire de mœurs impliquant des enfants et des adolescents.La lettre le blesse profondément, lui qui aime Bernard et son côté rude et indompté comme il n’a jamais aimé ses autres enfants. Vincent, le frère ainé d’Olivier, un étudiant en médecine, accepte de s’occuper du père du comte de Passavant, très mal en point suite à une opération. Cela lui permet de gagner l’argent dont il a besoin pour subvenir aux besoins de Laura Vedel, l’épouse de Félix Douviers, qu’il a mise enceinte et dont il se sent responsable. Il finit pourtant par la quitter pour une amie du comte de Passavant, Lady Griffith. De son côté, Édouard, le demi-frère de la mère d’Olivier et romancier, relit dans le train qui le ramène à Paris une lettre de Laura qu’il a jadis aimée : la jeune femme imploreson aide. Olivier l’attend à la gare : les deux hommes sont particulièrement heureux de se retrouver, mais cette joie est si pudique que leur entretien se déroule dans la gêne et l’agacement. Édouard, nerveux, jette sa consigne par terre, et Bernard, qui les suivait à quelques pas, ramassele papier. Alarmé par la situation de la jeune femme, Bernard se met en tête de la sauver grâce à l’argent trouvé dans le portefeuille d’Édouard. Il se rend alors à son hôtel et se présente à elle comme un ami du frère de Vincent Molinier, qui l’a lâchement abandonnée. Au même moment, Édouard se manifeste, mais prend le vol de sa consigne avec indulgence : si Bernard a volé la valise, c’est surtout pour entrer en contact avec cet oncle qu’Olivier aime tant. Édouard va même jusqu’à engager le jeune homme en tant que secrétaire et l’emmène avec Laura en Suisse, d’où il doit ramener Boris. En lisant les carnets d’Édouard qu’il a trouvés dans la consigne, Bernard découvre qu’Olivier est complètement différent avec ses autres amis, Sarah et Armand, et éprouve un peu de dépit à l’idée « de ne pas en être » (p. 117). Il y relate aussi une visite qu’il a faite au vieux La Pérouse, son ancien professeur de piano, dont le fils est mort, et qui prétend qu’on lui cache son petit-fils, Boris. Enfin, l’écrivain y décrit le mariage de Laura, évoquant par la même occasion la pension protestante dirigée par la famille Vedel-Azaïs. Le même jour, Olivier se rend chez le comte Robert de Passavant. L’écrivain propose au jeune homme de devenir rédacteur en chef de sa revuelittéraire. Ils partent ensuite ensemble en Corse.

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LA LETTRE Dans une lettre à Olivier, Bernard raconte ses aventuresavecLaura et Édouard à Saas-Fée. Il avoue à son ami être tombé amoureux de la jeune femme, et lui narre leur rencontre avec la psychanalyste Sophroniska, qui soigne Boris. Malheureusement, la jeune femme l’éconduit poliment, après avoir pris la décision de retourner auprès de son mari. À la lecture de cette lettre, Olivier, ivre de jalousie, se sent évincé par l’amitié née entre Édouard et Bernard. Fou de rage, Olivier répond par le récit de son voyage auprès du comte en tant que rédacteur en chef de sa revue. Sa lettre est entièrement dictée par le dépit. Sans la moindre sincérité, il vante les mérites de Robert. Lorsqu’il la reçoit, Bernard fait lire la missive à Édouard : tous deux sont alors pris d’une envie de meurtre envers le comte. Par ailleurs, le jeune homme lui fait part de son projet de devenir surveillant à la pension Vedel, où Boris va être placé. Tous rentrent à Paris et Édouard ramène Boris à son grand-père.À la pension, Boris se sent différent et veut appartenir à une bande. Son choix se tourne vers les mauvaises personnes : Strouvilhou, Ghéri, Phiphi et Georges Molinier, des trafiquants de fausse monnaie. Comme l’on pouvait s’y attendre, les retrouvailles entre Bernard et Olivier se passent mal : haï de Bernard, le comte de Passavant est trop présent à son gout dans l’esprit d’Olivier. En outre, Bernard refuse d’écrire un article pour la revue, qui n’a dès lors plus aucun intérêt pour Olivier. De leur côté, Olivier, Bernard et Sarah, la sœur de Laura, se rendent au banquet littéraire des Argonautes. Bernard et Sarah entament une liaison, tandis que la mésestime et la réprobation d’Édouard et de Bernard à l’égard du comte deviennent trop pénibles pour Olivier, qui décide de rompre avec Robert et boit plus que de raison. Le lendemain, honteux de son ivresse lors du banquet et se sentant malaimé par ses deux amis les plus chers, Olivier fait une tentative de suicide chez Édouard. Afin de faire croire que la nouvelle l’arrange, le comte dissimule son dépit : il a décidé depuis longtemps de remplacer Olivier par Strouvilhou. Cependant, son entretien avec ce dernier s’avère être un échec : l’homme cherche trop à démonétiser tous les beaux sentiments, ce qui n’est pas des plus vendeurs auprès du public. Parti en Afrique avec Lilian, Vincent est devenu fou et l’a tuée. Édouard et Olivier, quant à eux, vivent enfin leur amour et le roman d’Édouard, Les Faux-Monnayeurs, avance à grands pas. En tant que juge d’instruction, Albéric Profitendieu se rend chez Édouard sous prétexte de lui demander de prévenir Georges : s’il ne cesse pas ses trafics, il sera forcé de le faire incarcérer. Mais il se laisse finalement envahir par l’émotion et demande à Édouard de prier Bernard de retourner chez lui : celui-ci accepte. Déçu de la présence de son petit-fils qu’il croit ne pas aimer, La Pérouse, au désespoir, tente de se suicider. Édouard lui propose de devenir répétiteur à la pension pour reprendre gout à la vie, mais les élèves lui rendent la vie dure. Rachel demande à Bernard de quitter la pension pour préserver l’innocence de sa sœur Sarah : leur relation a été dénoncée par leur frère Armand, choisi pour être rédacteur en chef de la revue du comte. Boris est mis à rude épreuve par la bande : cela l’amène à se suicider. Édouard n’a pas terminé son roman, et est pressé de faire la connaissance de Caloub, le frère de Bernard.

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ÉTUDE DES PERSONNAGES

BERNARD Il est le héros du roman. Enfant bâtard issu d’une erreur de jeunesse de sa mère, Marguerite, il est cependant élevé et aimé comme un fils par Albéric Profitendieu, juge d’instruction. Comme pour tous les personnages de Gide, on dispose de peu d’informations sur son physique, si ce n’est qu’il a les yeux francs et le front clair. Il est intransigeant et déterminé, cultivé et beau parleur. Son père adoptif dit de lui qu’il a un côté rude et indompté. Son nom de famille, « Profit-en-dieu », pourrait souligner l’hypocrisie bourgeoise de la famille, mais Bernard était un saint qui, au xiiesiècle, luttait contre le relâchement des mœurs dans les abbayes. Il combattait également les hérétiques et aspirait à une nouvelle croisade. Tout comme son homonyme, Bernard se distingue par son amour du mysticisme et de la vie contemplative, sa rigueur et sa pureté. C’est d’ailleurs de cette façon que le personnage aime Laura. Le jeune homme est en formation : il quitte son foyer, exerce deux métiers, aime deux femmes, puis vit une sorte de révélation qui le pousse à rentrer chez lui. On peut parler d’un parcours initiatique. Le fait d’être bâtard le rend plus libre et plus fort. Affranchi et révolté, le personnage est par là même plus aimable. Gide, à travers lui, dénonce une certaine idéologie de la famille comme geôle intellectuelle. La bâtardise coïncide avec la découverte de la liberté et la volonté de trouver l’authentique. Bernard se veut naturel et sincère, mais il s’avère décevant en ce qu’il renoue avec sa famille et donc avec l’institution établie. Il n’a pas réussi à échapper au spectre de son père. Lui aussi est un faux-monnayeur.

LES AUTRES PERSONNAGES

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RELATIONS ENTRE LES PERSONNAGES

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CLÉS DE LECTURE

L’AMITIÉ L’amour et l’amitié, qui occupent une place prépondérante dans Les Faux-Monnayeurs, sont, au premier abord, liés à des sentiments positifs comme la joie, le bonheur et l’exaltation. C’est le cas lorsqu’Olivier s’installe chez Édouard après sa tentative de suicide ou lorsque Bernard trouve auprès de Laura une échappatoire au mépris de soi. Mais ces sentiments ne peuvent durer. Ils sont très limités dans le temps et sont aussi vifs que brefs. Tous les instants de plaisir sont fugaces : Bernard quitte Sarah après leur nuit d’amour sans même un adieu. Les paroles d’Olivier qui « comprenait qu’on se tuât, mais seulement après avoir atteint un tel sommet de joie, que l’on ne puisse, après, que redescendre » (p.299) vont jusqu’à signifier qu’un excès de joie peut mener à la mort. Il y a à en conclure que les sentiments positifs ne peuvent être vécus que sur le mode de la frustration parce qu’ils sont éphémères, mais aussi parce qu’ils sont inexprimables à cause de l’orgueil et de la pudeur qui font des échanges affectifs une longue suite de malentendus : Édouard et Olivier ressentent une joie immense de se revoir à la gare Saint-Lazare, mais ils ne parviennent pas à l’exprimer, ce qui fait que leurs retrouvailles se passent dans la gêne et le silence ; Bernard éprouve de la sympathie à la vue d’un camarade en deuil et, alors qu’il aimerait la lui communiquer, il se retient, ce qui a pour conséquence que ledit camarade interprète son attitude comme une marque de mépris. Par conséquent, Gide envisage tous les types de relation comme des échecs permanents : •

aucun couple ne résiste au temps. L’amour conjugal est présenté comme une illusion : Laura et Édouard, Laura et Vincent, Lilian et Vincent sont des exemples de cette débâcle sentimentale. Quant au couple La Pérouse, il n’a abouti qu’à la haine et à l’incompréhension. Pauline s’est mariée par erreur. Laura a épousé Félix par intérêt ;



les liens du sang et l’amour filial se définissent par l’hostilité, l’agressivité ou l’indifférence. Il est significatif que le fils préféré de Profitendieu soit Bernard puisqu’aucun lien sanguin ne les unit ;



les amitiés sont superficielles ou intéressées et chacun finit toujours seul avec lui-même. Laura, par exemple, a beau être très entourée par sa famille et ses amis, elle doit pourtant recourir à Édouard lorsqu’elle se trouve vraiment en difficulté et celui-ci ne lui offre qu’un secours provisoire.

Le roman est de surcroit dominé par les sentiments négatifs que sont le mépris de soi (Boris s’estime impur) et des autres (le cynisme du comte de Passavant et d’Armand), l’ennui et la lassitude (Vincent sombre dans l’ennui auprès de Lilian). Le tout finit dans la haine (la « Confrérie des Hommes forts » exerce une haine gratuite et cruelle envers Boris). Cet échec radical des relations témoigne d’une condition humaine vouée à la solitude. La sincérité et la transparence entre les êtres n’existent pas.

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Pourtant, André Gide voit dans l’amitié un atout pour la formation lorsque l’ami incarne une figure paternelle. En tant qu’élément formateur de l'identité, l’amitié peut alors devenir une valeur pleinement positive. C’est un palliatif des défaillances de la cellule familiale : derrière l’ami se trouve l’image du père et de la mère. Laura, par exemple, s’imagine en sœur ainée pour Bernard, et Olivier fait jouer le rôle de père alternativement à Bernard, Passavant et Édouard. L’amitié est dite socratique lorsqu’elle unit un adulte et un adolescent. Édouard forme l’intelligence et la sensibilité d’Olivier, il est comme son précepteur qui remplace un père désintéressé. Leur relation est perçue comme un idéal. L’éducation qu’il donne à l’adolescent a une dimension morale, elle lui permet d’être protégé des mauvaises et pernicieuses influences (de dénoncer les amitiés qui sont des outils de manipulation), et le rend meilleur. La réciproque est vraie également puisque la présence d’Olivier permet à Édouard d’écrire trente pages d’un coup de son roman dont le travail est orienté positivement grâce aux remarques judicieuses de l’adolescent. Ce type d’amitié-là est un sauvetage moral de la corruption, du désespoir et de la stérilité. En somme, l’écrivain propose une vision très personnelle du thème de l’amitié. Elle est problématique en raison de la confusion des sentiments d’amour et d’amitié, et de l’impossibilité de la sincérité, mais demeure un idéal de formation de type pédérastique qui mêle la jouissance des sens aux plaisirs de l’esprit.

L’ARGENT L’importance que l’argent revêt se trouve soulignée dès le titre du livre. Il acquiert dans le roman une puissance symbolique à partir de laquelle l’auteur développe une morale. La monnaie symbolise ce qui s’échange, elle est donc la métaphore de l’intersubjectivité et des rapports humains. •

L'argent est tout d'abord au coeur de la vie des personnages. L’auteur dépeint les situations financières de ses personnages et les difficultés pécuniaires qu’ils rencontrent : Oscar Molinier ne gagne pas suffisamment d’argent pour tenir son rang ; Profitendieu, en tant qu’héritier, se trouve à l’aise ; Vincent voit son argent fluctuer au fur et à mesure qu’il le joue,etc. La majorité des protagonistes se situe dans la classe aristocratique ou bourgeoise, et les manques financiers sont de nature circonstancielle et occasionnelle. Seuls La Pérouse et la famille Vedel-Azaïs s'avèrent réellement dans le besoin. L’argent est le plus souvent possédé. Notons que les rentiers jouent leur argent (comme Lilian et Passavant qui parient), ce qui dénote un certain cynisme, ou l’offrent (Édouard à Laura), mais la générosité est plus proche de la manipulation puisque les rentiers sont les maitres du jeu.



L’argent crée l’intrigue et commande les rapports entre les personnages. C’est le manque d’argent qui fait de Bernard un vagabond, un aventurier et donc du récit un roman d’apprentissage. Dans sa quête de liberté et d’authenticité, Bernard se débarrasse des quelques sous qu’il a en poche. Ce geste fait penser à la volonté d’austérité de saint Bernard. La possession de l’argent est alors connotée comme le signe de l’inauthentique et peut-être du mal. Il apparait d’ailleurs comme un principe démoniaque (manipulation et cynisme des rentiers) : Lilian propose à Vincent de lui donner tout ce qu’il désire s’il vit avec elle et Édouard s’acquitte des sentiments qu’éprouve

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Laura pour lui en l’aidant financièrement. Ainsi l’argent remplace l’amour. Il signale un univers gouverné par la fausseté, l’hypocrisie et l’inauthentique. L’argent est un symbole moral qui renvoie à la problématique de la fausse monnaie. •

La littérature a elle aussi partie liée avec l'argent. Édouard et Passavant sont tous deux à la fois rentiers, manipulateurs et écrivains. Gide chercherait donc à démontrer que tout romancier est un manipulateur et que la littérature est fausse monnaie par essence. L’écrivain aurait pour seul souci d’être aimé de son public et développerait par là toute une série de procédés convenus dans le seul but de répondre précisément à ses attentes. Passavant n’écrit que pour plaire et s’adapte à toutes les modes. La mauvaise littérature est aux antipodes de la création authentique et est celle qui rencontre le plus de succès. Gide aspire à une création sincère, indifférente aux modes et aux consécrations, née d’une exigence intime.

• Enfin, l'argent est un symbole de la crise des valeurs. La fausse monnaie en tant que symbole de l’hypocrisie ne concerne pas que la littérature, elle s’étend à tous les domaines des relations sociales, à tous les comportements et à toutes les idéologies. Le roman regorge de mots tels que « valeur », « calcul », « intérêt », « prêt », « crédit »,etc. qui attestent du réseau métaphorique emprunté au monde des finances. La monnaie, dans les années qui suivent immédiatement la Première Guerre mondiale, est atteinte de relativité ; le franc-or a perdu sa valeur jusque-là constante, tout comme les valeurs de paternité, de langage, d’amour,etc., dorénavant réglées par l’échange. L’œuvre est nostalgique d’un monde stable fondé sur un référent immuable. La valeur n’a plus r...


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