le bonheur philo PDF

Title le bonheur philo
Course Philosophie
Institution Lycée Général
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Mme De Borville...


Description

Le bonheur On voit que derrière les conceptions du bonheur, ce sont des façons de concevoir l’homme qui se profilent (= enjeu anthropologique) : – est-il un être de nature, défini avant tout par son corps ? – est-il un être de culture, chez lequel tout passe par l’esprit ? Tout va rapidement tourner autour d’une question, que je formulerai de deux façons différentes: 1) Y a-t-il équivalence entre des notions comme : contentement, satisfaction, satiété, bien-être et Bonheur ? 2) Quel est le rôle de l’intelligence par rapport au bonheur ? Les vaches qui paissent tranquillement dans les grasses prairies peuvent-elles être dites « heureuses » ? Y a-t-il une vérité de « l’imbécile heureux » ; autrement dit : doit-il déplorer nos capacités intellectuelles comme un handicap par rapport au bonheur ? (D’après Rousseau, dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes( p 189), l’habitant des rives de l’Orénoque (fleuve qui sépare le Vénézuela de la Colombie) se méfie de l’intelligence comme de la peste : il applique des ais sur les tempes de ses enfants pour leur assurer une bienheureuse imbécillité !) (2 axes de réflexion : 1) contentement/satisfaction/satiété/bien-être ≠Bonheur ? 2) le rôle de l’intelligence par rapport au bonheur : la pertinence de la voie régressive)

INTRODUCTION : Le bonheur est, à nos yeux, une aspiration légitime et universelle : chaque homme, chaque femme, désire être heureux. Nous pensons donc qu’il en a toujours été ainsi. Or, il n’en est rien. Comme l’a dit Saint Just « le bonheur est une idée neuve en Europe » (fin XVIIIème). Pourquoi ? Deux raisons : 1) avant le XVIIème, la question était de survivre, pas d’être heureux (surmortalité infantile, fréquence des décès prématurés : n.b : c’est encore le cas d’un certain nombre d’hommes sur cette planète ex : Niger, Somalie, Syrie,Gabon) 2) laïcisation, or, le bonheur est un idéal laïc

Avant le XVIIème siècle, la Société se donnait d’autres valeurs : au moyen-âge, l’honneur, par exemple, était placé plus haut que la vie. D’un point de vue religieux, la bonté morale (vertu), qui ouvre la possibilité du Salut, est placée beaucoup plus haut que le bonheur. Dans le discours chrétien, la vie terrestre (« ici-bas ») est appelée « vallée de larmes » : c’est le lieu de l’épreuve (notre mise à l’épreuve) ; l’au-delà étant au contraire le lieu de la récompense ou celui de la punition. Citons le poème des « Béatitudes » (dans le Nouveau Testament, Evangile selon Matthieu, chapitre V) : « Heureux les affligés car ils seront consolés. Heureux les doux car ils possèderont la terre. Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés. » … après la mort : c’est l’au-delà qui est proposé comme lieu de la félicité (de l’union avec Dieu) : pas ici-bas. Par ailleurs, le christianisme se méfie bien fort du corps (appelé « l’abominable vêtement de l’âme » par le pape Grégoire le Grand – VIIème siècle). De même, le pire des péchés, c’est « la gula » : péché de gourmandise…presque toujours associée à la luxure. Dernière idée : le bonheur participe d’un mythe égalitaire : tout le monde peut y arriver ; tout le monde y a droit : c’est le fantasme d’une société individualiste (et matérialiste). Ce n’est donc pas un idéal collectif : seulement un souhait, d’ordre privé. On est peut-être même en train de passer du droit au bonheur à une sorte de « devoir d’être heureux » (on publie des livres dont le titre est : « C’est décidé : je suis heureux ! ou : le bonheur en 25 leçons », voir aussi comme la chanson « Happy » est serinée à la radio), qui diffuse des injonctions (caractère normatif de l’appel au bonheur, conformisme, par exemple, l’idée qu’il FAUT avoir une vie sexuelle).

I. Est-ce que le bonheur est une suite de plaisirs? 1.

A) l’hédonisme et l’eudémonisme

Explorons les différences qui opposent les notions de bonheur et de plaisir : -la question de la durée : durable / éphémère, ponctuel -la question de l’intensité : stable, continu / ruptures, discontinuités mais intensité très forte (échelles différentes : qualité / quantité) : modèle de l’électroencéphalogramme : l’un, haut et plat / l’autre, en dents de scie (mais capable d’aller plus haut) -la question de la nature : spirituel, mental, total / physique, matériel, circonscrit.

Les hédonistes sont les philosophes qui pensent que la seule voie d’accès au bonheur est le plaisir. Etre hédoniste, c’est adhérer à la maxime latine que vous connaissez : « Carpe diem » (Horace). Une de ses versions les plus connues nous est donnée par le poème de Ronsard « Ode à Cassandre » (pour Cassandre Salviati, dont Ronsard, qui a 20 ans, est amoureux fou (« Madame, allons-voir si la rose » 1545…). Une version plus commune de l’hédonisme : « sea, sex and sun ». Le sens commun appelle « épicurisme » cette façon de voir l’existence… au mépris des textes du vrai Epicure. L’hédonisme fait donc l’apologie des jouissances terrestres. Vous en connaissez certainement la version Walt Disney ( Le Roi lion : « Acuna matata » : il en faut peu pour être heureux , leit-motiv de Timon et Pumba ; même chose dans le Livre de la jungle , où l’hédonisme est, cette fois-ci, incarné par Baloo ) : accueillir tous les plaisirs, « ne pas se faire de bile », ne pas « se prendre la tête » : ce discours est assez actuel : notre société est hédoniste : elle juge que vous avez le droit de vous faire plaisir (de « craquer » et de « claquer ») parce que « vous le valez bien ! » . « Vivre sans temps mort, jouir sans entraves » proclame un des slogans préférés des situationnistes…aucun chef d’entreprise n’aurait trouvé mieux ! L’hédonisme est un moteur central du marché.

Apologie du moment présent : fable de La Fontaine : « le savetier et le financier » : le savetier est un homme pauvre mais joyeux et insouciant/ le financier, un homme aisé, soucieux, sérieux. Le jour où le financier donne une grosse somme d’argent au savetier, c’en est fini de son insouciance…au point qu’il rend même l’argent reçu ! Version contemporaine : YOLO ! (you only live once) Pour les hédonistes, non, rien ne dépasse le bonheur ; pour eux, oui, le bonheur n’est rien d’autre que la succession des petits plaisirs de l’existence : le croissant chaud, le vent dans les cheveux, la vitesse pendant le trajet en scooter, le sourire de l’ amoureux(se)… Juste pour le plaisir du titre, ce livre de Philippe Delerm : La première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.

Leurs adversaires philosophiques sont les eudémonistes : (manuel STG Nathan technique p 200) leur nom vient du grec « eudaimôn »= heureux : ce sont les philosophes pour lesquels la finalité de l’action humaine consiste en la recherche du bonheur (Platon, Aristote, Epicure). Pour eux, le bonheur est le souverain bien : il y a une hiérarchie des biens au sommet de laquelle on trouve le bien le plus précieux, le seul qu’on ne cherche pas pour autre chose que lui-même. Pour eux, le bonheur est une fin en soi. En effet, tous les biens possibles sont d’une part des fins, d’autre part, des moyens (pour accéder à une fin qui les dépasse) : au terme de cette chaîne, on trouve le « souverain bien ».

L’hédonisme comme l’eudémonisme sont donc deux doctrines qui visent à la recherche du bonheur (but de la philosophie). Jusqu’ici, on ne voit pas du tout en quoi ils s’opposent. Ce qui les oppose, c’est leur façon de concevoir le bonheur : pour les eudémonistes, le bonheur est identifié à la vertu (il ne peut y avoir de divorce entre le bon et le bien) / pour les hédonistes, le bonheur est assimilé au plaisir (c’est le plaisir qui est le souverain bien).

Pour bien faire comprendre la différence, prenons l’exemple de la sexualité : l’hédoniste cherchera le bonheur du côté de la jouissance sexuelle / l’eudémoniste prétend qu’il n’y a bonheur que si le simple plaisir physique est dépassé (faire l’amour à quelqu’un qu’on aime : un sentiment plus plein, un plaisir qui dépasse l’excitation physique). Les eudémonistes formulent à l’encontre des hédonistes deux types d’objection : d’ordre psychologique et d’ordre moral. Objection d’ordre psychologique : le plaisir est éphémère : une fois possédé, l’objet convoité (désir) perd tout prestige à mes yeux (ou : disparait dans l’acte de consommation). Il en résulte que tout plaisir (satisfaction) est suivi par un sentiment d’insatisfaction : la succession des plaisirs (de la recherche des plaisirs) n’a aucune raison de s’arrêter. On voit mal par quel miracle ce parcours chaotique aurait pour résultat le sentiment profondément satisfaisant, stable et uniforme qu’on appelle le bonheur. Selon eux, il y aurait donc une différence profonde entre les plaisirs et le bonheur : les plaisirs appartiennent au registre de la quantité (intensité de l’excitation sensorielle) quand le bonheur appartiendrait au registre de la qualité (caractère non mesurable du sentiment d’une parfaite harmonie entre soi-même et le monde). Cette analyse renvoie aux différences profondes qu’il y a entre la notion de désir et celle de besoin (travail de distinction conceptuelle à faire faire)

LE DESIR

LE BESOIN

Importance de l’Imaginaire

Procure la satisfaction (satiété)

Qualitatif (inquantifiable)

Mécaniste (il y a un vide : on le comble)

Sans limites=débouchant sur l’insatisfaction

Bien circonscrit=facile à satisfaire

Portant sur des personnes (même si c’est par le biais des objets)

Portant sur des choses

HUMANITE

ANIMALITE

(NB : distinction entre besoins primaires (qui concernent le corps) et besoins secondaires (culturels, acquis. Exemple : le besoin de musique)

Dans le bouddhisme, tout « bonheur mondain » est éphémère et insatisfaisant « comme du miel sur une lame de rasoir » (la souffrance le suit « comme la roue du char suit le bœuf »).

Objection d’ordre moral : si le plaisir est le souverain bien, cela signifie que tous les moyens qui procurent du plaisir sont bons : on ne saurait opposer le principe du bien moral au plaisir puisque, si ce bien moral est une valeur, il est subordonné au souverain bien. A quel titre le plaisir peut-il être incompatible avec la morale ? – on pense aux pratiques qui vont dans le sens de l’autodestruction (ex : les paradis artificiels et la recherche « chimique » du plaisir (mais au nom de quoi les déclarer immorales ?) – on pense que les plaisirs des uns ne sont pas forcément compatibles avec les plaisirs des autres (monde où le mode de vie des pays riches épuise les énergies non renouvelables de la planète toute entière) : injustice – on pense surtout aux plaisirs qui reposeraient sur la souffrance infligée à autrui : Sade (XVIIIème) qui déclarait : « La nature n’a créé les hommes que pour qu’ils s’amusent de tout sur la terre (…) Tant pis pour les victimes, il en faut ».

* Réhabilitation du plaisir de fumer : Le plaisir de fumer rencontre-t-il le domaine de la morale ? Non, car c’est un rapport de soi à soi, qui ne rencontre pas le tort fait aux autres (on se parle pas des parents qui fument longtemps à l’intérieur de la voiture, toutes fenêtres fermées, alors que les trois bambins sont à l’arrière/ on ne parle pas non plus du tort fait à la société toute entière par le biais des frais de soin des cancéreux : tort indirect à la société toute entière) Une action immorale est une action où l’on fait de manière directe et consciente un tort à autrui. Tirade de Sganarelle, Dom Juan, Molière, 1665 : « Quoi que puisse dire Aristote et toute la Philosophie, il n’est rien d’égal au tabac ; c’est la passion des honnêtes gens, et qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre » 





prise de position du côté de la modernité (contre Aristote, les anciens, le principe d’autorité). Aristote prône les « vertus dirigées vers soi-même » parmi lesquelles, la tempérance. Au XVII ème, société où les libertés sont fragiles : Dom Juan fut arrêté par la censure après la 15ième représentation. Le tabac est du côté de l’égalité : l’éloge du tabac par un valet résonne comme la thèse d’un droit au plaisir pour tous. Ainsi « c’est la passion des honnêtes gens » : plaisir social, socialisant, partagé. Le tabac enseigne la vertu : la gratuité, le don, contre le rapport marchand. Il est souvent lié au plaisir de la conversation (par opposition à l’hypocrisie des dévots qui condamnent le tabac mais vont fumer en cachette dans les toilettes). Sous Louis XIII : première prohibition du tabac en France. « qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre » : alexandrin provocateur, qui joue sur l’opposition entre la vie comme simple fait biologique et la pleinement humaine, qui fait une place au plaisir. Ainsi, on prend position contre l’idolâtrie d’une défense de la vie humaine

entendue au sens purement biologique (qui entraîne la condamnation du tabac au nom de la santé). Sganarelle oppose la vie comme simple survie (qui est le fait des esclaves) et la vie digne de l’humanité (faite de libertés et faisant une place aux plaisirs). Sganarelle proclame ainsi que tous les hommes, y compris les valets, sont libres.

* Platon : Le Philèbe (à partir de 60 a) : Comment être heureux ? Philèbe/Socrate : pour Philèbe, « le plaisir est le vrai but de tous les êtres vivants et la fin à laquelle ils doivent tendre tous » : identification du bon et de l’agréable. Pour Socrate, c’est la sagesse qui est la clef du bonheur. Cependant, si l’on sépare de manière radicale la sagesse et le plaisir, ni la vie de plaisirs sans sagesse ni la vie absolument sage et sans aucun plaisir n’apparaissent comme désirables. Conclusion N°1 : ni le plaisir ni la sagesse ne sont le souverain bien. Conclusion N°2 : « il ne faut pas chercher le bien dans la vie sans mélange, mais dans la vie mélangée. » Assimilons-les à deux fontaines : l’une de miel (le plaisir) ; l’autre d’eau (la sagesse) : il faut absolument avoir à notre disposition l’une et l’autre. Faut-il donc, aussi, jouir de tous les plaisirs ? Non : pas ceux qui sont « les compagnons inséparables de la folie et du vice » : certains plaisirs sont manifestement incompatibles avec la sagesse. Le Bonheur : un savant dosage ; un composé (avec l’art des proportions). Les biens qui le composent sont : 1) la mesure 2) le beau (la proportion) 3) l’intelligence et la sagesse 4) les arts, les sciences, les opinions vraies 5) le plaisir Conclusion N°3 : ni l’intelligence ni le plaisir ne peuvent prétendre être le Bien absolu…et le plaisir moins que l’intelligence. Et l’argument selon lequel « c’est le but que poursuivent toutes les bêtes du monde » ne vaut rien (« on n’est pas des bêtes » !).

1.

B) la joie selon Spinoza (grand philosophe hollandais du XVIIème siècle)

La joie : une piste pour dépasser l’opposition du bonheur et du plaisir ? Revalorisation de la joie au détriment de la tristesse, de l’humilité, du remords (« passions tristes », valorisées au sein des religions juive et chrétienne)

Quelle définition donneriez-vous de la joie ? La joie = un état mental extrêmement agréable, où l’on déborde d’une espèce de grâce (une émotion profonde et agréable)

Pour Spinoza, la joie fait partie de la grande famille des affects (ce par quoi l’esprit est affecté : modifié). Les affects sont soit des diminutions soit des augmentations de puissance. Il y a deux grandes familles d’affects : les affects à base de tristesse/ à base de joie. Les diminutions de puissances = les tristesses / les augmentations de puissance = les joies. Les tristesses sont généralement en rapport avec la haine / les joies, en rapport avec l’amour. Ainsi, la tristesse engendre la haine (je veux détruire ce qui n’entre pas en rapport avec moi : ce qui me détruit) ex : quelqu’un qui rentre soudainement dans la pièce dans laquelle je suis en train de rêver en paix. Réciproquement, une chose qui me donne de la joie est une chose qui augmente ma puissance d’agir (la rencontre avec une œuvre d’art par exemple). La joie survient quand je rencontre quelque chose qui convient avec mes rapports (ex : la musique que j’aime). Spinoza dit que deux individus dont les rapports se composent forment comme un troisième individu qui les englobe (Moi + la musique que j’aime = un Tout puissant). Au contraire, la musique que je n’aime pas (le crincrin du supermarché) diminue ma puissance d’agir : je mobilise une partie de mes forces pour me protéger de ces sons blessants. On est proche de Nietzsche, qui affirme dans l’Antechrist (GF p 46) : « Le bonheur, c’est le sentiment que la force croît, qu’une résistance est surmontée ».

Là où c’est un peu plus compliqué, c’est qu’il y a des joies de la haine (ex : quand j’imagine mon ennemi malheureux, mon cœur éprouve une étrange joie). Ces joies sont des joies indirectes. Mais, on a beau essayer de croire que le cœur s’épanouit dans les joies de la haine, on trouve toujours la sale petite tristesse dont on est parti : ces joies sont des joies de compensation. Seules sont bonnes les joies directes. Il en résulte que c’est très compliqué de vivre, parce que vous ne savez pas d’avance quels sont vos rapports (= qui vous êtes) et avec qui ou quoi ils vont bien se composer : la démarche est forcément tâtonnante. Et c’est, bien sûr, différent d’un individu à l’autre…cf. marche en montagne. On passe sa vie à essayer de savoir ce qui nous procure de la joie. L’aide que nous donne Spinoza : tâcher de démêler les vraies joies (saines, directes) des joies de compensation (joies mesquines).

Voilà qui permet de réfuter l’hédonisme : on n’a pas toujours l’équation : plaisir = bien (il existe des plaisirs mauvais, des joies mauvaises). Ce qui est intéressant, c’est qu’on est loin de l’argument moral classique : c’est mal de faire du mal à autrui (que faire face à qui répond : « Et après ? »). Ce qu’explique Spinoza, c’est qu’en faisant du mal à autrui, je me cause du tort (je cultive des affects qui me diminuent)

Texte de Spinoza (Russ 10 p 220) : Spinoza critique implicitement l’Eglise : au Moyen-Age, les pieux laïcs (dont Saint Louis) s’astreignent à des mortifications physiques : port du cilice (vêtement volontairement rugueux), flagellation, sommeil à même le sol etc. Spinoza refuse d’opposer le corps et l’âme : ce qui est bon pour le corps est bon aussi pour l’esprit : l’homme n’a pas à restreindre ses désirs si ceux-ci le poussent à être heureux.

Le bonheur ne fait qu’un avec l’accomplissement de nos tendances naturelles (il est tout sauf une récompense accordée d’en haut par un Juge)

Le maximum de bonheur, c’est la béatitude ou : bonheur du sage, bonheur dans la vérité (pas par des moyens artificiels : drogue, alcool, divertissement). Tous les hommes cherchent le bonheur mais tous ne cherchent pas la vérité. Les philosophes sont ceux qui cherchent le bonheur (comme but) dans la vérité (comme norme).

« La béatitude n’est pas le prix de la vertu » : le bonheur, c’est la vertu elle-même

Béatitude : amour de Dieu = joie de l’esprit associée à l’idée de Dieu comme cause = ce que j’éprouve quand je comprends que tout arrive selon des lois naturelles et nécessaires = le parfait contentement d’un être qui se connaît comme la partie du Tout, qui jouit de cette connaissance. La condition de cette béatitude est la nécessité (c’est-à-dire aussi, la négation du libre-arbitre). Ceci est à rapprocher de Nietzsche, qui évoque souvent « l’amor fati » : acceptation de l’adversité : Oui au Destin, Oui à tout ce qui advient.

C) le bonheur comme extrémisme moral La quête du bonheur est la quête d’une satisfaction intégrale, indivise, sans partage. Paul Ricœur : « le bonheur, cet au-delà des satisfactions locales, partielles » (article de Ricœur dans « le Monde » du 5 novembre 1993) Il est un état parfait, suprême, une sorte d’absolu. Vouloir être heureux, c’est vouloir un maximum, quelque chose d’indépassable : c’est vouloir l’absolu, le Tout. C’est pourquoi, explique Ricœur, ceux qui veulent à tout prix être heureux sombrent si souvent dans la déception et le malheur. C’est qu’il y a dissymétrie : beaucoup de choses ont beau, dans m...


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