Maximes de La Rochefoucauld 68-78 PDF

Title Maximes de La Rochefoucauld 68-78
Course Littérature d'oeuvre
Institution Université de Tours
Pages 5
File Size 137.6 KB
File Type PDF
Total Downloads 14
Total Views 127

Summary

Devoir maison donné durant mon année de L3 Lettres Modernes. Analyse et commentaire composé des Maximes 68 à 78 comprises dans les "Maximes" de La Rochefoucauld. ...


Description

FARQUE Claire

Pour le 02/10/17

Les Maximes de La Rochefoucauld Plan détaillé de commentaire, maximes 68 à 78

En 1678 paraît la dernière édition des Réflexions ou Sentences et maximes morales du duc François de La Rochefoucauld, recueil de remarques sur les comportements humains, dans de nombreux domaines. Dans les maximes 68 à 78, que nous allons étudier, le sujet de l'amour est enfin abordé. Thème sans doute attendu avec impatience par le public du XVIIè s., à une époque où la littérature met en exergue l'amour pur, courtois, romanesque, notamment dans les salons des précieuses que fréquentait le duc. Il s'agira de montrer comment, dans cette série, La Rochefoucauld tente de donner une définition de l'amour et comment il le livre a une analyse démystificatrice. Il en propose une définition surprenante de l'amour, de par son aspect morcelé ainsi que par ses tournures négatives. Il nous amène ainsi à nous demander si un amour véritable serait possible en évoquant la question de la conscience, puis en procédant à une dénonciation de l'amour « non-véritable ». Enfin, il balaye la possibilité de considérer l'amour comme une une vertu, premièrement car il prête son nom à beaucoup d'autres réalités et enfin car il n'est qu'un moyen supplémentaire de satisfaire l'amour-propre de l'Homme.

I. Une définition surprenante

a) Un aspect éclaté, morcelé → Suite de dix maximes, rare dans l’œuvre, souligne l'importance du sujet. → Maximes brèves, comme si cela témoignait de la résistance du sujet au moraliste. → Tentative de définition, l'auteur semble procéder par tâtonnements : « Il est difficile de définir l'amour », « Ce qu'on peut en dire » (Maxime 68). → Même cette maxime 68, la plus longue, se décompose en trois niveaux => accentue l'effet de « fragmentation » comme si l'auteur cherchait à disséquer l'objet de ses réflexions. Transition : Mais si la construction de cette série de maximes surprend le lecteur, l'auteur surprend également ce dernier car dès le premier abord cette longue tentative de définition prend une

tournure presque négative.

b) Une définition par la négative → La maxime 68 débute ainsi : « Il est difficile de définir l'amour », tournure assertive certes, mais pour annoncer de suite un obstacle. Cependant il met le lecteur en haleine car La Rochefoucauld n'emploie pas l'adjectif « impossible » mais « difficile ». → Au fur et à mesure des maximes 68 à 75, l'auteur se montre de plus en plus pessimiste/critique => soit tournures au conditionnel et restrictives, soit tournures négatives. → Maxime 71 : Les amants n'éprouvent pas de honte en reconnaissant leur amour passé. Cela semble donc plutôt positif. Cependant, avec la construction symétrique le passé « s'être aimés » est posé avant d'être nié dans le présent « ils ne s'aiment plus » : sorte de démonstration par l'absurde de l'amour ? → Maximes 73 et 74 => rapprochement des structures syntaxiques : « on peut trouver […] mais il est rare d'en trouver » / « Il n'y a que […] mais il y en a » => tournure restrictive dans le premier cas, ouverture sur la multitude « copies » dans le second cas. Provoquent tous deux la déception du lecteur. Transition : Alors, qu'est-ce donc que l'amour « véritable », « pur » dont parle la Rochefoucauld dès la maxime 69 et est-il possible ?

II. Un amour véritable est-il possible ?

a) Une question de conscience ? → Maxime 69 apparition du terme « cœur ». Traditionnellement dans la tradition augustinienne , le cœur est le repaire de toutes les noirceurs humaines => cf. Pascal dans ses Pensées "le cœur de l'homme est creux et plein d'ordure". Mais ici le cœur devient tabernacle d'un amour pur. → Ce que l'auteur appelle amour « pur » : « exempt du mélange de nos autres passions ». → Vision positive qui a une condition presque impossible à tenir : il faut que l'ignorions. Amour véritable n'est donc possible qu'en dehors du champ de la conscience => sinon vanité et autres passion s'en mêleront dès qu'on l'aura reconnu et qu'on lui aura donné un nom. → Si « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme » (Rabelais, Gargantua), amour sans conscience serait en revanche pureté du cœur... → « caché » terme au sens passif maxime 69 : le véritable amour échappe à la conscience. Mais reprise de « cacher » maxime 70 semble avoir sens actif : l'amour cherche à se dissimuler =>

comédie qu'on ne peut jouer longtemps car l'amour vrai ne peut cacher aucun déguisement. Transition : Nous allons à présent aborder la manière dont La Rochefoucauld dénonce ce qu'on pourrait appeler l'amour « non-véritable », l'amour déguisé.

b) L'amour « non-véritable », l'amour déguisé → Dénonciation au moyen de comparaisons, paradoxes, oppositions. → Maxime 72 plus seulement une réduction mais un paradoxe : La Rochefoucauld compare les effets de l'amour à ceux produits par la haine. On peut comprendre qu'ils sont aussi puissants, néfastes et ravageurs. Contrairement aux effets de l'amitié, que l'on s'imagine plus doux, et moins dévastateurs. → Opposition entre unique et multiple => maxime 73 : « des femmes » / « jamais eu qu'une », maxime 74 : « une sorte d'amour » / « mille différentes copies ». → Opposition entre le modèle et la copie => explicite dans la maxime 74 : « une sorte d'amour » / « mille différentes copies », implicite dans la maxime 73 (l'amour / la galanterie, parodie d'amour). → Les dernières maximes de la série plus proche du pessimisme auquel la lecture du recueil nous a habitués. → Maxime 75 le mouvement continuel est essentiel à l'amour. Tension entre une fixité mortelle et un mouvement vital. => image de l'inconstance de l'amour ? → Dans les réflexions diverses VI et IX, La Rochefoucauld compare l'amour d'abord à la mer puis à la vie => même idée d'inconstance, amour sujet au changements. (Renvoi à la thématique de l'Homo viator, en perpétuel mouvement, l'être humain comme un être toujours en devenir et tendu vers un idéal ou à la poursuite de ses désirs, « hoc est mutabile » ?) → Max 175 « La constance en amour est une inconstance perpétuelle, qui fait que notre cœur s'attache successivement à toutes les qualités de la personne que nous aimons, donnant tantôt la préférence à l'une, tantôt à l'autre; de sorte que cette constance n'est qu'une inconstance arrêtée et renfermée dans un même sujet. » Transition : Cette inconstance de l'amour expliquerait-elle que celui-ci « prête son nom à un nombre infini de commerces » (maxime 77) ?

III. L'amour démystifié, qui ne peut être une vertu

a) Sous un même nom se trouvent différents faits et réalités → Sous le nom « amour », on entend différentes réalités.

→ Maxime 77 : « commerces » pourrait renvoyer entre autres aux galanteries (qui peuvent se définir par « commerces amoureux ») de la maxime 73. Cependant la mention de Venise, ville commerçante par excellence, peut aussi renvoyer le lecteur aux activités économiques => amplifie l'aspect péjoratif de ce que l'on met derrière le mot « amour ». → Cependant l'amour est, du moins partiellement, passif dans cette tromperie, car ce sont des commerces « qu'on lui attribue », en confond ainsi les galanteries et l'amour véritable. → Pourtant, il est dit aussi que l'amour « prête son nom », et en ce il est tout de même acteur dans cette confusion. → L'amour est un Protée, il a mille visages => rapprochement de la définition de l'amour-propre chez La Rochefoucauld, qui se place dans la tradition augustinienne. Transition : Cette comparaison ouvre au lecteur un nouveau point de vue sur la nature de l'amour : l'amour d'autrui serait un moyen de contentement de l'amour-propre.

b) L'amour d'autrui comme contentement de l'amour propre → Maxime 262 « Il n'y a point de passion ou l'amour de soi-même règne si puissamment que dans l'amour ; et on est toujours plus disposé à sacrifier le repos de ce qu'on aime qu'à perdre le sien. » → Maxime 78 aborde l'amour de la justice. Semble être une digression après les neuf autres maximes de la série. Pourtant grâce à la question de l'amour-propre, La Rochefoucauld, tout en changeant de sujet, reste dans la même optique => que l'on aime un être de chair ou la justice, c'est toujours par intérêt. → Aimer autrui paraît pourtant le don et la gratuité par excellence, puisque cet amour devrait avoir pour objet un autre que soit. Mais l'amour-propre est touts et son contraire cf . Maxime 1 supprimée : « Enfin il [l'amour-propre] ne se soucie que d'être, et pourvu qu'il soit, il veut bien être son ennemi ». → Question de l'amour comme vertu, cf. héritage de St Augustin : l'amour de Dieu est seul bon et souhaitable (« L'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi » La Cité de Dieu, St Augustin). L'amour humain n'est pas un vice en soi, mais il est tout de même corrompu par l'amour-propre. → Maxime 74 : les « copies » représenteraient-elles des amours humaines, face à l'amour unique et seul vrai de Dieu ? Des copies qui, aussi imparfaites qu'elles soient, reflètent chacune à leur manière cette « seule sorte d'amour » et tentent inlassablement de le reproduire ? À l'image du recueil, la série des maximes 68 à 78 montrent l'évolution d'une pensée enrichie par les expériences mais aussi – et peut-être surtout – par les désillusions. La Rochefoucauld s'emploie par sa superbe maîtrise des mots et de l'art de la pointe, à démasquer la

véritable motivation de l'Homme ; tout action, y compris l'amour, s'explique par le jeu de l'amourpropre, par le raisonnement en fonction de l'intérêt propre. Ne tient qu'au lecteur des Maximes de considérer si La Rochefoucauld est un exemple de lucidité, ou s'il faut penser, à la suite du Cardinal de Retz dans le portrait qu'il dresse de La Rochefoucauld, que les Maximes « ne marquent pas assez de foi en la vertu »....


Similar Free PDFs