Théâtre et poésie au Moyen Age (cours complet) PDF

Title Théâtre et poésie au Moyen Age (cours complet)
Course Histoire des formes et des idées
Institution Université de Paris-Cité
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Summary

Cours complet sur le théâtre et la poésie à l'époque médiévale.
Ce cours était assuré par Mme Lévêque-Fougre....


Description

Histoire Littéraire : Théâtre et poésie au Moyen-Age : épanouissement et constitution d’une littérature. I – Le lyrisme du Nord (fin XIIème et XIIIème siècles) : les trouvères. Le mot trouvère vient de « trover » qui signifie « composer » (langue d’oïl). « Trover » est un calque de l’occitan « trovar » qui a donné « troubadour » et qui signifie également « composer » (langue d’Oc). Les trouvères vont copier d’une certaine façon leurs modèles méridionaux les troubadours dans l’art de composer la poésie. Il y a une véritable transition culturelle qui va se faire entre le sud et le nord. La période des troubadours débute à la fin du XIème siècle et se poursuit sur tout le XIIème siècle. Celle des trouvères va débuter dans la première moitié XIIème siècle. L’apparition de ce transfert culturel peut sembler naturel et pourtant il y avait un véritable barrage du point de vue de la langue. Il n’y avait pas d’unité linguistique sur le territoire que l’on connaît aujourd’hui comme étant la France. Plusieurs facteurs ont induit ce transfert : les croisades (les médiévaux du nord et du sud se retrouvaient en dehors des frontières pour batailler -> moment de réunion où des échanges culturels pouvaient se faire) et les foyers littéraires. Le premier foyer littéraire est le foyer d’Aliénor d’Aquitaine qui n’était autre que la petite fille de Guillaume IX d’Aquitaine (le premier troubadour). La province d’Aquitaine a vraiment vu fleurir l’art des troubadours. Dans cette province se sont croisés des trouvères comme des troubadours. Aliénor, après avoir épousé Louis VII, a épousé Henri de Plantagenet. Elle avait donc un territoire en Aquitaine mais elle a aussi appartenu à la cour d’Angleterre où les troubadours et les trouvères pouvaient aussi se réunir. C’est là que Chrétien de Troyes a pu rencontrer et s’inspirer du troubadour Bernard de Ventadour au milieu du XIIème siècle. En dehors du premier foyer créé par Aliénor, l’une des filles d’Aliénor va prendre le relai. Marie de Champagne (ou de France) va en Champagne former un des premiers foyers de trouvères. Elle présidera des cours de dames qui étaient des cercles lettrés où les dames discutaient de lettres d’amour courtois. Marie de Champagne a un intérêt et une sympathie particulière pour les poètes notamment Chrétien de Troyes (qu’elle prendra sous sa protection) qui lui dédiera son Lancelot. Les deux autres enfants d’Aliénor, Alix de Blois et Geoffroy Plantagenet, vont eux aussi perpétrer cette tradition vis à vis des trouvères. La vogue de la poésie courtoise s’implante progressivement dans le courant du XIIème siècle dans le nord de la France. La période de création des trouvères se situe au milieu du XIIème siècle et s’achève à la fin du XIIIème siècle. En effet, à la fin du XIIIème siècle on abandonne les genres de prédilection des trouvères comme la chanson d’aube, la chanson de croisade, le grand chant courtois. On va privilégier, à partir du XIVème siècle, les formes fixes telles que la balade, le rondeau. La grande différence concerne le lyrisme et la conception que l’on a du lyrisme. Pour les trouvères comme pour les troubadours on ne peut pas écrire de poésie sans écrire une musique qui accompagne cette poésie. Or, à partir du XIVème siècle, les poètes ne sont plus musiciens, ils sont seulement poètes (lyrisme purement verbal avec l’expression de sentiments personnels mais plus aucune musique). L’art du trouvère est un art essentiellement oral (on n’a gardé qu’une infime partie de ce qui a été composé à l’époque). On a retrouvé à l’aide des rubriques mais aussi des signatures environ 250 noms de trouvères. Les manuscrits pouvaient se présenter avec le texte et dans la marge un rubricateur ajoutait parfois le nom du poète (attribution incertaine).

Cette attribution incertaine atteste d’un nouveau mode de diffusion poétique. Chez les trouvères, on avait des chansonniers (anthologies). La production poétique se massifie durant cette période. Dans ces chansonniers, on retrouve donc des textes divers et variés d’auteurs divers et variés et à côté des textes des notations musicales (poèmes notés c’est-à-dire accompagnés d’une musique). Ces chansonniers plongeait souvent les trouvères dans l’anonymat : leur nom n’était pas forcément cité. Chez les troubadours les choses étaient très différentes parce dans le domaine provençal, on portait une véritable attention au poète dont on recopiait les textes et les textes des troubadours étaient souvent accompagnés d’une biographie du poète (vidas) et de razos (commentaires des textes). Dans le domaine provençal, l’œuvre n’était pas détaché du contexte biographique. La répartition de œuvres des trouvères était particulièrement inégale. La plupart des trouvères nous ont laissé une ou deux pièces lyriques. Certains jusqu’à 20 poèmes rarement plus. La Champagne et le Nord sont des foyers qui ont développé l’art des trouvères durant la période classique (seconde moitié du XIIème siècle). Au XIIIème siècle, les trouvères champenois et les trouvères du Nord ont poursuivi leur travail de création mais le troisième foyer, qui s’est développé à partir du XIIIème siècle seulement, est la Lorraine (Gautier d’Epinal). Au XIIIème siècle, avec le développement des villes, se sont aussi développés des foyers littéraires urbains (le Nord, la Champagne et la Lorraine étaient essentiellement des foyers de cour). Dans le Nord, on retient la ville d’Arras qui a été un foyer littéraire très actif et en Lorraine la ville de Metz qui a connu un grand nombre de poètes. Les milieux bourgeois ont développé un peu plus tardivement l’art des trouvères. La condition sociale de ces trouvères est extrêmement variée (comme l’était celle des troubadours). Thibaut de Champagne était, au début du XIIIème siècle, Comte de Champagne et Roi de Navarre alors que Colin Muzet était un simple jongleur (il composait aussi ses textes) qui allait de château en château. Un jongleur n’est pas attaché à un seigneur en particulier, il maitrise l’art de déclamer les textes mais ne compose pas forcément alors que le ménestrel est attaché à un seigneur.

A – Courtoisie et fin’amor : survivance des valeurs troubadouresques et « lyrisme conventionnel ». 1 – La chanson d’amour ou le « grand chant courtois ». Ce qui a fait les beaux jours des trouvères c’est l’amour courtois et la fin’amor. Cette dernière a été systématisée, codifiée par les trouvères qui l’ont eux-mêmes repris des troubadours. Les trouvères se sont réapproprié cette idéologie. L’un de ceux qui a théorisé cette idéologie c’est André Le Chapelain. Il a écrit un De Amore (traité de l’amour courtois). Il vivait à la cour de Champagne au même moment que Marie de Champagne (fin du XIIème siècle). Ce traité de l’amour courtois est un code civil qui décrivait les cas de figure possible, la conduite à tenir, les sentiments à éprouver et il évoquait un certain nombre de jugements d’amour ou des questions d’amour courtois qui étaient ensuite débattues. Avec les trouvères on va vers une poésie plus abstraite et plus pessimiste (on n’a pas la même tonalité que la poésie amoureuse des troubadours) où le poète s’étend davantage sur ses souffrance que sur l’extase amoureuse. Il y est question de souffrance amoureuse, de valeurs morales de l’amour sincère, de rapport en désir et créativité. Cette poésie est plus dépersonnalisante. Les troubadours s’adressaient d’abord à la dame, les trouvères s’adressent d’abord à l’Amour comme à une sorte de seigneur dont ils seraient les vassaux. Chez les troubadours, ce lien de vassalité se fait

directement avec la dame. Passer par le « Seigneur Amour » c’est déjà donner un caractère plus abstrait à la poésie. L’une des différences majeures par rapport aux troubadours est une différence dans l’expression. Le trouvère favorise des mots simples, des images éclairantes alors que le troubadour s’inscrit volontiers dans une poésie à la syntaxe plus complexe et plus hermétique. Sur un plan formel, la poésie des trouvères répond à un certain nombre de codes. Chaque spectateur se devait de reconnaître en écoutant un poème l’imitation qui était faite ou telle image qui était déjà chez tel autre poète, essayer d’identifier une forme de poème particulier. Le premier élément formel concerne le nombre de strophes (5 ou 6 strophes en général). La première strophe et la dernière strophe avait vraiment une fonction particulière (le corps du poèmes beaucoup moins) et étaient très codifiées. On attendait dans cette strophe initiale (l’exorde) et plus particulièrement dans la chanson d’amour, l’expression du besoin de chanter. Ce besoin de chanter était consubstantiel à l’amour. Dans l’art des trouvères c’est ce qui permettait de faire la différence entre celui qui aime et qui chante avec son cœur et le losangier c’est-à-dire le flatteur, l’envieux L’exorde pouvait être « il me faut chanter ». Une autre exorde était possible : la reverdie. C’est le fait de commencer une chanson en évoquant le retour du printemps parce que ce dernier va de paire avec le retour de l’amour (cf. texte de Gautier d’Epinal). Le retour du printemps est très souvent caractérisé par une forme de douceur (la douceur de la nature et de la femme aimée). Dans l’exorde, le désir doit se manifester dès le début du poème. C’est le cas chez Thibaut de Champagne qui dit à quel point il écrit parce qu’il est malheureux et parce qu’il désire la femme aimée. Thibaut de Champagne respecte presque toujours les codes de la poésie courtoise : il s’adresse à une femme qui visiblement est une femme de haut rang, il exprime un amour malheureux et la femme a toutes les perfections. On peut observer dans ce poème deux motifs extrêmement connus dans la poésie des trouvères : la prison d’amour, l’appel à la pitié. Outre ce côté très tragique et formel, il y a deux originalités à noter dans ce poème : Thibaut se présente comme une licorne or cet « animal » n’appartient pas à la poésie des trouvères mais aux bestiaires ; Thibaut joue sur les allégories (strophe 3 : il évoque les trois gardiens de la prison d’amour qui sont des allégories appartiennent au roman de la rose). On jongle en permanence entre un côté traditionnel et des éléments plus originaux. La dernière strophe est tout aussi codifiée que la première puisqu’elle constitue un envoi (chez les troubadours on parlait de tornada). Cette strophe permet d’envoyer la chanson soit à la bien aimée soit à un protecteur. Thibaut fait le choix de l’envoyer à sa bien aimée en lui demandant de bien vouloir avoir pitié de lui. Gautier d’Epinal fait quant à lui le choix d’envoyer sa chanson à un protecteur. Le principe de l’envoi était d’attirer la reconnaissance de la dame aimée ou du protecteur mais il y avait également un jeu musical, un jeu formel dans l’envoi. En effet, l’envoi représente la moitié de la strophe ou reprend les dernières rimes de la dernière strophe. A l’intérieur du poème, peu importait l’ordre des strophes car une strophe représentait souvent une unité narrative et on n’avait pas forcément de cohérence narrative entre les strophes. Cela explique que selon les manuscrits on n’a pas toujours le même nombre de strophes ou le même ordre. 2 – La transposition des motifs courtois dans la chanson pieuse. La chanson pieuse est un genre très apprécié des trouvères et qui connaît son plein essor au XIIIème siècle. C’est une chanson qui très souvent s’adresse à la vierge Marie qui est l’oreille bienveillante qui

va écouter le poète, comprendre ses souffrances. Elle est souvent un intermédiaire entre le poète et un Dieu plus sévère. Marie c’est aussi la dame c’est-à-dire que s’opère une transposition entre la chanson d’amour et la chanson pieuse. Dans la chanson pieuse, Marie prend les traits de la bien aimée. On retrouve la douceur, la courtoisie, le vocabulaire courtois alors même que le poète s’adresse à Marie. 3 – La casuistique courtoise du jeu-parti. Le jeu parti est ce qu’on appelle la « variante socialisée » de la chanson d’amour car il reprend la thématique amoureuse mais en fait une forme de casuistique amoureuse. Il s’agit d’un jugement, on étudie un cas amoureux que l’on va juger avec des questions profondément intelligentes comme par exemple : vaut-il mieux que la dame soit belle ou intelligente ? (texte 4). Le jeu-parti se présente vraiment comme un petit tribunal courtois avec deux partenaires qui vont s’opposer autour de cette question amoureuse. Pour venir clore cette joute, deux juges sont appelés à juger du débat. Les juges n’ont jamais la parole, ils ne s’expriment pas directement si bien que l’on s’est souvent demandé si le jeu-parti était improvisé ou pas. On s’est aussi demandé si les juges étaient vraiment présents ou bien s’il s’agissait seulement d’une forme de dédicace à un protecteur (permet de l’introduire dans le poème). Jusqu’à présent avec le jeu-parti, la chanson pieuse ou encore la chanson d’amour, on était dans les genres dits « courtois ». Certains critiques parlaient même de « registres aristocratisant » (Pierre Bec). Alors qu’il va évoquer le registre popularisant pour la pastourelle et la chanson d’aube.

B – Les genres non-courtois : l’exemple de la pastourelle et de la chanson d’aube. Le texte de la pastourelle comme celui de la chanson d’aube sont aussi très codifié, ils répondent à un déroulement qui est toujours le même. Pour la pastourelle il s’agit toujours d’un cadre bucolique posé d’entrée de jeu. On a des personnages types : la bergère, l’intervention de bergers mais le plus souvent le scénario de la pastourelle commence par une chevauchée inaugurale. Le chevalier arrive et découvre la bergère, il essaie de la séduire (souvent en lui proposant un bijou). La bergère peut accepter les avances du chevalier mais cela peut aussi très mal se terminer (viol). Ici nous sommes dans un genre lyrico-narratif. On est aussi dans un genre extrêmement parodique : on quitte l’amor purus (l’amour pur) pour arriver vers l’amour charnel (l’amor carnabis). De plus la bergère n’est pas de haut rang, elle n’est pas inaccessible. On ne reproduit pas ce lien de vassalité qu’il y a entre la dame de haut rang et le poète. La chanson d’aube peut prendre deux formes : celle d’une longue plainte de femme ou alors une forme polyphonique car le poète prend la parole dans les deux premières strophes puis le guetteur prend la parole dans les 3 strophes qui suivent et enfin, dans les 2 dernières strophes, c’est l’amant qui parle. On a dans le texte 6 le déroulé typique de cette chanson d’aube : les amants se retrouvent dans la nuit et se quittent à l’aube souvent avec l’aide du guetteur qui va éloigner les médisants.

C – De la poésie « conventionnelle » à la poésie « personnelle ». A côté de cette poésie très conventionnelle on découvre progressivement une poésie plus « personnelle », plus originale avec deux trouvères : Colin Muzet et Rutebeuf. Muzet a été très actif au milieu du XIIIème siècle et qui dans ses poèmes s’amuse à donner des accents plus personnels et à subvertir l’amour courtois. Par exemple, au lieu de commencer son poème avec un temps printanier, il le fait débuter avec un temps hivernal. Il ne le fait pas dans un cadre amoureux mais pour évoquer des problèmes financiers, personnels et pour quémander du vin et de la viande auprès de ses

protecteurs. Dans cette poésie, on quitte la mésaventure amoureuse pour évoquer des déboires plus personnels. Rutebeuf est également un poète du XIIIème siècle, il est d’origine champenoise mais a surtout vécu à Paris. Ses poèmes sont relativement urbains, ils parlent de Paris. Son nom reproduit la condition des trouvères, c’est « celui qui rudement œuvre ». Dans son poème (texte 8), il joue le pauvre hère. Ces textes satiriques évoquent un certain nombre de querelles politiques qui avaient lieu à l’époque et l’une d’elles incarne les ordres mendiants qui selon Rutebeuf étaient des ordres qui voulaient vivre dans la pauvreté et qui finalement ne faisaient que s’enrichir.

II – Les nouvelles règles du jeu lyrique : la poésie aux XIVème et XVème siècles. Certains parlent d’automne du Moyen Age. Les XIVème et XVème siècles sont souvent vus comme le déclin d’une période car c’est une époque marquée par un certain nombre de crises qui donnent lieu à un contexte difficile.  



En effet, on arrive dans la guerre de Cent ans (1337-1453) qui oppose la France à l’Angleterre. Cela engendre un certain nombre de problèmes économiques et militaires. De plus, on assiste à l’effondrement des valeurs féodales incompatibles avec la concentration du pouvoir autour de Paris. Le passage des Capétiens aux Valois (changement de dynastie qui induit une crise d’autorité). Outre ces changements politique, on observe aussi un certain nombre de problèmes économiques liés au recul des surfaces agricoles, aux retombées de la guerre de Cent ans, à l’épidémie de peste noire qui dépeuple l’Europe.

On est dans une période de crise à tout point de vue mais il ne faut pas trop noircir le tableau littéraire. Au contraire, le domaine culturel apparaît comme une forme de dérivatif et on se complait volontiers dans l’apparat, dans le luxe, dans la poésie.

A – Evolution du je lyrique : la figure du poète. Le poète acquiert un nouveau prestige car la poésie est un des loisirs privilégiés dans l’aristocratie. C’est dans ces conditions que nait le statut du poète de cour, un poète qui va être attaché à un mécène. Ce poète va être au cœur de deux contradictions majeures. D’abord au plan social parce que c’est un poète qui partage un luxe qui n’est pas le sien. Ensuite, au plan culturel parce que le poète de cour est à la fois un héritier des trouvères mais il est aussi, par l’utilisation qu’il fait des exemples antique, un précurseur de la littérature humaniste. Le poète acquiert une forme de prestige qu’il n’avait pas auparavant et il en va de même pour l’écriture. Au XIIIème siècle la prose se développe et elle se développe surtout dans les formes narratives. Tous les textes en vers forment peu à peu une sorte d’unité qu’ils n’avaient pas auparavant. On va associer le vers à la matière lyrique. La notion même de poésie est donc de plus en plus associée à la notion de vers. Le vers est considérée comme plus complexe et par là même comme plus littéraire. Par voie de conséquence, celui qui écrit en vers est l’homme de lettres par excellence. Il y a un véritable prestige du vers qui nait avec la naissance de la prose. Cela va de paire avec cette notoriété nouvelle du poète. Poète qui est donc à la fois un homme admiré mais aussi dépendant au service d’un aristocrate. Guillaume de Machaut est un clerc qui vient d’une famille modeste des Ardennes et qui vit modestement avant d’être rattaché à un grand seigneur. Les trouvères, pour l’essentiel, faisaient partie de l’aristocratie alors que le poète de cour vit au sein de l’aristocratie mais ne fait pas partie de ce monde. Son lien avec l’univers courtois n’est plus le même.

Le mot « poète » désignait les auteurs latins qui bénéficiaient d’un prestige que n’avaient pas ceux qui écrivaient en langue française. Ce mot est introduit au XIIIème dans le Livre du trésor de Brunet Latin. Il arrive avec la définition que nous lui connaissons aujourd’hui. Le premier écrivain à être désigné ainsi est Guillaume de Machaut par Eustache Deschamps. Au XIVème siècle, pour la première fois, un écrivain français écrivant en langue française est désigné ainsi. Il évoque « un noble poète » et un « faiseur renommé ». On peut recouper les adjectifs « noble » et « renommée ». Nouvelles noblesse, celle de l’homme de lettres. Le terme poète est presque redondant avec le terme « faiseur » puisque « poète » vient du grec « poiein » qui signifie créer. Le poète c’est le créateur, le faiseur. Cela induit une nouvelle image du poète qui est créateur à l’égal de Dieu mis surtout il vient l’idée d’une prise de conscience de l’acte de création. Dans le Voir Dit, Guillaume de Machaut aura une réflexion sur le métier d’écrivain (remarque méta poétique sur les poèmes qui doivent être mis en musique ou pas) et il apposera un certain nombre de corrections au sein même de son œuvre. Jean Froissard est un chroniqueur et poète du Nord qui a vécu au XIVème siècle. Dans Le Joli Buisson de Jeunesse, il va jusqu’à évoquer les moyens matériels de la composition d’une œuvre. On rapproche sou...


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