Résumé Histoire de l\'EP - Yves Travaillot PDF

Title Résumé Histoire de l\'EP - Yves Travaillot
Course Préparation au CAPEPS
Institution Université de Montpellier
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Summary

Résumé Histoire de l'EP - Yves Travaillot...


Description

Histoire de l'éducation physique – Genèse d'une discipline scolaire Yves TRAVAILLOT

1868-1887 1- L'institutionnalisation complexe de la gymnastique A- Des lois en faveur de l'intégration de la gymnastique Selon Eugène PAZ (« La gymnastique obligatoire », 1868), il n'existe « point de nation saine, robuste et facilement disciplinable sans gymnastique » et « point de gymnastique possible si elle n'est pas introduite dans tous les degrés de l'enseignement ». Dès lors, nous assistons à la rédaction du décret du 3 février 1869 défini par Jacques THIBAULT (« Sport et éducation physique », 1972) comme le « premier texte officiel réglant la situation de la gymnastique dans tous les ordres de l'enseignement ». Aussi, l'article premier de ce décret stipule que « la gymnastique fait partie de l'enseignement donné dans les lycées impériaux et les collèges communaux ». A ce décret s'ajoute le Manuel de gymnastique du Capitaine VERGNES qui propose, sur la base de commandements autoritaires « MARCHE », « HALTE », « DROITE » , « GAUCHE » , des « exercices d'équilibres, d'application » en vue de développer les facultés physiques des élèves. Le décret du 12 mars 1869 accompagne celui du 3 février 1869 et conduit à la création du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement de la Gymnastique. Cependant, Gilbert ANDRIEU (« L'éducation physique au XXème siècle : une histoire des pratiques », 1990) estime que « le discrédit est durablement jeté sur l'éducation physique » dans la mesure où « obtenir le CAEG ne suppose en effet aucun niveau scolaire attesté ». La reconnaissance de cette discipline est dès lors extrêmement faible vis-à-vis des autres disciplines fondamentales.

B- Un contexte qui empêche son intégration véritable Aussi, les débuts de la gymnastique sont douloureux. En effet, au sein des écoles primaires dans lesquelles nous trouvons pourtant la plus grande majorité des élèves, l'enseignement de la gymnastique reste soumise à l'appréciation des conseils municipaux si bien que l'enseignement primaire est laissé pour compte en réalité. En effet, bien que Jules SIMON cherche à donner une impulsion à la gymnastique, il ne peut cacher les lacunes économiques, matérielles et humaines qui lui imposent de réviser à la baisse ses ambitions. Yvon LEZIART (« L'imposition de la gymnastique à l'école dans la France de l'ouest », 1998) note ainsi que la gymnastique reste aux portes de l'institution scolaire puisque « les décisions politiques n'ont pas su créer les conditions d'un démarrage efficace », si bien qu'elle s'installe au hasard des possibilités économiques locales, jusqu'à être quasiinexistante dans les écoles primaires ou à être pratiquée dans des « hangars » selon Rémi RIVIERE (1985).

2- La défaite de 1870 et un esprit patriotique et revanchard en expansion Si la défaite de Sedan imposera effectivement aux politiques de considérer la gymnastique comme un moyen de former de nouveaux corps solides et robustes, dévoués à la nation, nous ne pouvons pas ignorer la circulaire du 28 septembre 1873 qui restreint le temps consacré à la gymnastique alors même que dans les faits, il est quasiinexistant. En d'autres termes, comme l'exprime Yvon LEZIART (« L'imposition de la gymnastique à l'école dans la France de l'ouest », 1998), à peine installé, l'enseignement de la gymnastique est clairement remis en cause. Si des écoles normales primaires se dotent de maîtres de gymnastique, dans les lycées la situation est variable mais dans l'ensemble et notamment dans les collèges, la gymnastique a de grandes difficultés à s'installer.

A- La loi George de 1880 Il faut ainsi attendre la loi George de 1880 pour que l'enseignement de la gymnastique soit rendu « obligatoire dans tous les établissements d'instruction publique de garçons dépendant de l'Etat ». En effet, la défaite de 1870

déclenche en France un très fort mouvement patriotique, mêlé à une volonté de revanche, comme en témoigne les revues de l'époque, notamment la « Revue des Deux Mondes » qui publie des articles sur le patriotisme, l'armée et la défense nationale. Cela conduit à un sentiment extrêmement fort de conscience et d'unité nationales. Une volonté politique forte se dessine alors pour organiser et contrôler la formation physique, militaire, civique et morale de la jeunesse. Comme l'écrit Gilbert ANDRIEU (« La loi du 27 janvier 1880 », 1998) , « si la gymnastique devient obligatoire pour tous les garçons en 1880, c'est principalement parce que la défaite nationale est devenue l'affaire de tous les citoyens mâles ».

B- Gymnastique, patriotisme et militarisation Nous sommes tout d'abord face à une gymnastique et une éducation clairement militaire. Effectivement, la gymnastique devient militaire sur les cendres de la défaite à Sedan, en 1870. Il s'agit dès lors de renouveler le système éducatif car « c'est l'instituteur prussien qui a gagné la guerre ». Par voie de conséquence, Paul BERT ; comme Jules FERRY avant lui qui estimait en 1881 que « nos écoles doivent avoir pour but de former non seulement des citoyens lettrés mais aussi capables de défendre et servir la patrie » ; déclare en 1884 que « nous devons faire, par une éducation commencée à l'école par vous, continuée au régiment avec vous, de tout enfant un citoyen, de tout citoyen un soldat ». Nous assistons alors à une « véritable capolarisation de la jeunesse » . Le thème mobilisateur est l'unité nationale et la construction d'une identité nationale singulière (Thierry TERRET, « École, sport et démocratie », 1998).

C- Le « Manuel de gymnastique et des exercices militaires » de 1881 Ainsi, à l'aube des années 1880, dans cette logique patriotique et revancharde, le « Manuel de gymnastique et des exercices militaires » est publié en 1881 pour organiser l'enseignement de la gymnastique. A sa publication, le choix est fait d'une gymnastique totalement dépendante des instructions militaires transformant alors « le lycée en caserne » (Jacques THIBAULT, « Sport et éducation physique, 1870-1970 », 1972). « Beaucoup d'ordre, une attitude régulière sans raideur » et des « élèves toujours dans chaque rangs numérotés de la droite à la gauche » (Manuel de 1881) caractérisent l'enseignement de la discipline EP. Ainsi, « pendant les cours de gymnastique, les enfants sont sous les ordres de l'instructeur … pour exécuter des exercices d'ordres … le tout rythmé par des chants patriotiques » (Tony FROISSART, « La relation enseignant/élève en EPS : processus éducatif subi ou agi ? Fin du XIXème siècle à nos jours », 2012). Aussi, concernant les chants plus précisément, Thierry TERRET (« Le son du corps. Gymnastique et chant à la fin du XIXème siècle », 1996) estime que « chants scolaires et chants gymnastiques sont des moyens de forger de saines opinions … et sont autant d'occasions de les immerger (les élèves) dans un bain idéologique ».

D- Des institutions au service de la patrie Aux volontés institutionnelles s'ajoute des sociétés conscriptives en étroite symbiose avec le but de former un citoyen dévoué à sa patrie. D'une part, nous trouvons la Ligue Française de l'Enseignement créée par Jean MACE en 1866 qui se donne pour but de « développer les forces mentales et physiques de la nation » et pour moyens « la propagande et l'organisation de l'éducation militaire ». D'autre part, il y a la Ligue des Patriotes fondée par Paul DEROULEDE en 1882 où l'objectif est de poursuivre l'éducation patriotique et physique donnée à l'école avant le service militaire (Bernard JOLY, « Deroulède, l'inventeur du nationalisme », 1998).

E- Qu'en est-il de cette gymnastique militaire sur le terrain ? Il apparaît néanmoins que la formation de ces corps robustes, dociles et utiles rencontre des difficultés. En effet, lors d'une intervention au Sénat, en 1886, Barthélémy SAINT-HILAIRE pose un constat quelque peu alarmant quant à l'enseignement de la gymnastique, et plus particulièrement dans les écoles primaires. En effet, selon ce dernier, il y aurait 285 professeurs attitrés, 6 851 instituteurs et seulement 152 institutrices pouvant enseigner la

gymnastique. Aussi, il y aurait 7 000 écoles sur 40 000 qui auraient, semble-t-il, véritablement introduit la gymnastique en leurs murs, ce qui signifie qu'approximativement, 30 000 enfants sur près de 3 millions recevraient cet enseignement en France. Le rapport de Napoléon LAISNE, la même année, confirmera ces données chiffrées (Gilbert ANDRIEU, « La loi du 27 janvier 1880 », 1998).

3- Gymnastique, hygiène et positivisme A l'aube des années 1880, c'est clairement l'enjeu patriotique qui prime sur l'enjeu sanitaire puisque « les exercices militaires sont situés, pour toutes les classes, en début de leçon : l’école du soldat précédera l’acquisition de la santé » (Gilbert ANDRIEU, « La gymnastique obligatoire à l'école ou l'application d'une morale revancharde », 1996). Ainsi, si la santé est un argument évoqué, les exercices militaires ont une place très importante dans l'organisation des leçons.

A- Les débuts de l'hygiène à l'école Néanmoins, la montée du souci hygiénique dans la société et le rôle que semble jouer la gymnastique au regard de celui-ci ne peuvent être négligés. En effet, si la défaite de Sedan provoque un sentiment de revanche, elle conduit dans le même temps à un sentiment de décadence et de déclin : « l'imaginaire de la dégénérescence de la race est en marche » selon Francis CHARPIER (« L'éducation physique contre la dégénérescence de la race. Fin XIXèmedébut XXéme siècle », 2012). D'ailleurs, Pierre ARNAUD (« Education physique, sport et santé dans la société française : une France saine et régénérée », 1996) nous fait remarquer que l'analyse des débats parlementaires de la loi de 1880 prouvent bien que si les finalités militaires et patriotiques assignées à la gymnastique sont essentielles, elles ne sont pas les seules. Sur un fond de contexte positiviste où le redressement de la nation passe non seulement certes par un citoyen discipliné et dévoué mais aussi par un citoyen utile et robuste, la gymnastique pourrait « jouer un rôle de compensation ou de substitution à l'oeuvre familiale et sociale en faveur de l'hygiène » selon le Ministère de l'Instruction Publique (Rapport du docteur Napias en 1884).

B- Un surmenage dénoncé Nous voyons progressivement des politiques d'hygiène se mettre en place. Globalement, les bains et les lavoirs se généralisent et les chasses d'eau deviennent obligatoires. A cela s'ajoute une atmosphère insalubre des villes qui accroît la portée de ces politiques. Dans les murs de l’École plus précisément, certains commencent à dénoncer la lourdeur des journées de l'écolier, sa sédentarité mais aussi l'insalubrité des locaux. En 1887, le décret rendant obligatoire l'inspection médicale dans les écoles est bien la preuve de l'influence de ces politiques hygiéniques et de nouvelles préoccupations sanitaires.

C- Le Cercle de gymnastique rationnelle et une gymnastique rationnelle pour un corps utile La création du « Cercle de gymnastique rationnelle » par Georges DEMENY et Emile CORRA en 1880 témoignent également du fait que les préoccupations hygiéniques occupent une place importante dans la société française de l'époque. Tout empreint de contexte positiviste, l'idée mise en avant par ces médecins est que la gymnastique est « une science et une nécessité ». Mais ce que nous devons avant tout noter, c'est bien la volonté que la gymnastique soit rationnelle et dosée, et cela passe par des examens scientifiques. En effet, suite à la dissolution du cercle de gymnastique, Georges DEMENY rejoint Étienne MAREY au sein de la Station physiologique du Parc des Princes. Ils y développeront nombre d'outils scientifiques (phonoscope, chronophotographie) et compareront même le perfectionnement de l'homme à celui d'espèces animales. Plus précisément, ils portent leur attention à la description analytique des mouvements humains afin de connaître la meilleure manière d'utiliser les forces disponibles et ceci de manière économe (Christian POCIELLO, « La

science en mouvement. Étienne MAREY et Georges DEMENY (1870-1920) », 1999). En résumé, nous avançons progressivement vers une gymnastique de plus en plus rationnelle qui se réclame exclusivement d'une physiologie d'où nous tirons le cadre conceptuel et qui fournit les moyens de contrôle.

4- Des pratiques physiques et sportives exclues de l'école et des discours trompeurs A- Une inadéquation entre les valeurs du « self-government » et les valeurs de l'orthodoxie scolaire A la fin du XIXème siècle, il s'agit prioritairement de former un corps sain, robuste, utile, docile, discipliné, sérieux et dévoué à sa nation dans un milieu dosé et rationnel où prime la modération. Cela passe par une pédagogie magistrale, autoritaire où l'ordre et le silence règnent. En d'autres termes, l'école se présente comme un univers particulier : il s'agit d'une « école de rigueur […] teintée d'un esprit martial » (Tony FROISSARD, « La relation enseignant/élève en EPS : processus éducatif subi ou agi ? Fin du XIXème siècle à nos jours », 2012). A l'inverse, le cadre sportif prôné par Pierre de Coubertin ne rentre clairement pas en adéquation avec les valeurs de l'école. Liberté, originalité, goût du risque, dépassement de soi, culte de l'exploit sont les maîtres-mots de l'univers sportif où prime la prouesse physique. A cela s'ajoute les différents jeux sportifs qui eux-aussi « ne peuvent pas trouver leur place » , à l'heure actuelle, au sein de l'école (R. MEUNIER, « La gymnastique et les jeux dans l'enseignement durant la seconde moitié du XIXème siècle en France », 1972). Jugé inopportun au regard des bénéfices attendus par un enseignement fondé sur une pédagogie résolument directive, ils sont éloignées des préoccupations éducatives françaises du moment (Pierre ARNAUD, « Diviser et unir : sociétés sportives et nationalisme en France (1870-1914) », 1989).

B- Des exceptions à la règle de l'orthodoxie scolaire pour un corps plus libre Au cours des années 1880, nous constatons effectivement que les sports anglais pénètrent les milieux les plus favorisés, et notamment les lycées parisiens ou certains établissements réservés à une élite. Dès lors, Patrick CLASTRES (« Education libérale et éducation nouvelle en France de Victor de Lapicide à Edmond Demolins », 2004) met en avant le fait selon lequel « l’École des Roches d'Edmond Demolins … l’École Alsacienne ou l’École Monge … s'appuient sur les activités physiques pour inviter la prise de responsabilité des élèves » et « préconisent le respect pour l'enfant … dans sa liberté morale, par la liberté et la responsabilité individuelles ». G. BOURDON (« La renaissance athlétique et le Racing Club de France », 1906) fait notamment partager certains témoignages de jeunes lycéens de l'époque qui déclaraient : « on voulait s'amuser, jouer au Club … C'était à qui irait le plus vite ». Nous voyons dès lors une incompatibilité culturelle : là où prime le sérieux et la modération est refusé l'amusement et la promptitude. Mais retenons que ces pratiques sont confidentielles et restent marginales et élitistes si bien qu'elles ne peuvent en aucun cas concurrencer la gymnastique prônée dans les murs de l’École républicaine.

C- Le rôle moteur de l'école qui conduit à prôner « l'école du dedans » à « l'école du dehors » Nous avons précédemment expliciter les raisons pour lesquelles la gymnastique s'est institutionnalisée et dont l'évolution serait donc tributaire de facteurs externes (politiques, économiques, militaires, hygiéniques). Pierre ARNAUD, « Le militaire, l'écolier, le gymnaste. Naissance de l'EP en France (1869-1889) », 1991 Pourtant, Pierre ARNAUD nous fait part dans sa thèse publiée sous le titre « Le militaire, l'écolier, le gymnaste. Naissance de l'éducation physique en France (1869-1889) » (1991), d'une troisième hypothèse renvoyant au rôle moteur jouée par l'école elle-même. Selon ce dernier, « n'y a-t-il pas lieu d'ajouter le poids de facteurs internes, proprement scolaire : faire de l'école un lieu de culture totale apte à former un citoyen éduqué ? L'obligation scolaire de la gymnastique répondrait alors à la volonté de faire de l'école un instrument au service de la société, le lieu d'une « éducation intégrale ».

Plus précisément, la gymnastique aurait intégrée l’École car celle-ci s'est inscrite dans la logique d'une vision maximaliste se traduisant par la volonté qu'un maximum de contenus soit enseigné. Dès lors, « le processus de maximalisation des contenus de l'enseignement ne pouvait écarter l'éducation physique sans discréditer l'humanisme dont se réclamaient les républicains ». Pierre ARNAUD (« Les savoirs du corps », 1983) met également en avant une « éducation physique contrainte de s'aligner sur les finalités intellectualistes de l'école qui lui sont étrangères, ou menacée d'en être exclue si elle les récuse ». Ainsi, si l'école n'a pu, semble-t-il, écarter la gymnastique en raison de sa vision dite « maximaliste », nous sommes plutôt de l'avis selon lequel c'est surtout la gymnastique qui a dû se plier aux valeurs prônées par l'école. Daniel DENIS, « L'institution scolaire du corps : naissance d'un consensus dogmatique », 1999 D'après l'auteur, si dans certains discours ou propos, notamment ceux de Ferdinand BUISSON dans son ouvrage « Dictionnaire de Pédagogie et d'Instruction Primaire » (1882-1887), nous pouvons déceler des volontés de construire une école « tournée vers le dehors », c'est-à-dire une école vivante où le maître-mot est bien celui « d'activité », il n'en est rien dans les faits. Effectivement, c'est clairement le dogme de « l'école du dedans », basée sur le silence et l'immobilité pour former un citoyen au corps docile qui reste directeur.

5- Les filles mises à l'écart A- Le décret du 18 janvier 1882 Il faudra attendre le décret du 18 janvier 1882 pour que la gymnastique féminine soit rendue obligatoire. En effet, la loi de 1880 laisse clairement dans l'ombre les écoles de filles alors même que nombreux sont ceux considérant que « la santé pour elle(s) est une nécessité absolue plus encore que pour lui » (Gilbert ANDRIEU, « La loi du 27 janvier 1880 », 1998). La fille est plus précisément considérée comme une future mère, responsable des générations futures.

B- Une gymnastique féminine modérée et esthétique ... Nous pouvons noter que les propositions restent peu nombreuses, peu originales et très proches de celles pour les garçons. En effet, Thierry TERRET (« Un débat passionné : l'intégration de l'éducation physique des filles à la fin du XIXème siècle », 1995) nous fait remarquer que « le mouvement n'est qu'une adaptation, en plus modéré et en plus esthétique, de la norme masculine. Pour l'essentiel, la rupture relève d'abord des finalités qui sous-tendent la pratique ». Ainsi, soumis au double-regard de l'hygiène et de la représentation de la femme dans la société, tous les exercices proposés doivent être modérés et esthétiques. A chaque fois, il s'agit de rendre adéquat les exercices des filles aux représentations majoritaires de la société.

C- … pour apprendre à être femme et correspondre aux représentations de la société En effet, le programme du travail manuel dans les Instructions officielles du 2 août 1882 est très explicite. Filles et garçons sont amenés à apprendre des techniques ordinaires du corps bien distinctes : « le travail de fer et de bois par le rabot et la scie aux garçons, le travail du tissu et du papier par l'aiguille et les ciseaux pour les filles » . Ici, il ne s'agit pas seulement « d'apprendre à faire, mais bien d'apprendre à se comporter en femme ou en homme » (Cécile OTTOGALLI-MAZZACAVALLO et Philippe LIOTARD, « L'apprentissage du genre en éducation physique. Devenir homme ou femme par l'exercice », 2012). L'organisation de l'enseignement secondaire féminin contribue également à dessiner le destin social des femmes. Effectivement, leurs programmes « allégés et adaptés … donnent une grande place à la psychologie appliquée à l'éducation, l'économie domestique […] leur but est alors de donner aux filles le goût des travaux de (leur) sexe » (Françoise MAYEUR, « L'enseignement secondaire des jeunes filles sous la IIIème République », 1977).

Jacques GLEY...


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