TD Epistémologie Norbert Elias La société de cour PDF

Title TD Epistémologie Norbert Elias La société de cour
Author Elisa Benoist
Course Épistémologie
Institution Université de Paris-Cité
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Etude des chapitres 1 à 5 de "La société de Cour" de Norbert Elias dans une approche épistémologique ...


Description

TD Epistémologie Lecture obligatoire : La société de cour, Norbert Elias, Flammarion DST (6 novembre et dernière séance) Séance 1 : La société de Cour : représentation de la sociologie de Norbert Elias

1) Norbert Elias et son œuvre             

Né en 1897 dans l’empire Prusse (Allemagne), dans une famille juive plutôt aisée (classe moyenne) et a été éduqué à la maison (car soucis de santé) notamment par son père. Elias fait une carrière universitaire. Subi des expériences antisémites en Allemagne, ce qui explique l’importance des thèmes de la marginalité et de la violence dans ses recherches. 1919 : entreprend des études de médecine (jamais finies)  influence son travail de sociologue dans le sens ou il va créer des liens entre la biologie et la sociologie. Epistémologie : étude critique de la science, articulation de plusieurs disciplines. Etudes de philosophie (thèse sur les relations entre la philosophie et l’histoire). Il critique les philosophes de la même manière que Marx. 1930, s’oriente vers les sciences sociales et la sociologie. Il cherche à produire une approche la plus neutre et objective possible du monde social. Quitte l’Allemagne en 1923 pour la France. Il est marginalisé du système universitaire. Part en Angleterre et écrit La civilisation des mœurs et les dynamiques de l’occident où il exploite la thématique de la violence  pacification ou civilisations des mœurs. Accède à un poste d’enseignant de psychologie (sociale) à l’université. Influencé par Freud. Resté en marge du système universitaire car n’a pas le statut de « professeur ». Part au Ghana pour enseigner et fonder un département de sociologie. Fini sa vie à Amsterdam où il meurt en 1990. Après sa mort son travail a été connu et reconnu largement. Notamment par A Corbin et G Vigarello.

La société de Cour 



Reconnu pour la mise en évidence du processus de pacification ou de civilisation des mœurs dans l’ouvrage. Thèse centrale : la société occidentale est prise dans ce processus de pacification sur plusieurs siècle  la violence est de plus en plus maîtrisé et est de plus en plus absente dans la société, les gens sont de plus en plus intolérants à la violence. Evolution dans le rapport à la mort, à la nourriture, à la santé…

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Ensemble de pratiques qui suivent la même direction, qui sont de plus en plus refoulées et effacées de la vie sociale ordinaire, pratiques qui deviennent tabou. Critique à la sociologie : débat sans sens, « fausse opposition », ex : individus vs société. Ne pas oublier que l’individu est soumis à des formes de détermination sociales : façonné par la société. S’attaque aux historiens : leur reproche de faire de la « micro » histoire, d’étudier des évènements historiques isolés les unes des autres. Montre que des actions intentionnelles peuvent produire des phénomènes sociaux non planifiés. Reproche aux psychologues d’analysé les comportements humains en faisant référence uniquement grâce à la psychologie individuelle  individus trop coupés du monde social. Privilégie une approche interdisciplinaire. Ex : biologie et sociologie, entre histoire et sociologie, évolution entre sociétés, repère des dynamiques sociales. Psycho et socio : individus ne supportent pas la marginalité. 3 dimensions : histoire psycho et socio : analyse le monde social grâce à ça. Sa sociologie est relationnelle : conception relationnelle de la société et du monde social : tout les individus sont liés et connectés entre eux de manière direct ou indirect : forme de lien social. On ne peut donc pas penser séparément société et individu. Les comportements sociaux peuvent donc s’expliquer par ce type de relations, par des « chaînes » d’interdépendances. C’est par le biais de ces relations d’interdépendance que les individus sont faonnés. Il a la volonté de construire une science sociale la plus neutre possible en écartant les jugements de valeurs et les prénotions  prise de distance face au sujet étudié. Il veut constituer une science social qui s’appuie sur un matériel concret et objectivable  concept de configuration pour rendre compte du lien social entre individu, ce qui fonde la sociologie sur des choses empiriques et vérifiables.

Séance 2 Thèse sur la civilisation des mœurs 

Civilisation selon Elias : différence de définition entre l’Allemagne, et la France et L’Angleterre -

En Allemagne : ce terme à un sens péjoratif et négatif. Cela car ce qui est associé à ce terme relève du culte des apparences, des comportements superficiels des hommes. Car civilisation vient du mot civilité, qui désigne les mondanité, les règles de courtoisie… et cela est donc considéré comme sans intérêts, hypocrite… La critique du terme de civilisation prend sens par l’opposition au terme de culture (ce qui relève des production artistiques, littéraires, les œuvres intellectuels, scientifiques) qui est hautement valorisé par rapport au terme de civilisation. A ce moment-là en Allemagne, ce qui domine la société c’est l’aristocratie, l’élite, qui eux valorisent l’idée de civilisation. Contrairement aux bourgeois, ceux qui travaillent, qui valorisent la culture et donc critiquent le culte des apparences de l’aristocratie jugé comme futile. Mais à la suite du déclin de l’aristocratie, la bourgeoisie s’élève socialement et devient la classe dominante. Et comme dit Marx, la classe dominante devient la vision générale de la société, donc le terme de culture va être largement valorisé face au terme de civilisation.

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En France et en Angleterre : le terme de civilisation à les mêmes origines (comportement de « gentilhomme »), et c’est ce concept qui s’impose en France, d’abord au sein des élites. La notion de culture est limitée à l’art, à la culture général en général. La bourgeoisie réussi à s’élever socialement mais à l’inverse de l’Allemagne, ils mettent un pied dans le monde de la noblesse et côtoient l’aristocratie. Ils vont donc s’approprier ce modèle de civilisation, ce comportement courtois (manière d’être, de se vêtir, de se tenir…). Volonté de donner un autre sens au mot de civilisation : ce mot va être associé à l’idée de progrès ou d’évolution. Un homme civilisé est plus évolué, volonté de « civiliser les plus pauvres ». Permet de distinguer les classes sociales mais aussi de hiérarchiser les différents peuples (idéologie coloniale  civiliser le monde).  Le destin de la bourgeoisie a eu des conséquences importantes dans ces pays-là.

Processus de civilisation : -

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Elias étudie l’évolution historique des manières de gérer les fonctions corporelles : manière dont les individus gère leurs besoins naturelles, (se nourrir, aller aux toilettes…). Sa méthode : utilise des manuels de savoir vivre, de civilité destiné à éduquer les enfants des élites, pour leur apprendre les bonnes manières. Sens de cette évolution : l’évolution sociale et historique renvoie à un refoulement de tout ce qui renvoie à l’animalité des hommes. Refoulement de la mort, de la violence, de la sexualité, de la nudité. Il parle d’une hausse des sentiments de gêne et de pudeur. Cette tendance générale va dans le sens de la hausse l’autocontrainte : les individus se conforment, et cette contrainte devient un habitus psychique. Les individus intériorisent la norme et les contraintes extérieurs deviennent des auto-contraintes, les individus intériorisent donc des tabous. Exemples : lois sur la nudité, manières de manger… dans tout ces domaines il y un code distinctif du comportement, la motivation principale de ce code distinctif c’est pour des raisons de démarcation des classes sociales jugées inférieurs pour marquer son propre rang social. Le processus de civilisation renvoie à un phénomène de banalisation de tabous et de normalisation de conduites. Quelle est le moteur de ce processus de civilisation ?  Course à la distinction entre deux groupes sociaux en lutte l’un contre l’autre. Durant cette période la bourgeoisie est inférieure à la noblesse. Mais petit à petit la noblesse va décliner socialement tandis que la bourgeoisie va rattraper le mode de vie de la noblesse. Or ce qui inquiète le plus le noble c’est de maintenir leur position de supériorité, donc la noblesse innove et invente de plus en plus de nouvelles pratiques sociales pour maintenir leur supériorité. L’intensification des interdépendances contribue à accélérer le processus de civilisation : intensification du lien social  les individus sont de plus en plus reliés les uns des autres ce qui augmente les contraintes ou la pression sociale et qui contribue à une hausse de l’autocontrainte  a d’abord lieu au sein de la société de cour. Peu a peu tout ça va se retrouver à l’échelle de la société dans son ensemble (française en l’occurrence). On repère les mêmes mécanismes : 3

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Le lien social s’intensifie, le tissu relationnel s’élargit, les membres de la société vont être de plus en plus connectés entre eux  fuite de la campagne pour les villes, urbanisation des modes de vies. Augmentation de la pression et des contraintes sociales (ex : plus d’attention aux autres) Plus on est au contact d’autres gens, plus on « s’autorégule » Rigidification des normes et autodiscipline de plus en plus développée.

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Processus de pacification des mœurs : par exemple au MA (5e siècle), la violence est endémique (inhérente à la vie sociale) car la guerre est un état permanent de la société moyenâgeuse, beaucoup de banditisme, de pillages, de dangers  degré de la tolérance beaucoup plus élevé qu’aujourd’hui, la mort, la violence, la peur était partout, donc il n’y avait pas de place pour retenir les pulsions. A cette époque la violence était ordinaire et non banalisée, les émotions s’exprimaient plus librement.  Lien entre les conditions affectives et les conditions sociales. Cependant, il dit « il n’existe pas de point zéro », tout est une question de degré.

 Petit à petit, refoulement de la violence, plus grande maitrise de soi  Conséquence de deux facteurs : - Monopolisation de l’usage de la violence légitime par l’état : début de la société étatique, seul l’état va avoir le droit d’employer la violence, toute forme de violence hors état est jugée illégitime (ex : interdiction des duels). Donc la violence tend à s’effacer progressivement de la société. - Intensification du réseau d’interdépendance et du tissu relationnel : plus on est en contact avec les gens, plus on refoule la violence car augmentation de la pression sociale. Les gens sont moins coupés les uns des autres, donc contrôle de l’agressivité …  La société va donc créer des cadres où la violence va être autorisé mais restreint par des normes spécifiques, comme le sport.  Donne libre cours à l’agressivité tout en étant contrôlée  Modernisation des armes et des techniques de guerre. Ex : fusils : plus de distance par rapport à la violence, moins frontale et brutale  Conséquence sur l’habitus psychique des hommes : intériorisation des normes. 

Elias cherche à mettre en évidence les conditions socio-historiques qui rendent possible ce processus de civilisation : s’intéresse à la sociogenèse de l’état :

 Passage de la société féodale [dans la société féodale, un roi protège des seigneurs qui possèdent leurs propres territoires et qui sont indépendants par rapport au roi. En échange de la protection militaire et financière que leur donne le roi, ils doivent l’aider en cas de guerre. (La société féodale se retrouve dans la série Game of Thrones)] à la société étatique [dans la société étatique, une seule personne concentre tous les pouvoirs sur l’ensemble du royaume, le roi] :  Jusqu’au 12e siècle, le roi a un pouvoir équivalent au reste des seigneurs, mais état de guerre permanent à cette époque. Au cours de ces conflits, les adversaires diminuent  on se retrouve avec une minorité de grandes maisons toutes puissantes qui sortent victorieuses des luttes éliminatoires  processus de monopolisation du pouvoir économique, militaire et politique , Elias appelle ça la loi du monopole : toute situation de libre concurrence amène forcément à une

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situation de monopole. A la fin il ne reste plus qu’une famille. Avec la société monarchique, on change de configuration sociale, phénomène de centralisation du pouvoir par le roi.





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Deux choses assurent la position dominante du roi : - Le roi détient le monopole de l’usage de la violence légitime. Donc les seigneurs et les individus ne peuvent plus entrer en conflits les uns aux autres librement donc la société se pacifie progressivement - Le monopole fiscal détenu par le roi et contribue à affaiblir le pouvoir des autres seigneurs : l’état soumet tout les sujets à des impôts sur les biens, à des taxes. Les seigneurs se retrouvent affaiblis économiquement par le roi. Tout le monde est soumis à utiliser la même monnaie, tout cela enrichit le roi et l’état. Le roi distribue de l’argent aux seigneurs qui l’aident, donc ils deviennent dépendants au roi  affaiblissement de leur pouvoir. Mais ce n’est pas parce que le roi est dominant que lui-même n’a aucune contraintes : il s’appuie sur une administration pour diriger le royaume, sur des institutions. Donc son pouvoir s’affaiblit légèrement et est dépendant de cette administration. Enjeu théorique : même en situation de monopole, les relations sociales ne sont pas à sens unique, il y toujours des formes de contraintes sociales et d’interdépendances dans les deux sens. Conséquence de la formation de l’état pour Elias : - Le roi est tellement puissant que plus personne ne cherche à abolir le monopole, mais au contraire on cherche à obtenir la meilleure place possible dans cette société étatique. Les seigneurs cherchent à être le plus proche possible du pouvoir pour l’influencer, avoir les meilleures places dans l’administration… - La violence étant interdite, les luttes deviennent plus subtiles et raffinés. La supériorité sociale s’affirme par des logiques de distinctions par rapport aux autres, surtout au sein des élites  émergence et accélération du processus de civilisation. - Exemple : différences France-Angleterre/Allemagne vues plus haut : curialisation en France : mouvement de tous les seigneurs qui quittent leurs provinces pour rejoindre le Paris (Versailles). -

Introduction La société de cour de Elias    



Société de cour (la cour du roi dans le château de Versailles) : élite de Paris concentrée à Versailles, nobles, aristocrates, et le roi (chef suprême) La société est hiérarchisée à l’époque, société d’ordres (tiers-état, clergé, noblesse…) Elias dit qu’au sein même des élites il y a une hiérarchie sociale, des conflits et des luttes. Tout cela structure les rapports sociaux que va mettre en évidence Elias Il pose plusieurs questions : des conditions de possibilité de la formation de cette société de cour, ce qui rend possible cette situation, quelle est sa structure relationnelle, quelles sont les contraintes sociales qui pèsent sur les hommes de cour, quelles sont les effets et les conséquences des contraintes sociales sur les individus et en quoi cela façonne leurs comportements. Question centrale : la soumission volontaire : qu’est ce qui fait que des individus se soumettent volontairement à une puissance dominante ? 5

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Formation de la société de cour  voir séances précédentes, enchainement d’actions individuelles, pas d’actes isolés  résultat d’un processus historique non programmé Arrivée de deux groupes sociaux : bourgeoisie montante et noblesse déclinante (course à la distinction) Il est persuadé que le processus de civilisation des mœurs émerge de la société de cour  conséquences sur le monde occidental par la suite. Elias revient sur les approches historiques faites avant lui et en émet un jugement critique : il critique les spécialistes de la société de cour (monarchie …)  pour lui les historiens ont tendance à porter un regard moralisateur et moqueur sur la noblesse et sur leur comportement, car ils les trouvaient superficiels et maniérés. Elias dit que les historiens sont trop dépendants de leur temps présent. Il dit qu’il faut sortir de la dépendance de sa propre époque pour étudier les époques antérieures, il veut replacer les hommes de cour dans un contexte précis et veut souligner les contraintes objectives qui pèsent sur ces hommes afin d’expliquer objectivement leurs comportements. Il veut révéler les contraintes sociales qui pèsent sur les individus et montrer en quoi ces contraintes contribuent à façonner les comportements. Sa démarche : expliquer et comprendre Fonction sociale essentielle : défendre leur rang social (pour les nobles) Cf Veblen (économiste) : éclaire la rationalité économique avec sa théorie de la consommation ostentatoire : rationalité qui contredit la théorie classique : certaines personnes achètent volontairement des produits de luxe pour montrer leur rang social Elias montre que ce qui peut nous paraitre marginal et superficiel aujourd’hui, à l’époque de la société de cour c’était vital.  Peut permettre aux chercheurs de se débarrasser d’un jugement moralisateur  gagner en objectivité

Chapitre 1 : Structure et signification de l’habitat 1e partie : le mode de domination du roi 



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Elias cherche à repérer le type d’organisation spatial de l’habitat du roi (château de Versailles) et compare avec l’habitat des nobles  montre que cela permet de repérer des relations de dominations et de pouvoirs. Il montre que le pouvoir du roi s’appui sur le modèle de la domesticité (notamment dans la relation entre le roi et les nobles et les nobles et les domestiques) : les relations entre le roi et les nobles est la même qu’entre les nobles et les domestiques. Pour le roi les nobles sont comme des domestiques à ses yeux. Mode de domination maître/domestique. En regardant l’habitat, on se fait une idée des relations sociales à l’échelle de la société toute entière. Au château de Versailles, les courtisans (hommes de cour) veulent accéder au roi (faveur, argent, parler au roi). Il existe une salle d’attente où les gens attendent pour pouvoir lui parler. Le roi décide ou non de recevoir les gens présent dans cette salle. Les hommes de cour vivent dans des appartements éloignés de la chambre du roi. Pour être approché, le roi donne un signal public.

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Dans la maison des nobles, les hôtels particuliers, cela se passe pareil, les maîtres vivent dans le bâtiment central et les domestiques vivent dans les pièces les plus éloignés  la distance spatial traduit une distance sociale et des relation de pouvoir, aussi bien entre le roi et les nobles qu’entre les nobles et les domestique. La pièce intermédiaire est appelée l’antichambre chez les nobles Conclusion d’Elias : les hommes de cour dans la maison du roi occupent la même position que les domestiques dans la maison des nobles. Pour le roi, les hommes de cour ne sont que des domestiques au service du roi.  Permet de comprendre la nature des relation entre le roi et la noblesse Les nobles rentrent volontairement dans cette position de domestique à l’égard du roi (position contradictoire pour la noblesse car il se retrouve en haut mais en même temps dominés par le roi)

2e partie : caractéristiques de la noblesse et la bourgeoisie





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Les nobles : Elias dit que chez les nobles il y a un devoir de représentation, un souci de se mettre en scène soi-même en permanence, mit en évidence par leur habitat. Les nobles font tout pour maintenir leur rang social (déclinant), donc obligation de passer leur temps à recevoir des gens à être invité, à organiser des dîners… ce devoir de représentation est le centre de gravité de leur existence, ainsi ils mettent en scène...


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