Chapitre 3 - Notes de cours 3 PDF

Title Chapitre 3 - Notes de cours 3
Course Introduction a la science politique
Institution Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
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chapitre 3 du cours...


Description

Chapitre 3 : Les régimes dictatoriaux La notion de dictature est englobante des régimes autoritaires, tyranniques et totalitaires. La connotation péjorative de la dictature est un phénomène récent.

Juan Linz distingue régime totalitarisme et autoritarisme selon 3 critères : a) concentration du pouvoir b) mobilisation de la population (pour soutenir le régime) ou non c) idéologie qui soutient le régime ? Totalitarisme : (a) pouvoir très concentré au sein du parti et du chef ; (b) implication totale de la population ; (c ) registre idéologique central (les individus doivent se convertir à l'idéologie du pouvoir) Autoritarisme : (a) existence d'un pluralisme limité (il y a d'autres acteurs que le pouvoir : hautes fonctions publiques, églises, etc) ; (b) encourage la démobilisation de la population ; (c ) n'a pas d'idéologie structurée.

I.

Les régimes totalitaires

1) Qu'est-ce qu'un régime totalitaire ? Fascistes + Mussolini : pour eux, un régime totalitaire est quelque chose de bien. C'est Hannah Arendt qui donne à la notion son sens contemporain : elle parle plutôt d'une dynamique totalitaire et pas d'un régime totalitaire. Pour elle c'est une dynamique qui repose sur la dissolution des structures sociales. Les régimes autoritaires apparaissent dans l'entre deux-guerres (nazisme, phase stalinienne des années 30). Beaucoup d'historiens ont fait démarrer le 20è s en 1914 dont Hobsbaunn. 1914 est essentiel pour comprendre le contexte du totalitarisme : • à cette date, l'ordre bourgeois qui faisait tenir l'ordre international est brisé de différentes manières par la violence de la première guerre mondiale : D'abord, la guerre entraîne la scission à gauche entre les socio-démocrates et les communistes La guerre entraîne aussi la déstabilisation des pays européens : spartakisme (mouvement communiste de rupture) Les aristocraties bourgeoises sont donc fragilisées de l'intérieur. • La violence de la première guerre mondiale : « les massacres immenses de la guerre 14-18 ont insensibilisé par avance les populations vis à vis des horreurs et des violences à venir », Linz. R. Aron : opposition entre 2 grands types de régimes. Un régime totalitaire repose sur 5 critères : – monopole de l'activité politique à un parti – l'idéologie du parti a une autorité absolue – monopole par l'Etat des moyens de force et de persuasion (= contrôle sur les médias) – la plupart des activités économiques et professionnelles sont soumises à l'Etat – omniprésence du politique : l'Etat s'immisce dans tous les aspects de la vie sociale. Voici d'autres caractéristiques du régime totalitaire : – dimension religieuse de l'idéologie officielle. Il y a une vérité sur ce qu'est le bien en politique et plus que ça, une vérité unique sur l'ensemble de la vie sociale. Existence d'une vérité qui s'impose aux individus et qui promet le salut. Tout devient politique. Ex du lyssenkisme : doctrine selon laquelle les gênes n'ont aucun effet sur les différences des gens, c'est l'éducation qui a de l'effet. Cette doctrine devient la vérité officielle au sein de l'URSS pendant un moment. → même la science peut devenir politique – contrôle social total de la population. Régime totalitaire repose sur un contrôle diffus et

permanent. Il faut réprimer les formes mêmes discrètes de résistance. Omniprésence du pouvoir. Lefort dit que dans un régime totalitaire, le multiple doit être fondu dans « l'un » → idéologie de la non diversité. L’œil du pouvoir se glisse même dans les espaces familiaux. Selon Arendt, le but du totalitarisme est l'atomisation de la société, selon elle « l'Homme ne peut même plus vivre dans l'asile de sa propre intériorité ». – Un régime totalitaire repose sur la mobilisation de la population. Il faut qu'elle adore, participe et célèbre → adhésions massives aux syndicats, aux partis officiels, organisations de jeunesse. Collaboration de la population recherchée afin d'identifier les traîtres.

2) Le mode d'exercice du pouvoir totalitaire 1. Domination par le parti unique. Il encadre de larges parties de la population, sélectionne la nouvelle élite, célèbre le chef, assure l'éducation des masses. Pour Gentile, le parti unique est le « grand pédagogue » car il diffuse les principes idéologiques (missions extrêmement vastes : police, justice...). Le parti unique redouble les missions de l'Etat. Propagande, coercition.. Les organisations de jeunesse ont un rôle important : les régimes totalitaires ambitionnent de créer un Homme nouveau : pour cela il faut inculquer la vérité, dresser le jeune pour qu'il soit conforme à l'idéal de l'Homme nouveau. Ex : 1938: les « jeunesses hitlériennes » deviennent obligatoires pour l'ensemble de la jeunesse allemande. 2. Le culte du chef. Il incarne les qualités viriles, les qualités du bon père de famille. Staline est le « petit père des peuples ». Les portraits du chef sont partout dans l'espace public. Personnalisation du pouvoir. Le chef exerce une sorte de domination charismatique ; il doit monopoliser le pouvoir c'est-à-dire écarter ses concurrents. Dimension centrale de fidélité au chef ; ce dernier s'attache à ce qu'aucune opposition ne puisse émerger. 3. La centralité des appareils répressifs - Armée : le moins facilement utilisée est l'armée car considérée comme une organisation trop peu souple. - Police politique : elle joue le rôle principal (SS, KGB..) - Incrimination pénale : être jugé, tué pour n'importe quelle raison = tout est suffisant pour être arrêté : le régime peut incriminer qui il veut - camp de travail : goulag soviétique, loagai chinois.. → La terreur est au cœur du régime totalitaire. Il faut que l'on puisse se faire arrêter pour n'importe quoi, que les procédures légales soient arbitraires, que les sanctions soient mises en valeur publiquement. + extension de la terreur aux membres de l'élite. Si un individu est arrêté, cela met aussi en cause sa famille : elle est responsable de sa faute, tout comme lui. Le génocide est l'expression la plus poussée du totalitarisme. Génocide : extermination intentionnelle, systématique et programmée d'un groupe en fonction de sa race, sa religion ou de son identité ethnique / nationale.

3) Discussion autour du totalitarisme – La place de la terreur. Caractère extrêmement exterminateur du régime totalitaire. Le régime totalitaire comme « forme de gouvernement dont l'essence est la terreur et dont le principe d'action est le caractère logique de la pensée », Arendt. Discussion autour de cette définition car si on l'adopte, peu de pays peuvent être définis comme des régimes totalitaires (ex : fascisme italien ne s'est pas traduit par une extermination énorme, n'y a t il pas pourtant une forme de totalitarisme ?). Selon Linz on peut parler pour le fascisme italien de « totalitarisme sans terreur » – Le terme de totalitarisme est-il approprié pour qualifier des régimes aussi différents que sont le nazisme et communisme (totalitarisme de droite vs de gauche) ? La majorité des historiens considère que oui. Les mécanismes mis en place par ces régimes sont suffisamment semblables pour qu'on parle de régimes totalitaires dans les 2 cas. Querelle des historiens dans les années 1980. Ce que dit Nolte, c'est qu'en définitif le vrai problème du 20è s n'est pas le fascisme mais le communisme : le fascisme n'est qu'une réponse au communisme. Selon lui, la peur de la révolution a contribué à forger des comportements réactionnaires en Europe, ainsi le crime nazi ne serait qu'une réaction à la révolution bolchevique. Nolte néglige totalement les racines du fascisme.

II.

Les régimes autoritaires

Large variété de régimes. Il y a un certain nombre de critères partagés.

1)



• •

Caractéristiques d'un régime autoritaire

Un pluralisme limité. Il peut y avoir des partis, médias différents ( qui subissent un contrôle direct ou indirect), candidats différents (généralement présélectionnés). Dans un régime autoritaire le mode de recrutement des candidats est la cooptation (nomination d'un nv membre par un membre). Deux cas : soit absence de tradition démocratique (Népal, Arabie Saoudite), soit succède à un régime démocratique (Chili). Là où un régime autoritaire devra faire preuve de sa force c'est quand il succède à un régime démocratique. La non-mobilisation de la population : l'essentiel est de pouvoir gouverner tranquillement, que la population laisse le pouvoir mis à part dans des contextes spécifiques. Absence de dimension idéologique. Il y a seulement des composantes idéologiques.

2) Les différents types de régimes autoritaires

Selon Weber il y a 3 raisons (légitimités) de pourquoi on obéit au pouvoir politique : – traditionnelle – charismatique – légale rationnelle

Voici les différents types de régimes autoritaires : •

Les régimes autoritaires traditionnels (ex : pays du golfe) : leur légitimité est fondée sur le respect des coutumes. Ces régimes sont marqués par une faible coupure entre privé et public ; il n'y a pas de distinction fondamental entre les biens du roi et ceux de l'Etat. Weber parle de « régimes néopatrimoniaux ». Distribution de faveurs à des individus / ethnies par le monarque. Exemple de régime autoritaire : Arabie Saoudite des Saoud : monarchie islamique de type absolue : pas d'élections régulières / assemblée de membres nommés avec un pouvoir uniquement consultatif / régime contrôlée par la famille Saoud : règles de successions internes. Le roi est à la foi le chef de l'Etat et le chef de gouvernement. La famille royale dispose des principaux postes clés.



Autoritarismes où c'est la force qui domine : autoritarismes bureaucratico-militaires (ex : Birmanie, dictature des colonels en Grèce 1967-73) : pouvoir exercé par des militaires ou politiciens soutenus par des hommes d'affaires. Régimes qui reposent sur la violence. Le pouvoir est dans les mains d'un seul parti qui n'a pas forcément une idéologie vraiment structurée. Le parti contrôle la contestation. Dictature des colonels en Grèce 1967-73 : gouvernement d'apparence, en réalité le pouvoir est détenu par les militaires. Violence, tortures..



L'Etat organique : idée d'un corporatif totalitaire : Les représentants des syndicats de salariés sont des interlocuteurs officiels de l'Etat. On cherche une voie entre le socialisme et la capitalisme. Idée d'organiser le marché (ex : Vichy, Espagne franquiste) Ex : Peronisme de Juan Peron, chef de l'Etat Argentin de 46 à 74 (avec coupure). Régime autoritaire social avec idée maîtresse de protéger les salariés. D'un côté c'est un régime social, de l'autre conservateur (→ défense de la famille) et dirigiste.



Régimes autoritaires mobilisateurs - pays issus de la colonisation (Algérie, Côte d'Ivoire) : ils se sont installés à partir de la mobilisation des masses. - Régimes autoritaires des sociétés post-démocratiques (Italie fasciste) : dans ce cas là, le leader cherche à entretenir la personnalisation du pouvoir (popularité individuelle) par le plébiscite. Le chef et les valeurs militaires sont célébrées.



Autoritarisme post-totalitaire (ex : URSS post-Staline). Après la mort de Staline s'installe en URSS un régime autoritaire sans l'effort idéologique d'un régime

totalitaire. C'est dans ce cadre qu'immerge une figure particulière : le dissident (=opposant). Le dissident est brimé mais jamais éliminé.

3) L'exemple syrien Début du soulèvement en mars 2011, + de 200 000 morts, usage d'armes chimiques, exil des populations. Qu'est-ce qui faisait la force du régime syrien avant 2011 ? Accession de la Syrie à l'indépendance en 1946. Opposition entre les élites traditionnelles (commerçants, terriens, sunnites) et les nouvelles élites minorités éthnico-religieuses chiites + paysans. Les nouvelles élites sont mieux éduquées que les anciennes. Conflit social et période instable dominée principalement par les élites traditionnelles. 1963 : coup d'Etat qui renverse les élites ancienne, victoire de la contre-élite. Rôle important de l'armée, du parti Baas (socialiste), consacré en 1970 par l'arrivée au pouvoir d'Hafez el-Assad, ancien militaire. Il instaure la République baasiste (1973). Stabilisation et naissance de la « formule autoritaire syrienne ». Cette formule repose sur 4 piliers : – l'armée (maîtrise des différents niveaux de la structure militaire) – services de renseignement – parti Baas (fortement structuré, redouble l'Etat, dispose de la quasi totalité des sièges à l'assemblée) – le contrôle de la société – culturel et social (et la production du consensus national). Après la mort d'Hafez et l'arrivée de Bachar son fils : durcissement du régime : crony capitalism (libéralisation de l'économie tout en donnant les parts de marchés aux proches de la famille / ses amis). Précisions quant à la Syrie : • c'est un système autoritaire, non totalitaire (= les syriens peuvent exprimer une vision dissonante). Il y a d'autres partis... Néanmoins c'est un régime répressif extrêmement violent. • un compromis communautaire : système coercitif et clientéliste qui préserve les équilibres communautaires. Minorité alaouite, 8% de la population qui concentre les principaux postes de pouvoir → passe des compromis avec les autres communautés. • Le président, son entourage et l'administration. Le président tient l'armée et le parti Baas

Pourquoi le régime explose-t-il en 2011 ? Ce conflit autoritaire a gelé le conflit social. La nouvelle génération est plus urbaine, avec des aspirations économiques et sociales. Au début du mouvement, logique de libéralisation de la Syrie. La formule autoritaire syrienne a été incapable de prendre en compte la mutation de la société syrienne....


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