Notes Psychologie De L\'orientation PDF

Title Notes Psychologie De L\'orientation
Course Psychologie de l'orientation
Institution Université Libre de Bruxelles
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NATHAN KOLEBKA Ce travail est sous licence CC BY-NC-ND 4.0.

PSYCHOLOGIE DE L’ORIENTATION" NOTES DE COURS" 2020-2021

CAROLINE CLOSON B-LOGO-3, B-PSYE-3" PSYC-E-3044

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Psychologie De L'orientation

Table des matières

Introduction#................................................................................................................ 1" 1. Les cadres idéologiques#.............................................................................................. 2" 2. Les cadres de l’orientation#........................................................................................... 7"

Chapitre 1 — Les cadres idéologiques#..................................................................... 8" 1. La perspective adéquationniste#................................................................................... 8" 2. La perspective développementale#............................................................................. 13" 3. La perspective constructiviste#................................................................................... 32" 4. Résumé des trois perspectives#.................................................................................. 58"

Chapitre 2 — L’orientation scolaire en Communauté française de Belgique#.......... 60" 1. Introduction#................................................................................................................ 60" 2. L’école comme lieu de reproductions des inégalités#................................................. 64" 3. Une sélection plus qu’une orientation#....................................................................... 67" 4. L’école orientante#....................................................................................................... 69" 5. Le pacte d’excellence#................................................................................................ 69"

Chapitre 3 — L’orientation aux prises avec le genre#............................................... 70" 1. Masculin ou féminin ?#................................................................................................ 70" 2. Les constats d’inégalités dans les parcours scolaires#............................................... 70"

Chapitre 4 — La discrimination au travail#................................................................ 82" 1. Définitions et contexte#............................................................................................... 82" 2. La loi anti-discrimination de 2007#.............................................................................. 82" 3. Les discriminations directes et indirectes#.................................................................. 83" 4. La discrimination au travail selon le critère de genre#................................................. 83" 5. Les différents niveaux d’explication#........................................................................... 84" 6. Les personnes LGBTQI+ au travail#............................................................................ 89"

Chapitre 5 — L’insertion socioprofessionnelle#........................................................ 93" 1. Introduction#................................................................................................................ 93" 2. L’employabilité#........................................................................................................... 93" 3. L’inemployabilité#........................................................................................................ 94" 4. Le cadre légal de l’insertion socioprofessionnelle#..................................................... 94" 5. Une flexibilité choisie ou subie ?#................................................................................ 96" 6. Le secteur de l’insertion socioprofessionnelle#........................................................... 97" 7. Le parcours d’insertion socioprofessionnelle#............................................................ 98" 8. Les programmes de transition professionnelle#........................................................ 101" 9. La validation des compétences#............................................................................... 101" 10.Le maintien et la réussite dans le parcours d’insertion socioprofessionnelle#......... 101

PSYCHOLOGIE DE L’ORIENTATION Introduction" L’orientation, d’après le conseil de l’Union européenne en 2008, peut se définir de la manière suivante%:" «!L’orientation, en tant que processus continu, permet aux citoyens, à tout âge et tout au long de leur vie, de déterminer leurs capacités, leurs compétences et leurs intérêts, de prendre des décisions en matière d’éducation, de formation et d’emploi et de gérer leur parcours de vie personnelle dans l’éducation et la formation, au travail et dans d’autres cadres où il est possible d’acquérir et d’utiliser ces capacités et compétences. L’orientation comprend des activités individuelles ou collectives d’information, de conseil, de bilan de compétences, d’accompagnement ainsi que d’enseignement des compétences nécessaires à la prise de décision et à la gestion de carrière.%»" Ce qu’il faut retenir de cette définition, c’est que l’orientation est un processus dynamique, qui se réalise tout au long de la vie de l’individu. De ce fait, elle est fondamentalement liée à la scolarité ainsi qu’à la période postscolaire, que l’individu soit engagé dans un parcours professionnel ou non. De ce fait, l’orientation concerne tant les individus travaillant depuis une longue durée que ceux étant en formation ou dans un processus de recherche d’emploi. Aussi, la définition proposée précédemment place l’orientation comme étant un processus actif% ; en déterminant ses capacités, ses compétences et ses intérêts, l’individu est mis au centre de l’orientation et en devient agent." Quand on envisage l’orientation, on fait référence à un terme polysémique. En effet, on peut faire référence à l’orientation en tant que «% dipôle individuel% » ou en tant que processus institutionnel%:" • L’orientation en tant que dipôle individuel% : l’orientation peut être perçue comme étant le mélange entre un ensemble de processus réflexifs et de dispositifs pratiques. Le premier élément fait référence aux éléments personnels qui font que l’individu s’oriente de son plein gré dans une voie, intentionnellement. Étant déterminés par des enjeux individuels, on place le sujet au centre de l’observation de ces processus. Les dispositifs pratiques, eux, sont les cadres de l’orientation% ; autrement dit, il s’agit de la société dans laquelle évolue l’individu. En effet, l’orientation ne dépend pas uniquement de l’individu, de ses choix, de ses compétences et de ses envies. De fait, il existe un cadre définissant en partie les chemins empruntés (Exemple% : il est connu que certaines filières de l’enseignement belge sont dites «% de relégation% ». Ainsi, il est probable qu’un individu se retrouvant dans l’une de ces filières ne l’ait pas choisi)." • L’orientation en tant que processus institutionnel% : l’orientation peut être également comprise comme étant une répartition des individus dans les différentes voies de formation ou d’apprentissage. Cette réparation, elle, est produite par des processus institutionnels (Exemple% : l’école en tant qu’ascenseur social, la relégation, l’orientation scolaire, le décrochage scolaire…)." La psychologie de l’orientation peut être étudiée d’après plusieurs de ses composantes%:"

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Introduction

Psychologie De L’orientation

LES CADRES IDÉOLOGIQUES

LES PRATIQUES

LES FINALITÉS

PSYCHOLOGIE DE L’ORIENTATION

LES LIEUX

LES ACTEURS

D’APPLICATION

L’OBJET "

1. Les cadres idéologiques" A. Historique et paradigmes" Historiquement, il y a eu de nombreux modèles de l’orientation développés dans le temps. Leur caractéristique commune est qu’ils sont toujours fonction des questions sociétales de l’époque. Les différents modèles rendent compte de la multiplicité des outils, des théories, des pratiques et des publics visés. Finalement, les questions sociales déterminent des questions d’orientation, lesquelles vont déterminer des pratiques de l’orientation. Finalement, on peut identifier ces évolutions conceptuelles comme étant des changements de paradigme, comme souvent en sciences."

À PROPOS DES PARADIGMES D’après Thomas Kuhn, un philosophe des sciences du 20e siècle, un paradigme est un modèle conceptuel qui définit une discipline scientifique et structure une vue prévalente des meilleures pratiques dans une communauté de chercheurs durant une période particulière. Ainsi, les paradigmes sont amenés à évoluer. Seulement, et plus particulièrement en sciences sociales, les nouveaux paradigmes ne sont pas adoptés de tous. Aussi, un changement de paradigme en sciences sociales ne signifie pas que l’on oublie tout ce qui a été acquis jusqu’à présent, il s’agit plutôt d’une reconstruction différente sur une base commune." Les changements de postulat au cours du temps sont souvent dus à des anomalies rencontrées lors de l’étude de phénomènes par le biais du paradigme en place. Les anomalies, souvent, sont résolues grâce à de nouvelles méthodes, basées sur des conceptions nouvelles. Ainsi, les crises forcent le changement de cadre conceptuel.

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Ce qu’il faut comprendre avec les paradigmes, c’est que les différentes perspectives ne constituent pas spécifiquement des révolutions, il s’agit plutôt de changements au niveau !

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Psychologie De L’orientation

de la manière de voir les choses et de les comprendre, de les inclure social. Aussi, les anciennes perspectives ne sont pas spécialement souvent, elles sont à la base des nouvelles et il est toujours intéressant pourquoi actuellement on pense ou agit de telle manière, de savoir d’anciennes conceptions."

Introduction" Les cadres idéologiques

dans un cadre désuètes, car, de comprendre que cela vient

B. L’évolution des conceptions, des logiques et des pratiques de l’orientation" L’orientation, on l’a dit, est fonction des questions d’orientation, elles-mêmes découlant des questions sociales contemporaines. De ce fait, l’orientation est fonction de la période temporelle considérée et donc de l’organisation du travail à l’œuvre à ce moment. Il est donc possible d’isoler trois périodes au cours desquelles les différentes perspectives de l’orientation se sont enchaînées%:"

Perspective adéquationniste

1900

Psychotechnique des aptitudes physiques et des attitudes

1925

Psychotechnique des intérêts et des valeurs

1950

Développement de soi par le travail

1980

Orientation par l’accompagnement et l’éducation

2000

Employabilité et adaptabilité

Perspective développementale

Perspective constructiviste !

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Introduction" Les cadres idéologiques

I. La perspective adéquationniste La logique de cette perspective est celle de l’appariement, basée sur le psychotechnique. Chaque individu est caractérisé d’après des aptitudes physiques et des attitudes, par des psychotechniciens «% tout puissants% », et le postulat est que la satisfaction individuelle et la réussite découleront de la bonne adéquation entre les caractéristiques de chacun et les exigences des différentes professions disponibles." Cette perspective est basée sur la passivité des sujets, l’orientation étant fondée sur les caractéristiques individuelles stables. Il faut noter que la psychotechnique n’est nullement psychologique étant donné qu’elle se réduit uniquement à un ensemble de techniques et de tests. L’idée sous-jacente est d’apparier correctement les individus à leur poste% ; on peut parler d’une rationalisation des aff ectations sociales. Cette perspective adéquationniste se base sur plusieurs postulats dont le fait que les traits et intérêts de chacun sont stables dans le temps, que les individus sont rationnels et qu’ils accepteront alors leur affectation imposée, que les professions sont uniquement décrites par les exigences et qu’un bon appariement prédit épanouissement, stabilité et réussite."

a. De 1900 à 1925 Cette période est caractérisée par l’exode rural et le taylorisme, parallèlement aux mouvements d’industrialisation et d’urbanisation. Ainsi, le focus est mis sur les jeunes garçons sortant des écoles élémentaires, et plus précisément sur leur force de travail. À cette époque, on observe un développement massif des tests psychotechniques permettant de déterminer qui occupera quel poste, sur base des résultats auxdits tests mesurant tant les aptitudes physiques que la moralité des jeunes hommes. Ces tests sont conduits au cours d’entretiens uniquement directifs. Cette époque est marquée par une logique du métier% : les psychotechniciens pensent que chacun cherche un métier et que chaque individu s’épanouira s’il est à son poste."

b. De 1925 à 1950 Au cours de ce second quart de siècle, le public ciblé par les tests change légèrement et inclut dorénavant les jeunes filles sortant de l’école élémentaire ainsi que le public précaire déscolarisé. Cette période du 20e siècle est marquée par le début du questionnement quant aux compétences cognitives et physiques ainsi qu’aux valeurs. De ce fait, les tests visent dorénavant les aptitudes physiques et cognitives, les intérêts et les valeurs. On observe un léger changement également au niveau de l’appariement, car les scientifiques tentent maintenant d’apparier les emplois aux individus. Toutefois, les sujets restent passifs et aucun intérêt n’est porté aux envies de l’individu. La construction massive de tests et le recrutement important en cette période d’industrialisation rationalisent l’orientation%; l’appariement des sujets aux différents postes est fait selon les caractéristiques de chacun des deux (Exemple% : les individus forts seront assignés à la manutention)." L’idée dominante durant cette période est que l’organisation scientifique du travail sert tant les individus pauvres et naïfs que les employeurs. En effet, les scientifiques pensent à ce moment que la motivation première de chacun est l’acquisition d’un bon salaire et d’une vie décente (en effet, étant donné l’exode rural, ils pensent que ces pauvres gens sortis des campagnes souhaitent uniquement s’enrichir à tout prix afin d’accéder au style de vie urbain)."

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Introduction" Les cadres idéologiques

Psychologie De L’orientation

c. De 1920 à 1930!: le service d’orientation scolaire Durant cette période naît le service d’orientation scolaire. Cette orientation, basée sur une multitude de tests, mais ne se rattachant à aucune théorie scientifique, a pour ambition de faciliter la transition entre l’école et l’emploi. L’idée est qu’il faut pouvoir répondre aux exigences sociétales en termes d’emploi et de possibilités du marché du travail% : l’industrie nécessite une main-d’œuvre bien formée et l’orientation scolaire aide, grâce aux nombreux tests instaurés, à former les jeunes individus à cette industrie." Il est intéressant de noter que, si aujourd’hui ces conceptions nous semblent désuètes, voire inhumaines, elles sont tout de même à l’origine de pratiques actuelles (Exemple%: les centres PMS en secondaires ou les services d’orientation ont encore recours à des tests répondant à cette logique d’appariement). Cela est compréhensible par le fait que la conception adéquationniste et l’appariement sont séduisants dans le sens où il suffit d’un «% test magique% » pour savoir quoi faire de sa vie, ces tests résolvent l’incertitude importante à l’adolescence et détermine le futur des individus, ce qui permet de les rassurer."

d. En résumé

AVANTAGES

INCONVÉNIENTS

Comparaison entre ceux qui ont suivi les conseils d’orientation et ceux qui ne les ont pas suivi (en termes de réussite, de stabilité et de satisfaction)

Pas de prise en compte de l’affect et des motivations

Utilisation pragmatique des tests et rationalisation des appariements.

Sous-entend une prédisposition aux professions

Séduction de la logique d’appariement

Surestimation de la rationalité des sujets Aucune perspective développementale dans la carrière (on ne parle d’ailleurs pas de carrière) Démarche descriptive et non pas explicative Passivité du sujet Considération d’un contexte stable

II. La perspective développementale Cette perspective se développe en parallèle de la psychologie de la personnalité et considère donc que les choix professionnels correspondent à une manifestation en tant que telle de la personnalité, voire à une réalisation de celle-ci. Ainsi, elle s’axe plus sur la personnalité des individus que sur leurs caractéristiques «% objectivement mesurables% ».

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Psychologie De L’orientation

Introduction" Les cadres idéologiques

Seulement, elle n’analyse pas le processus de cette réalisation et demeure donc incomplète."

a. De 1950 à 1980 Survenant au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, cette perspective nouvelle met le focus sur les jeunes scolarisés ainsi que sur le public en insertion. À ce moment, on observe un accroissement de l’intérêt pour des éléments qui étaient jusque là peu investigués tels que les intérêts personnels (autres que le simple enrichissement), les valeurs, la personnalité et le développement. Ces éléments sont interrogés au moyen d’entretiens directifs, mais moins stricts et plus centrés sur l’individu. Le processus d’appariement est toujours présent, mais teste dorénavant les valeurs, les intérêts et la personnalité. Ainsi, on comprend que cette nouvelle perspective se base sur ce qui a été construit dans le passé, à savoir un bon appariement entre l’individu et le métier. Notons toutefois que la dimension individuelle ne présente plus uniquement les caractéristiques physiques et intègre alors des dimensions plus «%psychologiques%»." Cette période est donc marquée par le développement massif de tests visant à déceler la personnalité des individus. En guise d’exemple, on peut citer la théorie des types de personnalités et des types d’environnements de John Holland, datant de 1973. Le modèle RIASEC qu’il a développé apporte une réflexion plus complexe que ce que proposaient les tests psychotechniques tout en reposant sur l’idée d’adéquation 1. Dans la même idée, on retrouve encore aujourd’hui beaucoup de tests basés sur les intérêts et la logique du modèle RIASEC."

b. De 1980 à 2000 La fin du 20e siècle est marquée par l’élaboration d’une nouvelle logique, à savoir celle du développement de projets de vie par le biais de compétences. De ce fait, le public ciblé par l’orientation est les jeunes, scolarisés ou non, ainsi que les adultes (étant donné que l’orientation peut maintenant durer toute la vie). Les pratiques développées à ce moment se diversifient et n’incluent plus uniquement les entretiens qui, par ailleurs, sont devenus non directifs et centrés sur l’individu% ; on compte maintenant sur la formation, l’accompagnement et l’information, ce qui place le sujet comme agent de son orientation. Dans un contexte de mondialisation, d’informatisation des procédures et de massification de l’accès à l’enseignement, diverses grandes théories de l’orientation reposent sur l’idée que celle-ci est fonction des autres sphères de vie. De ce fait, le travail n’est plus spécifiquement l’élément central de la vie des individus, on sait qu’ils entretiennent d’autres activités sur le côté. De plus, qui dit mondialisation dit entreprises multinationales à fonctionnement pyramidal% ; il naît alors la notion de carrière, ce qui inclut la possibilité de gravir les échelons et donc de s’orienter différemment. Cette notion tend également à modifier l’orientation proposée a...


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