Le démon de la théorie- Compagnon PDF

Title Le démon de la théorie- Compagnon
Course Littérature
Institution Université de Lille
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Fiche sur Le démon de la théorie d'Antoine Compagnon ...


Description

Le démon de la théorie Antoine Compagnon « Par critique littéraire, j'entends un discours sur les œuvres littéraires qui met l'accent sur l'expérience de la lecture, qui décrit, interprète, évalue le sens et l'effet que les œuvres ont sur les (bons) lecteurs, [...] Par histoire littéraire, j'entends en revanche un discours qui insiste sur les facteurs extérieurs à l'expérience de la lecture ». Conception traditionnelle : la critique s'attache au texte, l'histoire littéraire au contexte. Cinq éléments sont indispensables pour qu'il y ait littérature : un auteur, un livre, un lecteur, une langue et un référent.

Chapitre 1 : La littérature « L'art qui fait seulement usage du langage en prose, ou des vers […] n'a pas reçu de nom jusqu'à présent » La Poétique, Aristote → il n'existe pas de terme générique pour les dialogues socratiques et les textes en prose ou vers. Eclatement du système aristotélicien au XIXe qui ne comprenait que le genre épique et le genre dramatique dans l'art poétique et excluait le genre lyrique qui n'était ni fictif (diegesis) ni imitatif (mimesis) puisqu'à la 1ère personne. Littérature au sens strict, c'est le vers. Mais mutation+ : narration et drame abandonnent le vers et par poésie on entend de +en+ le lyrisme. Avant le XIXe, le mot littérature désignait les inscriptions, les écritures, la connaissance des lettres. La fonction de la littérature Aristote parlait de la katharsis, expérience particulière des passions liées à l'art poétique (crainte, pitié). La connaissance que la litté donne à l'h a donc pour objet le général, la doxa, qui permet de comprendre les comportements humains. Selon la vision romantique, cette connaissance vise plutôt l'individuel et le singulier. Dans La Divine Comédie, Paolo et Francesca, que Dante rencontre en enfer, sont tombés amoureux en lisant des romans de la Table Ronde. Selon le modèle humaniste il y a une connaissance qui nous vient de l'expérience littéraire. La figure du lecteur incarnerait le modèle de l'individu solitaire, de l'homme libre «Traversant l'autre il rejoint l'universel » (le lecteur), Compagnon. La littérature peut servir une idéologie ou avoir une fonction subversive : au XIXe, figure de l'artiste maudit, Baudelaire, Rimbaud, Lautréamont / ex. A partir du XVIIIe la litté ne se caractérise plus seulement par la fiction comme son concept même, mais également par la recherche du Beau, conçu dans La Critique de la faculté de juger de Kant comme ayant sa fin en soi. La littérature ne renvoie alors qu'à elle-même : «[...] elle n'a plus qu'à se recourber dans un perpétuel retour sur soi, comme si son discours ne pouvait avoir pour contenu que de dire sa propre forme » Foucault. Les formalistes russes ont donné à l'usage littéraire de la lange le nom de littérarité, c'est-à-dire « ce qui fait d'un message verbal une œuvre d'art » Jakobson. Selon eux, le langage littéraire est motivé, autotélique, et autoréférentiel et ils considèrent que la littérature renouvelle la sensibilité du lecteur dans ce qu'elle dérange les formes automatiques de leur perception = littérarité → défamiliarisation. Néanmoins la littérarité réduite à cela, on pourrait penser qu'elle ne concerne qu'une poésie avant-gardiste, ésotérique et obscure.

Chapitre 2 : L'auteur Débat de tous temps sur la notion d'intentionnalité de l'auteur. Illustration d'initiation : le prologue de Gargantua dans lequel Rabelais appelle à outrepasser l'apparence triviale du texte pour y découvrir le « haut sens » → débat quant à l'intention de ce texte qui traite de l'intention de l'auteur, il semble que Rabelais attribue la responsabilité de l'interprétation non pas à l'auteur mais au lecteur, / ex les interprétations chrétiennes de l'Odyssée dépendent des lecteurs puisque Homère ne les a pas

voulues. La théorie traditionnelle a souvent affirmé l'indifférence de l'auteur pour la signification de son texte mais était-ce ne pas trop vite sacrifier la raison ? 2 thèses : l'intentionnalité de l'auteur, reprise par les institutions scolaires et académiques sous forme d'explication de texte. A cette thèse se substitue celle que Roland Barthes a appelé « la mort de l'auteur », déjà demandée par Mallarmé au XVIIe « la disparition élocutoire du poète, qui cède l'initiative aux mots ». Si la littérature n'a d'autre origine que l'auteur, la notion d'intertextualité ou du sens unique ou originel. L'herméneutique c-à-d l'art d'interpréter des textes est devenue le fondement même de la philologie (étude d'une langue et des textes écrits en cette langue) et des études littéraires. Friedrich Shleiermacher considère que la tradition littéraire qui n'est plus en relation d'immédiateté avec son propre monde devient étrangère à son sens originel : « l’œuvre d'art arrachée à son contexte premier perd de sa signification si ce contexte n'est pas conservé par l'histoire ». Du point de vue du philologue le texte ne peut vouloir dire ultérieurement ce qu'il voulait dire originellement.

Chapitre 7 : La valeur La critique devrait être une évaluation argumentée, mais peuvent-elle être objective ? Accepter que la critique soit absolument subjective condamne-t-il le lecteur à un scepticisme total ? L'histoire littéraire a tenté de lui substituer une science positive de la littérature, sans succès probant. Même la théorie littéraire, possible synthèse entre subjective et positivisme, ne peut se départir d'une évaluation → Barthes considère les textes scriptibles, c'est-à-dire obscurs et dont l'accès au sens est analytique, et les textes lisibles marqués par leur immédiateté herméneutique. Chez les New Critics composés de poètes, la valorisation de l'iconologie et de l'analogie favorisent naturellement la poésie au texte de prose. Sous la valeur se placent les canons et les classiques. Chez les Grecs, le canon = norme représentée par une œuvre à imiter, pour l'Eglise le canon = livres inspirés et faisant autorité. Un canon est national, ses monuments forment un patrimoine et une mémoire collectifs, et force l'admiration individuelle. L'évaluation d'un texte littéraire présuppose une norme ,c-à-d une définition de la nature et de la forme de la littérature, que l'oeuvre réalise +/- bien. Valeur à la forme littéraire → préférence pour la poésie lyrique, pour roman symbolique (Le Temps retrouvé, Proust vs roman populaire, patriotique). Mais valeur au contenu humain → rejet de l'art pour l'art. Querelle de la hiérarchie des arts du XIXème : quelle valeur esthétique suprême, Shopenhauer-la musique-le sensible ou Hegella poésie-l'intelligible ? Tradition kantienne et « la finalité sans fin » de l'art, qui privilégiait donc l'art pur plutôt que l'art à thèse ou l'art appliqué. T.S Eliot séparait la littérature et la valeur : la littérarité d'un texte dépendrait exclusivement de sa forme mais une fois son appartenance à la littérature établie, les critères non formels entreraient en compte, normes éthiques, philoq, existentielles. Les modernistes prennent seulement le critère esthétique, notamment la volonté ou la défamiliarisation chez les formalistes russes → mais ce n'est donc pas une norme puisque la dynamique de l'art consiste à rompre avec elle. D'autres critères de la valeur : la complexité ou la multivalence : « l'oeuvre de valeur c'est celle qu'on continue d'admirer parce qu'elle recèle une pluralité de niveaux propres à satisfaire une variété de lecteurs ». La complexité peut être réclamée d'un point de vue formel (Mallarmé) et sémiantique. Pour Matthew Arnold la critique avait pour fonction de connaître et d'enseigner le meilleur des productions humaines → fonction sociale de la littérature, d'éducation des classes moy à la fin du XIXème / un loisir spirituel + sensibilisation à la nation au moment où la religion ne suffit plus → moralisme civique, patriotisme etc. Asservissement dénoncé dans la 2nde moitié du XXe, dès 1930s chez anglais avec F.R Leavis qui considérait la valeur de la littérature comme liée à l'intensité de l'expérience dont elle témoigne et de sa faculté à rendre l'homme meilleur. La tradition classique croit au Beau en qualité de critère objectif de l'oeuvre → Critique de la faculté de juger = charnière de la thèse de l'objectivité du beau (classique) à celle de la subjectivité

voire de la relativité du Beau. Le jugement du esthétique comme le jugement d'agrément (qui exprime le plaisir des sens) n'est pas fondé sur critères de connaissance, vs jugement pratique. Le jugement esthétique est désintéressé car slmt intéressé par la forme et non par l'objet lui-même → révolution qui déplace l'esthétique de l'objet au sujet, le beau = effet, pas la cause. Mais problème pour la valeur, relativisme total du Beau ? Il existe une prétention universelle du jugement du beau, fondée sur le désintérêt car non perverti par un intérêt personnel. Mais Kant ne peut prouver la légitimité de cette prétention, ni sa satisfaction. Donc l'universalité du jugement esthétique = vœu pieu. Genette pousse au bout la subjectivité kantienne jusqu'à un relativisme radical du jugement esthétique qui annule donc la légitimité de la valeur dans l'étude littéraire. « Qu'est-ce qu'un classique ? » 1850, article de Sainte-Beuve : «qui a parlé à tous dans un style à lui et qui se trouve aussi celui de tout le monde, dans un style nouveau sans néologismes, nouveau et antique, aisément contemporain de tous les âges. » → paradoxes+ : particulier/universel, ancien/moderne, présent/éternel. « L'idée de classique implique en soi qqch qui a suite et consistance, qui fait ensemble et tradition, qui se compose, transmet et qui dure. » Pour Ste-B, les classiques en leur temps ont dérangé les canons de la beauté et de la convenance, « en fait de classiques les plus imprévus sont encore les meilleurs et les plus grands. » → Molière au siècle de L14. De la tradition nationale en littérature, tension de la déf° de classique qui s'impose fin XVIIIe : le classique c'est à la fois œuvres univ,intempo, qui constituent bien commun de l'huma, mais c'est aussi un patrimoine national, aspect historique et normatif. Devant le débat difficile de la relativité de la valeur s'impose l'argument de la postérité : les grandes œuvres sont celles qui survivent aux époques. Pour Theodor Adorno une œuvre devient classique quand ses effets primaires se sont estompés, sa 1ère réception, notamment quand elle est parodiée = le 1er public se trompe toujours → explication de la modernité par la dynamique de la négativité ou de la défamiliarisation. Ex : la Recherche a été lue selon le contexte (homo, snobisme,asthme). Finalement la valorisation d'une œuvre se perpétue puisqu'elle devient valorisation de la littérature. Mais l'ennui guette toujours un chef d'oeuvre banalisé / leur réception. Il existe à l'inverse des œuvres 'retrouvées' ces -50s : Sade, P baroque, roman du 18e....


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