CM 7 - Le conformisme - Notes de cours 7 PDF

Title CM 7 - Le conformisme - Notes de cours 7
Course Psychologie Sociale
Institution Université de Bourgogne
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Summary

L2 Psychologie...


Description

Le conformisme Le conformisme renvoi au fait qu'une personne ou un groupe de personne va modifier ses attitudes, comportements et façons de penser en fonction des attitudes comportements et façons de penser d’une majorité. Contrairement à la soumission, ces changements sont obtenus sans pression explicite de la part de la source de l'influence. Face à cette pression implicites, 2 réactions sont possibles: – Soit l’individu se conforme – Soit il ne se conforme pas : il est donc considéré comme déviant → risque exclusion du groupe

I/ L'étude de Asch (1956): « Lorsque la majorité est absurde » Asch cherchait à savoir si l'individu est capable de résister aux pressions d'un groupe, c'est-à-dire s'il est capable d'avoir un fonctionnement autonome, ou s'il se conforme à l'avis d'une majorité qui se trouve objectivement dans l'erreur. → Est ce que les gens se conforment à une majorité, même lorsqu'ils pensent que celle-ci a tort, ou conservent-il leur autonomie, leur libre arbitre? La tâche était présentée comme une étude sur la perception visuelle. Les sujets devaient indiquer parmi 3 lignes présentées, laquelle correspondait à la ligne étalon → 2 conditions expérimentales: – Une condition contrôle où les sujets exprimaient leurs appréciations en l'absence de source d'influence (le sujet est seul) – Une condition expérimentale dans laquelle le sujet était entouré de 6 autres personnes qui exerçaient une influence. Parmi des personnes, 6 étaient des compères expérimentateurs et un seul sujet était naïf (= le sujet expérimental) Tous les compères donnaient une réponse fausse et consensuelle pour 12 essais sur 18 (ligne A). Toutes les lignes étaient dessinées de sorte qu'à l'œil nu on puisse très facilement décider laquelles des 3 lignes correspondait à la ligne étalon. Ce jugement n'entrainait en soi aucun doute et, à ce titre son objet était parfaitement non ambigu. Résultats: – Dans la condition expérimentale (présence d'une influence), il apparaît que sur 12 essais où les compères indiquaient la mauvaise réponse, le sujet naïf la reprend en moyenne entre 4 à 5 fois → Sur l'ensemble des réponses, 37% étaient des réponses conformistes (+ d'1/3)

– Dans la condition témoin (avec absence d'influence), il y avait seulement 2% d'erreurs, ce qui prouve bien que la tâche n'était pas ambiguë et que seul le conformisme peut expliquer le score de 37% dans la condition expérimentale. → 75% des sujets (3 sur 4) se sont conformés au moins une fois à la majorité → Modèle du double conflit (Deutsch et Gérard, 1955) : Dans cette étude de Asch, les sujets sont confrontés à un double conflit : cognitif et motivationnel . Du conflit cognitif naît alors une influence informationnelle tandis que du conflit motivationnel naît une influence normative.

Conflit motivationnel

Influence normative

Conflit cognitif

Influence informationnelle

Double conflit

Lorsque le sujet constate que les autres ne partagent pas son opinion, le doute, quant au caractère correct de son appréciation, pourrait s'installer (= conflit cognitif) C'est en essayant de dissiper ce doute que l'individu chercherait les informations pertinentes pour résoudre le problème auquel il est confronté et s'exposerait ainsi à l'influence informationnelle. Le conflit motivationnel concerne les relations avec autrui: il s'agit pour le sujet de gagner l'approbation sociale ou d'éviter les désagrément pouvant résulter d'un nonconformisme. L'adhésion aux normes et règles du groupe est l'une des conditions de notre maintien en son sein. Si on s'y oppose, on risque de se faire rejeter, ridiculiser et d'être traité comme un marginal → C'est en cherchant à être accepté, à assurer son maintien dans un groupe par l'adhésion à ses règles et ses normes que le sujet de l'expérience de Asch s'exposerait à l'influence normative. Deutsch et Gérard (1955) ajoutent 2 modifications pour mettre davantage les influences en évidence : – Manipulation de l'influence informationnelle à travers la manipulation du niveau d'incertitude des sujets (faible vs fort) → Pour la moitié des sujets, les réponses devaient être exprimées pendant que

la ligne étalon était visible (incertitude faible). L'autre moitié des sujets devait exprimer leurs réponses en l'absence de la ligne étalon (incertitude forte) → Si le processus d'influence informationnelle joue un rôle (=recherche d'information pour réduire le doute), alors on peut faire l'hypothèse que l'augmentation de l'incertitude devrait accroitre la conformité. – Manipulation de l'influence normative (une condition « face-à-face » et une condition « anonymat ») → Dans la condition face à face les sujets devaient donner leurs réponses dans une situation de face-à-face comparable à celle de l'expérience de Asch (il y a une majorité de compères qui donnent unanimement des réponses incorrectes) → Dans la condition « anonymat » les sujets ne pouvaient pas se voir et leurs réponses étaient anonymes. Il était attendu que la conformité soit réduite dans cette condition si le besoin d'être aimé des autres est à l'œuvre. Résultats: – Le nombre d'erreurs (taux de conformisme) est plus élevé dans la condition d'incertitude forte (3.65) que dans la condition d'incertitude faible (2.9) → Ce résultat semble confirmer qu'une raison du conformisme est la dissipation de l'incertitude engendrée par le doute à travers la rechercher d'informations (=dissipation du conflit cognitif) – Conformément à l'hypothèse d'un effet de l'influence normative, le nombre d'erreurs est plus important dans la condition « face à face » (3.55) que dans la condition anonymat (3.0) → Il semble bien qu'une autre source du conformisme soit le désir d'être accepté et de ne pas être rejeté par les membres du groupe

II/ Les facteurs qui influencent le conformisme



La culture :

Des chercheurs ont montré que le taux de conformisme était semblable dans plusieurs pays (exemple: USA, Liban, brésil). En revanche, au Zimbabwe, où le nonconformisme est mal vu, 51% des sujets se conformaient Le taux de conformisme est généralement plus élevé dans les sociétés collectivistes que dans les sociétés individualistes •

Le genre :

Selon plusieurs recherches, les femmes seraient plus conformistes que les hommes. Sistrunk & McDavid (1971) remarquent que le matériel employé dans les tâches de conformisme est toujours plus adapté aux hommes qu'aux femmes → un

biais méthodologique? → Des hommes et des femmes devaient répondre à un questionnaire pour mesurer leurs opinions sur divers thèmes. Manipulation des thèmes proposés : – Relié au stéréotype masculin (foot, sport automobile …) – Reliés au stéréotype féminin (cuisine, la mode …) – Thèmes neutres Résultats: les femmes se conforment beaucoup plus sur l'avis des hommes que les hommes sur l'avis des femmes. Lorsque les thèmes étaient plutôt féminins les hommes vont se conformer davantage que les femmes. Quand les thèmes sont neutres le taux de conformisme est le même. • Les caractéristiques du groupe : – La taille du groupe : Asch a montré que l'influence augmente avec la taille du groupe. Toute fois il semble y avoir un seuil critique. Asch observera qu'avec un seul compère, il n'y a pas de conformité, avec 2 compères, il y a 12% d'erreurs et à partir de 3 compères il y a environ 37% d'erreurs. Ensuite il y a un effet plafond. Au delà de 3-4 sujets, le taux de conformisme n'augmente plus dans l'expérience de Asch. → Milgram et al. (1969) : Etude réalisée en milieu réel, les chercheurs ont placé un groupe composé de 1 à 15 personnes devant un building très fréquenté à New York. Ces personnes, toutes des compères, regardaient vers le haut du building. VD: nombre de passants qui levaient la tête à l'approche du groupe de compères Résultats: le fait de lever la tête augmente jusqu'à 3 personnes. – Le soutien social et l'humanité : Asch a montré qu'il suffisait qu'un des compères indique la réponse correcte (ligne B) pour que le taux diminue de manière très sensible dès l'instant où un compère donne la bonne réponse. Les participants à la fin de l'expérience, déclaraient éprouver de la sympathie envers le dissident (le non conformiste) et se sentaient proche de lui tout en niant qu'ils avaient été influencés par lui. → Le compère dissident, en donnant la bonne réponse, apporte-t-il un soutien social au sujet « naïf »? Et si le dissident avait donné une autre mauvaise réponse que celle des autres compères?

→ Allen & Levine (1966, 1971): Les effets de la dissidence sur le conformisme. La baisse de l'unanimité du groupe et compère semble diminuer sa crédibilité, ce qui atténue son influence. En présence du compère dissident qui donne la mauvaise réponse C, il apparaît que le taux de conformisme diminue dans les mêmes proportions que lorsque le compère donne la bonne réponse B. → C'est donc le manque d'unanimité, de consensus et par conséquent la baisse de la crédibilité de la majorité qui est responsable de la baisse du conformisme, et non le support social.

III/ Les différentes formes de conformismes Kelman (1958) a proposé de distinguer 3 principales formes de conformisme: l'acquiescement, l'identification et l'intériorisation. – L'acquiescement serait motivé par l'attrait d'une chose positive ou par l'évitement d'une chose négative → Ici le conformisme permet de gagner l'approbation sociale ou d'éviter les désagréments pouvant résulter d'un non-conformisme. Dans ce type de conformisme, un individu peut acquiescer publiquement mais rejeter l'opinion sociale en privé. → Les croyances profondes du sujet ne sont pas atteintes. Cette influence est temporaire. C'est un conformisme de surface – L'identification: cette forme de conformité survient lorsque l'individu cède à la pression sociale parce que les autres personnes (ou le groupe) sont attrayantes pour le sujet → Ce conformisme est adopté aussi bien en public qu'en privé. Les effets d'identification sont plus durables que les effets de l'acquiescement. – → Il s'agit ici de se conformer dans le but d'être comme la personne à laquelle on s'identifie. Cette forme de conformité n'est pas très profonde, elle peut cesser dès lors que cette personne perd de l'importance aux yeux du sujet. – L'intériorisation: il y a acceptation privée et publique des valeurs d'autrui ou des règles du groupe. La conformité aura lieu non pas pour s'identifier au groupe, ni par peur d'être rejeté, mais parce que les valeurs du groupe rejoignent les siennes. Il y a dans ce cas un profond désir d'être intégré dans le groupe. → Le changement qui résulte de cette forme de conformisme est profond et durable. L'intériorisation représente l'influence la plus solide.



Un exemple d'influence profonde et durable : les effets du milieu universitaire

→ Newcomb et al. (1943) : étude longitudinale Cette étude se déroule au collège universitaire de Bennington (fréquenté par des étudiantes provenant de familles américaines très aisées et conservatrices). Les professeurs ont une position inverse à celle des étudiants. En effet, ces derniers sont très majoritairement progressistes (de gauche). Ils avaient des attitudes favorables aux syndicats, ils étaient farouchement opposés au fascisme et au capitalisme débridé. A l'aide de questionnaires, il mesura à plusieurs reprises les attitudes des étudiantes à l'égard de thèmes politiques importants de l'époque. Résultats : – Pour le soutien des politiques conservatrices, au fur et à mesure des années, le soutien diminue – Les opinions démocrates : au fur et à mesure des années, le soutien augmente – Les opinions socialistes et communistes augmentent en même temps – Pour l'attitude des parents: Politique conservatrice, le soutien reste le même Résultats 25 ans plus tard : – Etonnante stabilité des attitudes sociales et politiques – En 1967 les auteurs de cette étude montrent que les étudiantes les plus progressistes en fin de quatrième année continuent à se démarquer des femmes de même âge et de même statut socio-économique et social (60% soutiennent Kennedy vs 30%) → La socialisation politique assurée par le milieu familial s'est donc transformée radicalement sous l'effet du milieu universitaire, mais cette nouvelle socialisation s'est avérée, contrairement à la première, plus persistante et durable....


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