Le Menteur PDF

Title Le Menteur
Author Maxime Snow
Course Philosophie
Institution EM Lyon Business School
Pages 3
File Size 96.3 KB
File Type PDF
Total Downloads 87
Total Views 157

Summary

Download Le Menteur PDF


Description

Le Menteur, Corneille (1643) Résumé : Dorante, jeune étudiant qui, avec son valet, Cliton, arrive de Poitiers pour faire à Paris des études en droit, encore plein d'inquiétude mais déjà résolu à conquérir la capitale,

rencontre aux Tuileries deux jeunes filles, Clarice et Lucrèce. Charmé par Clarice, comme il a l’imagination fertile, pour la séduire, il s'invente un passé de militaire glorieux et lui fait croire qu'il l'aime depuis longtemps. Mais, interprétant mal les indications de Cliton, il croit que sa belle s'appelle Lucrèce. Sur ces entrefaites, il rencontre son ami Alcippe, qui est amoureux de Clarice ; l'entendant parler d'une magnifique collation, en musique et sur l'eau, offerte, le soir de son arrivée, à une belle inconnue, Dorante n'hésite pas à s'en dire l'auteur, à en faire une description extravagante, et provoque ainsi, sans s'en douter, la jalousie d'Alcippe persuadé que c'est à Clarice que la collation a été offerte. On n'en a pas fini, d'ailleurs, avec les malentendus. Arrive Géronte, le père de Dorante : il vient conclure le mariage de son fils avec Clarice, fille d'un de ses amis. Mais Dorante, toujours trompé par le nom, et ne voulant pas épouser une autre jeune fille que celle qu'il prend pour Lucrèce, raconte à son père qu’il a été obligé de se marier à Poitiers pour une question d'honneur. Ayant mis le doigt dans un engrenage, il ne peut plus s’arrêter, il multiplie les mensonges et les situations tour à tour cocasses et dangereuses, est progressivement empêtré dans la confusion des identités initiales. Tout se complique lorsque Clarice a l'idée de demander à son amie, Lucrèce, de donner un rendez-vous à Dorante en lui faisant croire qu'elle s'appelle Clarice, afin de pouvoir mieux l'observer. Réaffirmant son amour pour Lucrèce devant Clarice, qu'il prend toujours pour Lucrèce, il est pris pour un menteur par les deux jeunes filles, et il est contraint ensuite de faire croire à son père que son épouse supposée ne peut se rendre à Paris parce qu'elle est enceinte. Dorante raconte à son valet qu'il a tué son ami, Alcippe, qui l'avait provoqué en duel. Lorsque ce dernier survient, Dorante explique comme il le peut cette résurrection. Comme le dit si bien Cliton : «Il faut bonne mémoire après qu'on a menti». Mais, comme il a fini par avouer à son père qu'il aimait Lucrèce, celui-ci va demander sa main au père de la jeune fille. Quant à lui, découvrant enfin la confusion d'identité, il réussit à dissimuler cette erreur et à faire croire à la vraie Lucrèce qu'il n'en avait conté à Clarice que par galanterie, et que ses paroles et ses lettres d'amour adressées à Lucrèce étaient sincères. Dès lors, tandis que le retour de voyage de son père permet à Alcippe d'obtenir la main de Clarice, Dorante épousera Lucrèce.

Commentaire

C’est un jeune homme qui arrive d’une ville de province dans une capitale sur laquelle il a fantasmé pendant des années, et qu’il trouve encore plus belle que ce qu'il avait imaginé. Il veut conquérir une femme, puis deux, et on comprend qu'il les séduirait toutes. Pour cela, étourdi et fantasque, sa découverte de la société parisienne lui ayant fait prendre conscience du pouvoir du mensonge, lui ayant fait découvrir l’efficacité de ce jeu, il ment pour réussir, pour s’affirmer et s’enfonce dans un imbroglio invraisemblable, non sans faire notre admiration par sa capacité de mentir avec autant de panache que d’audace. Il défie l’auditoire comme pour tester ses propres aptitudes. C’est un danseur de corde amoureux qui, à chaque instant, risque la chute. Il est le représentant de la jeunesse qui veut s’affirmer face à la société, qui ment pour essayer d’être à la hauteur, qui ment tellement, que même son valet, Cliton, se perd dans les méandres de ses nombreux mensonges. Il a un désir absolu de singularité, quitte à s’affranchir du réel. Il met beaucoup de fougue dans ses mensonges qui ne sont pour lui que prétexte à exalter son imagination et sa vie amoureuse. Il est, en quelque sorte, comme le comédien qui est toujours en représentation, ayant toujours besoin d’être accepté, qui joue la comédie avec un souci de perfection remarquable, qui a un talent et un panache qu’on ne peut s’empêcher d’admirer car, comme le dit Corneille, non sans indulgence pour son héros : «Le talent de mentir est un vice dont les sots ne sont point capables» (“Discours du poème dramatique”, 1660). Le secret, c’est d’être SINCERE car, pour bien mentir, il faut entretenir un rapport très pur avec la vérité. Pour lui, la vie est un jeu et le mensonge, un des beaux-arts. Sans le donner en exemple, on ne peut pas s'empêcher d'admirer sa verve et son habileté à se sortir des impasses qu'il a lui-même créées. Car il réussit toujours à s'en tirer in extremis. Enfin, tous ses mensonges sont découverts au Ve acte dans un dénouement aussi heureux qu'imprévu. En se fondant sur le titre, on a longtemps cru que ‘ ’Le menteur’’ ouvrait la voie à la comédie de caractère. Il n'en est rien, dans la mesure où le héros, qui ment d'abord pour se faire valoir et paraître ce qu'il n'est pas, est simplement entraîné ensuite par les lacis de l'intrigue et par les conséquences de ses mensonges initiaux à multiplier les mensonges. Son comportement ne dépend donc pas de son caractère, peu fouillé, mais des nécessités d'une intrigue superbement construite. Aussi le titre de l'original espagnol, ‘’La vérité suspecte’’ rend-elle mieux compte de la nature de la comédie, qui joue essentiellement sur la confusion entre la vérité et les apparences, sur les prouesses verbales du héros, et sur le contrepoint comique apporté par les commentaires ironiques de son valet, Cliton. En fait, plutôt qu'un menteur véritable, un imposteur, un arnaqueur, un ambitieux ou un mythomane, il est un conteur et un poète, comme Corneille en est un qui, avec amour, avec humour, se contemple dans cet alter ego. On raconte que, dans ses jeunes années, il était enclin aux vantardises, comme si, avant d’écrire des vers, il avait eu tendance à proférer des énormités et à prétendre à de fausses prouesses. Dorante, autant qu’il le peut, poétise toutes les situations dans lesquelles il se trouve, pour les vivre avec le plus grand bonheur. Il est un inventeur qui bouscule la vie par ses sautes d'imagination, non pas pour la fuir, mais pour mieux entrer en elle. Le menteur est, d’ailleurs, un héros cornélien parce qu'il s'affirme grand pour pouvoir le devenir. Et Corneille le fait triompher envers et contre toute morale mais pour notre plus grand plaisir.

Car “Le menteur ”est une pièce qui surprend par son dénouement heureux mais pas très moral : la jeunesse et la galanterie excusent tout, ou presque. Dorante a agi innocemment, sans aucune malice ; aussi lui pardonne-t-on facilement. Tout au long, Cliton fait des remontrances à son maître ; mais, à la fin, il lui recommande : «Si vous voulez de l'amour dans votre vie, mentez !» Le mensonge peut, certes, être discuté comme un objet de réflexion, mais, ici, il est si surtout un instrument de séduction employé par un jeune homme....


Similar Free PDFs