GIRARD P.E, 2010: Le verre antique: Usages et techniques. Le Proche-Orient, creuset de l'innovation verrière? Tome I PDF

Title GIRARD P.E, 2010: Le verre antique: Usages et techniques. Le Proche-Orient, creuset de l'innovation verrière? Tome I
Author Pierre-Eric Girard
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Le Verre antique : Usages et techniques, volume I Introduction : Petite Histoire du verre et contexte historique M atière omniprésente dans le monde actuel, le verre nous entoure continuellement, nous offrant une transparence essentielle sur notre environnement, se révélant paradoxalement, en connai...


Description

Le Verre antique : Usages et techniques, volume I

Introduction : Petite Histoire du verre et contexte historique

M

atière omniprésente dans le monde actuel, le verre nous entoure continuellement, nous offrant une transparence essentielle sur notre environnement, se révélant paradoxalement, en connaissance de cause,

comme synonyme de modernité. Jamais depuis sa création, il y a de cela plusieurs millénaires, le verre ne connait une utilisation aussi intense qu’aux temps d’aujourd’hui. Il n’y a qu’à voir ces nombreux édifices aux courbes plus ou moins douces entièrement réalisés en verre qui transforment les paysages urbains des plus grandes métropoles ou encore les milliards de bouteilles en verre produites chaque année1. Les première traces d’objets en verre attestées de manière archéologique, dont la production semble avoir été consciente et réalisée par des sociétés humaines2 dateraient de la deuxième moitié du deuxième millénaire avant notre ère3 . Malgré cela, le verre naturel4 semble bien antérieur5 au verre que nous qualifierons désormais d’artisanal. Proche des roches granitiques, le verre naturel ou obsidienne (fig.1) fut l’un des matériaux de prédilection des sociétés préhistoriques pour la réalisation de haches et d’outils tranchants et perforants de toutes sortes. De par son origine volcanique, cette

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A titre informatif, les usines de Saint-Gobain, numéro deux mondial de l’emballage en verre ne produisent actuellement pas moins de 26 milliards de bouteilles et pots en verre chaque année. (Source : http://www.saint-gobain.com/fr/finance/le-groupe-en-chiffres/chiffres-par-p-les/conditionnement, page consultée le 03 Mars 2010) 2 RACHET, 1994, p. 999- L’auteur nous rapporte dans son ouvrage, que des petits objets faits de pâte de verre furent déjà présents en Égypte durant la période prédynastique, aux environs du IV° millénaire avant notre ère. Par leur « fragilité et la petitesse du support », Guy Rachet préfère émettre un doute sur l’intentionnalité de leur fabrication. 3 RACHET, 1994, P. 999. 4 LEHMANN, 2005, P. 4 ; CUNAT, 2002, P.2 5 RICHET, 2000, P.14

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matière à l’éclat vitreux6 est présente sur l’ensemble des cinq continents du globe, étant ainsi dans les nombreuses cultures préhistoriques d’Eurasie, d’Afrique, d’Océanie et des Amériques. Bien que la composition entre verre naturel et verre artisanal soit dans les grandes lignes similaires, la grande différence entre ces deux matières voisines se situe sur le plan atomique. En effet, alors que les atomes du verre artisanal présentent une structure irrégulière7, ceux de l’obsidienne par un processus de cristallisation naturel sont organisés de manière régulière, tel un nid de guêpe. Véritable concurrente du silex, l’obsidienne bénéficia très tôt d’un commerce à grande échelle8. Au IV° millénaire avant notre ère, avec les prémices de la métallurgie, les échanges que sollicitaient l’obsidienne devinrent de moins en moins intenses, et le verre naturel ne fut alors qu’utilisé qu’en guise d’ornement et de décoration9. Comme nous le verrons au cours de notre exposé, l’invention du verre artisanal a suscité nombreuses interrogations. D’invention phénicienne pour Pline l’Ancien ou encore invention égyptienne pour Clément Duval10, il conviendrait pour le moment de suggérer une provenance méditerranéenne. Effectivement, le verre artisanal et les techniques de sa fabrication ont pu prendre forme en divers foyers géographiques et ce, durant la même période pour finalement devenir une création du bassin méditerranée. Bien que l’usage de la pâte de verre soit attesté dès le V° millénaire11, notamment

Fig.1 : Fragment d’obsidienne (ou verre naturel) (Source : http://www.es.ucl.ac.uk)

dans la culture préhistorique de Badaria12, ce n’est qu’effectivement qu’aux alentours de 2500 avant notre ère, en Égypte et en Mésopotamie13, que de petits objets en verre sont 6

L’éclat vitreux ici en question est du à la forte température de la polymérisation de lave acide de type rhyolite. ; LEHMANN, 2005, P.4. De part cette caractéristique, l’auteur nous rapporte, que les femmes purent dès la fin de la préhistoire utiliser de l’obsidienne en guise de miroir. 7 STILINE, 2005, P.19. 8 RICHET, 2000, P.15 9 RICHET, 2000, P.15 10 DUVAL, 1966, P.5 11 Notes d’A. Rouveret dans Pline, Histoire Naturelle. Livre XXXVI [Texte imprimé]/Pline l’Ancien ; texte établi par J. André, traduit par R. Bloch ; commentée par A. Rouveret, Paris :Les Belles Lettre, 1981. France ; CASAGRANDE, 1998, P.125. ; Les origines du verre sont parfois encore difficiles à cerner. Cette difficulté semble prendre naissance dans le nom même de verre. En effet, Florence Stiline (STILINE, 2005, P. 20), semble accorder aux « glaçures » du V° millénaire avant notre ère, une première expérience du verre artisanal. 12 Notes d’A. Rouveret dans Pline, Histoire Naturelle. Livre XXXVI [Texte imprimé]/Pline l’Ancien ; texte établi par J. André, traduit par R. Bloch ; commentée par A. Rouveret, Paris :Les Belles Lettre, 1981. . ; CASAGRANDE, 1998, P.125. 13 STERNINI, 1995, P.11

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ainsi réalisés de la main de l’homme. Baguettes, scarabées d’immortalité, amulettes, les exemples ne manquent pas et ont la particularité de surprendre par leur opacité caractéristique. Cette propriété du verre égyptien est due à une mauvaise maîtrise de la fusion et à de nombreuses impuretés présentes dans les matières premières14. Les difficultés de travail du verre que nous venons tout juste de mentionner ont conféré, à la matière, une réelle préciosité dès les débuts de son Histoire. Pour illustrer notre propos, indiquons que le verre, durant la période de l’âge du bronze, était étroitement lié aux métaux précieux et aux nombreux objets qui en découlaient. La matière vitreuse était alors à ce moment là utilisée en petite quantité pour la confection de parure ou pour sertir des objets réservés aux classes les plus hautes15. En Mésopotamie, lors des fouilles d’Eridu16, fut mis au jour un bloc brut de verre bleu daté du début de la troisième dynastie d’Ur17, soit aux alentours de 2000 avant notre ère. Suite aux études effectuées, il apparait que ce bloc était assurément destiné à être travaillé. Avec les avancées techniques et l’invention de la transparence, le verre connait à nouveau un essor important vers 1500 avant notre ère18. Dès lors les possibilités d’utilisation deviendront quasi infinies, comme nous le verrons d’ailleurs. Pour donner un aperçu, les Égyptiens, selon Pline l’Ancien19, ont trouvé là une utilisation particulièrement lucrative au verre. Il nous rapporte ainsi que le peuple du Nil utilisait du verre pour imiter à la perfection les jaspes, vendant ces fausses gemmes au prix des réelles. C’est également à cette même époque que les premiers récipients en verre sont fabriqués en Mésopotamie20. Il est intéressant de constater que ces premiers vases prenaient modèle sur les céramiques de la région de Nuzi (ville actuellement située en

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RICHET, 2000, P.17 ; FOY et NENNA, 2001, P.27 CASAGRANDE, 1986, P. 125 ; Cette association entre le verre et les matières précieuse ne s’arrêtera pas dans les siècles qui suivirent. Aristophane nous apprend de la bouche de l’ambassadeur qu’« il nous fallait subir cette hospitalité, à toute force ! Boire dans des calices de cristal (= verre) et d’orfèvrerie, un vin capiteux, délicieux ! » (Vers 73-74, les Acharniens) ; ARVEILLER-DULONG, 2001, P.14. 16 Eridu, ville située en basse Mésopotamie se trouve actuellement en Irak, sur l’Euphrate non loin de la grande cité d’Ur ; STERNINI, 1995, P.11 17 STERNINI, 1995, P. 11 18 RICHET, 2000, P.18 19 PLINE, livre XXXVI, XXXVIII. « Nous consacrerons aussi un paragraphe particulier au cyanos (pierre bleue), nom qui a été appliqué tout à l'heure à un jaspe, à cause de sa couleur bleue. Le plus beau est le cyanos de Scythie, puis celui de Chypre, enfin celui d'Égypte. On l'imite très bien avec le verre coloré ; et cette intention, due à un roi d'Égypte, a été, à sa gloire, consignée dans les livres. Le cyanos se divise aussi en mâle et en femelle. Quelquefois il est parsemé d'une poussière dorée, mais autrement que le saphir ». 20 STERNINI, 1995, P. 11 15

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Irak)21. Pour les fabriquer, les artisans-verriers utilisèrent une technique toute spécifique : le verre sur noyau moulé, que nous étudierons plus en détail par la suite. Nous parlions à l’instant de la transparence du verre, notons simplement à ce sujet, que des coupes en verre aussi claires que du cristal de roche, selon les auteurs antiques, sont produites en quantité non négligeable, sous le vocable de « vaisselle achéménide 22». Au VI° siècle avant notre ère23, avec l’intensité du commerce phénicien et grec, les premiers récipients en verre gagnent l’Europe Occidentale. Ces derniers sont pour la plupart à pieds, en verre incolore d’excellente qualité, comme nous l’atteste notamment ceux qui ont été retrouvés parmi le mobilier des tombes de Canosa24. Avec la diffusion de la matière d’Orient en Occident, le répertoire d’ornementation orientale se répand aux confins du bassin méditerranéen. Pendant longtemps, par rapport au Proche-Orient, l’Occident est resté à un niveau plus sommaire dans la connaissance technique et l’usage du verre. À l’exception de quelques grands sites dispersés, l’artisanat du verre semble quasiment absent du paysage antique occidental et cela jusqu’au premier millénaire de notre ère25. Notons, toutefois, qu’au III° siècle avant notre ère, des productions de vases en verre sur noyau ont été attestées en Italie. Il est intéressant de constater que la pâte de verre colorée ou opaque, réminiscence des origines du verre, reste encore particulièrement

répandue

autour

du

bassin

méditerranée

jusqu’à

l’époque

hellénistique26 sous le nom de kuanos27. Cette appellation du verre coloré se retrouve ainsi sur plusieurs tablettes mycéniennes en écriture linéaire B28, mais également dans les poèmes homériques. Durant l’époque hellénistique, les échanges interculturels sont à leur apogée, grâce à la vision unitaire d’Alexandre le Grand (carte 1). Les verriers de cette époque purent ainsi se déplacer29 aisément et bénéficier des influences les plus diverses leurs permettant dès lors de s’installer dans de nouvelles cités. Cette mobilité permet l’élaboration et la diffusion de nouvelles techniques, formes et décors, 21

STERNINI, 1995, P. 11; SLITINE, 2005, P.27. STERN, 2006, P. 48. 23 SLITINE, 2005, P. 40. 24 STERN, 2006, P. 48. 25 SLITINE, 2005, P. 44. 26 DEROY, 1985, P. 183 27 DEROY, 1985, P. 183. L’auteur nous indique également par opposition que le verre transparent porte le nom de hualos ou de huelos, dont le sens originel est intimement lié au cristal de roche. ; CASAGRANDE, 1986, P.125 ; ARVEILLER-DULONG et NENNA, 2001, P.13. 28 DEROY, 1985, P. 183 ; CASAGRANDE, 1986, P. 125 29 SLITINE, 2005, P. 46. 22

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Le Verre antique : Usages et techniques, volume I

privilégiant toutefois la production de verre moulé monochrome. Avec l’hellénisation de l’Orient, les récipients en verre, ne sont pas en reste et l’on ne tarde pas à trouver l’équivalent en verre de récipients céramiques typiquement grecs, tel que des skyphoi ou des pyxides30. Malgré la romanisation grandissante de la méditerranée, l’industrie du verre est ancrée dans une tradition hellénistique pendant plus de trois siècles. Il en faudra pas moins attendre le Ier siècle avant notre ère pour constater de nouvelles innovations et fonctions pour le verre, ainsi qu’une démocratisation de l’usage de cette matière au sein de la plupart des couches sociales31. C’est à partir de cette époque que nous allons débuter notre étude, que nous souhaitons la plus exhaustive possible. Nous aborderons ainsi les techniques et les usages du verre, du premier siècle avant notre ère et ce jusqu’à l’époque byzantine. D’un point de vue géographique et afin d’avoir une vision suffisamment large sur le sujet, nous n’avons durant le présent mémoire pas souhaité écarter une région ou l’autre de ce que fut jadis l’Empire romain. Néanmoins, puisque dans un projet d’étude futur, je souhaiterais travailler sur l’aire géographique orientale, ce secteur bénéficiera d’une place privilégiée au sein de ce travail. Avant d’avancer plus loin dans la grande aventure de l’Histoire du verre, permettons-nous de préciser le contexte historique et institutionnel de nos limites chronologiques. Au début du premier siècle avant notre ère, Gnaeus Pompeius Magnus, plus connu sous le nom de Pompée le Grand, général romain, imperator, puis consul32 fut, en 74 avant notre ère, chargé par le Sénat romain de chasser les pirates présents en Méditerranée orientale33. En effet, encouragé par Mithridate IV Eupator, roi du Pont, la piraterie fut l’un des fléaux de la première moitié du premier siècle avant notre ère, et eut un réel impact sur l’économie romaine. Sept ans suffirent à Pompée, pour remplir les attentes du Sénat. Fort de sa victoire, ce dernier demanda au général de vaincre le roi du Pont. Parallèlement, Pompée installa une partie de ses troupes en Syrie, afin d’enrayer « le brigandage intérieur syrien »34. Officiellement, à cette époque, la Syrie se trouvait

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SLITINE, 2005, P. 48. CASAGRANDE, 1998, P. 126 ; Cette démocratisation est semble-t-lié à au moins deux facteurs : l’apparition du soufflage qui facilite la réalisation des objets et une constante amélioration de la condition sociale des maîtres-verriers qui semble être durant le Ier siècle de notre ère à son plus haut point. 32 LE GLAY, LE BOHEC, VOISIN, 1991, P. 137 33 SARTRE, 2001, P. 441 34 SARTRE, 2001, p.441. 31

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sous la domination d’Antiochos XIII, un souverain dont le pouvoir n’était pas reconnu par tous, ce qui eu pour conséquence qu’une partie des habitants d’Antioche se rebellèrent et firent de Philippe II Philoromaios35 le nouveau souverain. Ce conflit et ces deux prétendants au trône, ne faisaient en réalité que révéler un malaise plus profond dans le royaume. Les deux princes étaient en effet soutenus, voire dépendants, par des princes arabes plus puissants qu’eux, qui souhaitaient finalement se partager les restes du royaume36. Après s’être rendu compte du déclin politique et dynastique du royaume séleucide, Pompée, prônant le droit à la guerre, décide d’annexer la Syrie (carte 2). Pour gouverner la nouvelle province, ainsi rapidement conquise, le vainqueur des pirates de Mithridate nomme l’un de ses proches, Aemilius Scaurus37, comme premier légatgouverneur de Syrie. Lorsqu’Auguste hérite de la partie orientale de l’Empire après la chute de MarcAntoine et de Cléopâtre à Actium, cette province reste géographiquement et institutionnellement semblable à celle qui avait été crée par Pompée. Sous le règne du premier empereur romain, les territoires conquis sont littéralement réorganisés, réformés et aménagés selon le droit romain (carte 3). Dès lors s’annoncent plusieurs décennies de prospérité : l’économie, le commerce et le moral de l’empire bénéficient dans son ensemble d’une ambiance harmonieuse et paisible. Cet essor si fructueux ne tarde cependant guère à s’effondrer. Cette dernière est brisée lorsque les troubles entre Romains et Juifs se font de plus en plus fréquents et violents au début de la deuxième moitié du premier siècle de notre ère. En 70, après dix années de terribles affrontements, la révolte juive est matée et la ville de Jérusalem tombe sous les assauts des légions de Titus. La ville juive est alors détruite, et le grand temple incendié. De cette dernière action, les juifs ne se remirent jamais totalement, ce qui ne fit qu’augmenter leur rancœur et provoqua les révoltes de 117 et de 13238. Au III° siècle de notre ère, une nouvelle vague de liberté profite à tout l’Empire et en particulier sur la région du Proche-Orient, si bien que les cités les plus puissantes, acquirent une autonomie de plus en plus marquée vis-à-vis de Rome. L’exemple même

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Philippe II Philoromaios (« l’ami des romains ») règne de 67 à 64 avant notre ère. Dernier roi séleucide, il est évincé du trône par Rome lorsque son rival et cousin Antiochos XIII perd la vie. A partir de cet épisode, la Syrie devint province romaine. 36 SARTRE, 2001, P. 441 37 JOSEPHE, Guerre contre les juifs, I, VI, 2-4 38 PELLETIER, 1982, P. 53. Lors de la révolte de 117, la ville sera à nouveau reconstruite et changera de nom au profit de celui de « colonie romaine d’Aelia Capitolina ».

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de notre propos s’illustre particulièrement à travers la figure de la reine de Palmyre, Zénobie39. C’est également durant le III° siècle de notre ère, siècle qualifié de « siècle des crises », suite aux profonds changements qui se produisent dans la société romaine, que se manifeste une nouvelle liberté spirituelle. En effet, les difficultés économiques et sociales40 du second et du troisième siècle, font connaître à l’Empire une profonde crise spirituelle qui a comme conséquence directe la remise en cause de la religion traditionnelle et notamment des croyances eschatologiques. Même si les divinités du paganisme restent pour la plupart encore très présentes, en particulier dans les corps administratifs,

les

Romains

des

différentes

classes

sociales

les

délaissent

progressivement et insèrent dans leur sphère privée de nouvelles divinités venues d’Orient. Précisons toutefois, que ces religions touchent en premier lieu les milieux les plus défavorisés. Ce ne sera que progressivement que les élites accueilleront ces différentes confessions. Les cultes de Mithra, Cybèle, Jupiter Dolichenus ou encore celui d’Isis seront ainsi tout particulièrement appréciés. Au IV° siècle de notre ère, Constantin Ier « le Grand », dès ses premières années de règne, promulgua deux mesures41 qui transformeront à jamais l’Histoire et le visage du monde conquis, et tout spécifiquement la partie orientale de l’Empire. La première, d’ordre religieux et idéologique, concerne la tolérance du christianisme et la fin des persécutions contre les chrétiens dans l’Empire. La deuxième mesure prise par Constantin, est pour sa part purement politique puisqu’il fait de l’ancienne Byzance, une des nouvelles capitales de l’Empire, qu’il renommera Constantinople. Malgré l’influence grandissante de l’Orient, l’Empire romain restera, tant bien que mal, unifié jusqu’à la mort de Théodose en 395. À la suite des querelles de succession, et d’une montée en puissance des invasions barbares, l’Empire romain ne tarda guère à se diviser (carte 4), à la suite de la décision de Théodose. Rome, retrouve son rôle de capitale de la partie occidentale ; Constantinople, pour sa part, devient celle de la partie orientale. Dès lors l’Empire romain d’Orient, appelé Empire byzantin42 depuis la Renaissance, bénéficie d’une 39

PROCOPE, II, 8, 3-10 LE GLAY, LE BOHEC, VOISIN, 1991, P. 440 41 NORWICH, 1988, P.17 42 TATE, 2004, P.21 ; L’appellation même d’empire byzantin a été initié non pas par les « byzantins » même, mais par des savants de la Renaissance. Ce terme a l’inconvénient d’insister sur une non continuité de l’ancien empire romain d’occident par l’empire romain d’orient. 40

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autonomie encore plus grande. Alors que celui d’Occident, entre dans une phase de déclin de quatre vingt ans43, pour finalement disparaître par l’abdication forcée de Romulus Augustule en 476, l’Empire d’Orient survit, et garde la tradition romaine intacte44. Arcadius fut le premier empereur à régner sur la partie orientale de ce que fut, jadis, le puissant Empire romain, mais ce ne fut que sous le règne d’Anastase et surtout, sous...


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