Fiche de lecture Triste tropiques de C. Lévi-Strauss PDF

Title Fiche de lecture Triste tropiques de C. Lévi-Strauss
Author Dalenda Grosjean
Course Découverte de l'anthropologie: textes
Institution Université Toulouse-Jean-Jaurès
Pages 4
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Fiche de lecture de "Tristes Tropiques" de C. Lévi-Strauss. Réalisé dans le cadre de l'UE découverte de l'anthropologie ...


Description

Dalenda Grosjean SEMESTRE 2 / 2018

AE00202V Anthropologi e et ses mondes : textes. Fiche de lecture Tristes Tropiques de C. Lévi-Strauss

Tristes Tropiques est un récit ethnographique de Claude Lévi-Strauss publié en 1955 dans la collection « Terre Humaine », chez Plon. Il n’est, en réalité, pas un récit de voyage mais témoigne de ses propres réflexions personnelles et philosophiques qui s’appuie sur des observations faites lors de ses principaux séjours au Brésil mais aussi en confrontant ses souvenirs qui se rapportent aussi bien à l’Asie qu’à l’Amérique, pour tenter de répondre à la problématique de pourquoi et comment devient-on un ethnologue ? L’auteur est un anthropologue, ethnologue naît en 1908 à Bruxelles et mort en 2009, à Paris. Claude Lévi-Strauss est connu pour avoir complétement renouvelé l’ethnologie en lui appliquant l’analyse structurale à partir du modèle linguistique, fondant ainsi le structuralisme qui fût dans les années 60 un vaste mouvement scientifique, philosophique et littéraire. À partir de 1935 jusqu’en 1938, il devînt membre d’une mission universitaire au Brésil où il put enseigner la sociologie à l’Université de Sao Paulo et accomplir des séjours d’observation des peuples indigènes dans le Mato Grosso ainsi qu’en Amazonie où il y rencontra les groupes Bororo, les Nambikwara, Mundé, et Tupi.Il est auteur de nombreux ouvrages comme Les structures élémentaires de la parenté (1949), Race et Histoire (1952), Anthropologie structurales (1958). L’ouvrage Tristes Tropiques (1955) de Lévi-Strauss est composé de neuf parties et comptabilise pas moins de quarante chapitres ; autant d’éléments qui lui donna l’occasion de mûrir sa pensée et sa conception du monde. L’œuvre ne possède pas vraiment de plan défini mais l’on peut cependant distinguer trois parties clés : la première regroupant des séries de descriptions comparatives accomplis par Claude Lévi-Strauss lui-même, une deuxième partie regroupant les approches ethnographiques des groupes indigènes Caduveo, Bororo, Nambikwara et Tupi résidant au Brésil et pour finir une dernière partie qui concerne le retour de l’ethnologue et ses méditations, ses réflexions philosophiques sur l’évolution du monde culturel mais aussi sur le rapport de l’homme à la nature. Dès le début, Lévi-Strauss nous livre un incipit brutale : « Je hais les voyages et les explorateurs »1. Très vite, l’on comprend l’hésitation de l’auteur de livrer ses impressions. Grande était sa crainte de donner un parfum d’exotisme et d’aventure qui aurait pu prendre le dessus sur la dimension ethnographique de l’ensemble. Il y avait dans les années 50, une sorte d’attrait pour les récits de voyages aux contrées exotiques mais derrière cette « exotisme », Claude Lévi-Strauss n’y voit que des « contrastes superficiels » et « pittoresques apparent » traduisant une « inégalité de rythmes »2, dans l’expansion démographique et les progrès agricoles et industriels, consécutifs à des conditions environnementales inégales. Tout au long de son œuvre, l’auteur insiste sur le fait de replacer l’homme dans son contexte de vie, au sein de la société qui l’accueille puisque selon Claude Lévi-Strauss, l’homme à l’état sauvage, dit naturel, n’existe pas. En effet, il n’existe qu’à travers un état social, un modèle de société humaine, qui définit les rapports de l’homme à sa collectivité et illustre les relations de forces des différentes sociétés contemporaines. « L’homme naturel 1 Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, chap I : « Départ », p.1, l.1, Edition Pocket collection Terre Humaine poche, 1984. 2 Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, chap XIV : « Le tapis volant », p 146-147 Edition Pocket collection Terre Humaine poche, 1984.

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n’est ni antérieur, ni extérieur à la société. Il nous appartient de retrouver sa forme, immanente à l’état social hors duquel la condition humaine est inconcevable ; donc, de tracer le programme des expériences qui « seraient nécessaires pour parvenir à l’homme naturel » et de déterminer les moyens de faire ces expériences au sein de la société » 3. Claude LéviStrauss nous livre une méthode qui, en réalité découle de l’écrivain Rousseau ; c’est en comparant celles-ci avec la société dans laquelle, nous, observateurs, évoluons que nous sommes alors à même de comprendre : « des principes de vie sociales qu’il nous sera possible d’appliquer à la réforme de nos propres mœurs et non celles des sociétés étrangères »4. Cette observation d’autrui, Claude Lévi-Strauss entend lui donner une rigueur scientifique, la validité des arguments avancés doit être prouvée de manière objective et non rester simplement des déductions ou jugements de valeur. En cela l’auteur oppose l’ethnologie à la philosophie et même si, il ne condamne pas celle-ci, il lui reproche tout de même de tomber dans l’universalisme quitte à procéder par des affirmations générales plutôt que par des procédés rigoureux. Dans le chapitre XXIV « Le monde perdu », Claude Lévi-Strauss, alors déjà reconnu par la communauté universitaire et scientifiques par ses multiples actions : exposition de ses collections, conférences, articles, etc. obtient des financements pour faire une recherche sur le terrain et nous fait part de ses premières préoccupations. Tout d’abord, il importe de savoir répondre aux exigences des groupes indigènes et par cela applique les critères indigènes dans le choix des matériaux qui ont souvent une double fonction : celle de cadeaux et matériels d’échanges pour les Indiens mais aussi, est un moyen de s’assurer des vivre et des services dans des régions reculées. Ainsi pour choisir les couleurs des petites pierres dites « rocailles » il procéda ainsi : « Comme tous les hommes, ils apprécient surtout ce qu’ils connaissent ; j’aurai donc du succès avec le blanc et le noir. Le jaune et le rouge forment souvent pour eux une seule catégorie linguistique en raison des variations de la teinture d’urucu qui, selon la qualité des graines et leur état de maturité, oscille entre le vermillon et le jaune-orangé ; le rouge garde pourtant l’avantage, par son chromatisme intense que certaines graines et plumes ont rendu familier. Quant au bleu et vert, ces couleurs froides se trouvent surtout illustrées à l’état naturel par des végétaux périssables, double raison qui explique l’indifférence indigène … »5. Mais surtout, Lévi-Strauss fait dans ce chapitre une brève synthèse des problèmes que pose les recherches archéologiques récentes : des population primitives auraient vécus en Amérique il y a quelques vingt milles ans, en arrière, et tente d’en esquisser les faits par une étude des figures retrouvé au Pérou au Mexique et y trouve une analogie : « Dans les trois cas, nous sommes un présence d’un art cursif, dont la souplesse et la liberté, le goût de 3 Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, chap XXXVIII : « un petit verre de rhum », p.470, l.4-12, Edition Pocket collection Terre Humaine poche, 1984. 4 Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, chap XXXVIII : « un petit verre de rhum », p.470, l.4-8, Edition Pocket collection Terre Humaine poche, 1984. 5 Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, chap XXIV : « Le monde perdu », p.288, l.12-22, Edition Pocket collection Terre Humaine poche, 1984.

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l’intellectuel pour le double sens […] commencent à peine à pencher vers la raideur anguleuse et l’immobilisme que nous sommes habitués à prêter à l’art colombien »6 et ainsi admet qu’il faudrait éviter de penser que l’Amérique est restée longtemps privé de tout contact extérieur, sous prétexte qu’elle n’en a eu aucun avec l’Europe. Dans Tristes Tropiques, la notion de structuralisme prend tout son sens, même s’il ne l’évoque pas directement. Il s’agit de comparer les sujets dans leurs différences, car ce sont celles-ci qui vont construire les relations inter mutuelles. Un objet/sujet ne peut être compris que rapport à d’autres. En effet, chaque société possède ses valeurs, mythes, ses modes de fonctionnement, différents de ceux d’autres sociétés. Mais au-delà de ces différences, c’est la présence de tous ces éléments dans chacune des sociétés qui va créer une structure autour de laquelle tout s’articule.

6 Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, chap XXIV : « Le monde perdu », p.299, l.3-10, Edition Pocket collection Terre Humaine poche, 1984.

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