Introduction à l\'analyse de la musique romantique PDF

Title Introduction à l\'analyse de la musique romantique
Course Analyse Musicale
Institution Université Catholique de l'Ouest
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Summary

Contextualisation historique et technique du mouvement romantique....


Description

L2 – Analyse, semestre 2 Le courant romantique (XIXè siècle) Un courant artistique est contextuel : il est lié à l’économie, la recherche, la société… Les arts sont également liés, et s’influencent mutuellement. On trouvait déjà une sensibilité romantique au milieu du XVIIIè siècle au Royaume-Uni et en Allemagne, et notamment chez James Macpherson (1736-1796), avec ses « Poèmes d’Ossian ». Il fut en effet l’inspirateur du mouvement romantique, et une référence littéraire. Le romantisme veut s’extraire des cadres du classicisme : on préfère l’idéal, l’imaginaire, les sentiments personnels pour défier le réalisme. Les artistes expriment le « je », le « moi », à travers des œuvres qui existent pour eux, et pas pour plaire au public. L’art est un mode d’expression individuel et d’essence subjective. Dans son « Salon de 1846 », Charles Baudelaire commentait « Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir ». Ainsi, le romantisme incarne le sentiment contre la raison, la dualité omniprésente, le fantastique et le mystère, l’évasion, le rêve, le morbide, l’ésotérisme, le sublime et le passé. Pour s’exprimer, les artistes romantiques s’affranchissent des codes et des règles précédemment instaurées (et notamment durant la période classique). Ils brisent les formes, augmentent les effectifs des orchestres, bousculent les cadres de la symphonie… Beethoven (1770-1827) fut un compositeur charnière du mouvement romantique, un modèle. Il opéra la mutation du classicisme vers le romantisme, en utilisant les formes classiques, mais en les modifiant progressivement. Un musicologue commentait son œuvre ainsi « Sa musique déborde aussi bien de surprises que de prédictions ». Joseph d’Ortigue, un musicographe, critiquait la musique de l’époque, qui s’intéressait principalement à la religion, estimant que les jeunes artistes de son temps considéraient Bach comme la personnification d’une époque. Beethoven renfermait selon lui le germe d’une époque nouvelle, tout en portant la mémoire du passé. Les artistes romantiques ont besoin d’espace, de dépasser les formes des générations passées (la forme sonate, par exemple), et d’évoluer dans un cadre moins rigoureux. Cette soif de liberté d’expression artistique s’exprime notamment par des tensions harmoniques au sein du discours musical. La musique romantique exploite les relations entre les accords, mène des cheminements tonaux surprenants avec l’usage de chromatismes (Wagner), insère des tournures modales (retour au grégorien) pour retrouver des musiques délaissées (comme Gabriel Fauré dans son Requiem). Cette liberté artistique et ce détachement vis-à-vis des cadres mène le romantisme à une musique de plus en plus atonale. Aussi, le statut de l’artiste évolue au XIXè siècle : que ce soit pour le compositeur ou l’interprète, la société et la vision de l’art est différente. Auparavant, la musique et le musicien servaient principalement l’Église. Dans les cathédrales, on trouvait de petits conservatoires dédiés à la musique religieuse, au sein desquels on formait des enfants, qui devenaient ensuite professeurs, maîtres de chapelle, ou intégraient des troupes ou des orchestres. Après la Révolution Française, les chapelles ont progressivement fermé, suite aux décisions du roi Louis-Philippe : il dissout les chapelles, renvoie leurs compositeurs, congédie leurs musiciens, et arrête de subventionner l’Église. Les artistes ainsi séparés de leurs employeurs se retrouvent seuls,

et sont contraints de composer leurs œuvres isolés (solitude de l’artiste, caractéristique forte du courant romantique). Par la suite, les musiciens cherchent des théâtres, des orchestres, dispensent des cours, mais la vie est difficile. Les œuvres autrefois commandées par l’aristocratie revenaient désormais à la bourgeoisie, protégeant bien moins les artistes. Néanmoins, ceux-ci sont vus comme des êtres exceptionnels, et sont considérés comme des guides de la société : au-delà d’influencer la vie de la population, ils voient naître de nouvelles doctrines et de nouvelles idées. L’artiste occupe le rang le plus élevé de la société, car c’est à lui qu’est confiée l’éducation morale de l’humanité. Progressivement, l’artiste transforme le goût de la société, à travers un idéal artistique transcendant. Il devient provoquant, recherche la démesure, le scandale, et s’engage politiquement. La Symphonie Fantastique de Berlioz (1830) introduit le rapport romantique de l’artiste à la nature. L’indépendance de l’artiste le pousse à chercher des lieux dans lesquels il pourrait faire entendre ses œuvres : les salles de spectacle deviennent ainsi régulièrement des lieux de concert, et le public se fait plus vaste qu’auparavant. Les artistes organisent également des tournés de concert, leur permettant notamment de se promouvoir en province. On voit apparaître des journaux spécialisés, et notamment la Revue et Gazette Musicale de Paris, qui sensibilisent les artistes à la critique. La palette sonore s’élargit à travers le changement des timbres, les effectifs plus importants des orchestres symphoniques, l’apport de nouveaux instruments… Cela pousse les artistes à composer des œuvres plus longues. En 1833 apparaissent en France les Orphéons, des ensembles vocaux festifs et massifs financés par des mécènes et les communes. Les municipalités développent les écoles et intègrent le chant dans le programme officiel. Au cours du XVIIIè siècle, les instrumentistes profitent des progrès de la facture instrumentale et voient apparaître des instruments en métal (la clarinette, par exemple) : en 1817, l’ophicléide est créé, qui deviendra plus tard le tuba, en 1820, on voit apparaître des systèmes de pistons pour les instruments, avec le cornet à pistons, en 1846, le saxophone est inventé, et en 1849, on voit apparaître l’octobasse, un instrument jouant une octave en-dessous de la contrebasse. Les artistes intègrent donc de nouveaux instruments et de nouveaux timbres, comme le piccolo, le cor anglais, la harpe, la clarinette basse, l’orgue, les cymbales, la grosse caisse, les cloches… L’arrivée de ces nouveaux timbres exige néanmoins une réorganisation des orchestres : on voit alors apparaître les traités d’harmonie. Des orchestres militaires sont créés, se produisant notamment durant des cérémonies ou des fêtes de plein air. L’époque romantique est également marquée par l’écriture massive sur l’utilisation des instruments. On transforme l’instrument de salon datant de la période classique qu’était le piano en un instrument puissant, répondant aux besoins de l’interprète à travers une gamme plus étendue.

Le piano est aussi un marqueur de l’avènement de la bourgeoisie : passant d’instrument à meuble, il devient symbole d’aisance matérielle, et un capital culturel. La complexité est une autre caractéristique du romantisme : par exemple, Liszt écrit des œuvres techniques, et réalisa 12 études sur l’exécution transcendante. Paganini est également une figure de virtuosité, ressort de l’expression romantique....


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