Composition Médias et Opinion Publique PDF

Title Composition Médias et Opinion Publique
Course Histoire
Institution Université de Paris-Cité
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prises de notes sur les Médias et opinion publique, Amphi Descartes...


Description

Média et opinions publiques dans les grandes crises politiques en France depuis l’affaire Dreyfus. Introduction L’opinion publique (l’expression publique d’opinion et de valeur plus ou moins partagées dans la société) naît en France au 18ième siècle pendant les Lumières en prenant ses distances avec le sacré politique et religieux. Mais jusqu’au milieu du 19ième siècle, l’opinion publique est limitée à une élite bourgeoise. Le suffrage universel masculin (1848), la liberté de la presse (1881) et la presse bon marché à gros tirages à la fin du 19 ième siècle, permettent l’émergence d’une opinion publique populaire. L’opinion publique, la démocratie et les médias se développent donc en parallèle et favorisent les débats. Gouvernés et gouvernants se servent du nouvel espace d’expression publiques des médias comme d’une tribune politique. Il devient vital pour le pouvoir de connaître l’état de l’opinion publique et de favoriser, par le biais des médias la construction du consentement politique, notamment lors des crises politiques (l’Affaire Dreyfus 1894-1906, la crise de Février 1934, la Guerre des Ondes de 1940, la crise de Mai 1958 et la crise de Mai 1968). Quels rôles les médias et l’opinion publique jouent-ils dans les crises politiques depuis la fin de 19ième siècle ? Dans un premier temps nous verrons les médias, l’opinion publique et la République entre1890 et 1945. Ensuite nous étudierons les nouveaux enjeux de pouvoir et d’opinion de l’âge de la télévision à l’ère numérique. I.

Les médias, l’opinion publique et la République (1890/1945) a) L’âge d’or de la presse papier et l’Affaire Dreyfus

La IIIème République est favorable à la presse, celle-ci joue un rôle majeur dans la formation de l’opinion publique. En 1894, le capitaine Dreyfus, juif alsacien est accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne. L’affaire est alors révélée par le Figaro, la presse d’extrême droite, antijudaïste s’en empare pour faire de Dreyfus un coupable évident. La division de l’opinion publique se met alors ainsi que celle de la presse : d’un côté la presse dreyfusarde, de l’autre la presse anti dreyfusarde (présente surtout dans les débuts de l’affaire). La presse anti dreyfusarde présente des caricatures antijudaïsmes (Caricaturiste Caran d’Ache), est une presse violente et représente en 1898 97% de tirage, soit la quasitotalité. La presse dreyfusarde quant-à-elle critique la propagande anti-Dreyfus. L’écrivain Zola, publie dans le magazine l’Aurore « J’accuse » où il reproche aux anti-dreyfusards, notamment à l’Etat et à la presse de mener une propagande contre Dreyfus et d’occulter la vérité. Malgré la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté d’expression, Zola a été condamné pour diffamation. Au court du temps, la presse qui a mobilisé, canalisé les français, amplifié le débat et nourri la haine devient de plus en plus Dreyfusarde et « favorable à la révision ». Cependant, cette presse qui a divisé les français, et même des familles était seulement dans les grandes villes, à l’époque, la vie politique n’existe pas dans les zones rurales. Finalement, le procès de Dreyfus a été révisé après qu’il ait été envoyé au bagne. b) Les nouveaux médias et la presse d’opinion dans la crise de 1930 Dans les années 1930, de nouveaux médias apparaissent, comme la radio (or celle-ci n’est pas un média de masse car elle est encore trop cher : en 1933 il y a 28 postes TSF pour 100

habitants) et la presse papier joue toujours un rôle très important dans la formation de l’opinion publique. De plus, en 1929 la France est en crise et doit faire face à des problèmes économiques, politiques, mais également sociaux. On observe alors une montée des Ligues d’extrême droite et le gouvernement français et alors mis en difficultés. C’est dans ce contexte qu’éclate l’affaire Stavisky en 1934. En effet, après la nomination de Daladier comme président du conseil, Stavisky, financier d’origine russe est accusé de détournement de fonds et meurt de façon suspecte. La presse s’empare de l’affaire, elle quadrille tout le territoire français et cherche à montrer la défaillance du gouvernement (Canard Enchainé 1934). Les presses de gauche (qui soutient le Front populaire comme le Canard enchainé) s’oppose à la presse de droite (qui se sert de Stavisky pour accuser le gouvernement comme Action française). Les médias qui se diversifient divisent l’opinion publique, les journaux d’opinions, les journaux quotidiens, la presse de province ainsi que la radio prennent position, l’extrême droite dénonce la « répression des assassins » et la gauche qui parle de menace de coup d’état. Le 6 février 1934, une grande manifestation antiparlementariste va être réprimée dans le sang (17morts). Le presse de gauche va se solidariser et va permettre l’arriver au pouvoir du Front Populaire en 1936. Cette crise s’est alors résolue dans les urnes avec l’arrivée pour la première fois au pouvoir de la gauche dans la IIIème République : Le Front Populaire et également pour la première fois que la presse fait chuter un gouvernement. c) La bataille de l’opinion dans un contexte de guerre d’occupation (1940-1945) En 1940, la France capitule et s’allie à l’Allemagne nazie. C’est la fin de la démocratie. Le général Pétain annonce alors à la radio, le 17 juin 1940 l’arrêt des combats. Suite à cette annonce, le Général de Gaule lance son appel à la résistance depuis la radio de Londres BBC le 18 juin 1940. Ces deux appels vont créer un clivage au sein de la population française, entre collaborateurs et résistants, les radions vont jouer un rôle majeur comme moyen de propagande mais aussi comme instrument de résistance. En effet, le régime de Vichy utilise la Radio Paris (contrôler par les Nazis) comme outil de propagande en diffusant des messages antisémites mais aussi comme soutient de l’effort de guerre. La propagande est également présente dans le système scolaire. Les autorités nazies tentent aussi de contrôler la population française par le biais de la Radio Stuttgart.la radio joue également un rôle majeur dans la résistance. La BBC permet de transmettre des messages codés et d’organiser la résistance (le plus connu : « les sanglots longs des violons d’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone » pour annoncer le débarquement en Normandie). D’autres radio résistante va apparaitre comme la radio Brazzaville par exemple, cependant ces émissions sont fortement soumises à la censure car elles s’opposent au régime en place. Ainsi, lorsque ‘elle ne sont pas brouillées, les émissions sont écoutées en cachette sous peine d’être arrêter et déporté. Un véritable affront se créer alors entre les radios, on parle de « guerre des ondes » et de « bourrage de crâne ». Des radios périphériques échappent au contrôle de l’état comme la Radio Luxembourg qui reste neutre et la Radio Andorre, qui ne diffuse que de la musique. La presse est également touchée par une forte censure, cependant des journaux et tractes résistants sont distribués avec le journal de Valmy « vive la République quand même » « un seul ennemi l’envahisseur ». Environ 1000 titres sont publiés clandestinement en 1940 et 1944. Certain vont même se maintenir après 1944 comme le Combat de Camus. C’est seulement après la libération de la France en 1944 que la République et la liberté d’expression vont être rétablies.

II.

De l’âge de la télévision à l’ère numérique, les nouveaux enjeux de pouvoir et d’opinion a) La crise du 13 mai 1958 et les médias

Dans les années 1950, les médias audiovisuels sont désormais les plus influents auprès de l’opinion publique : surtout la radio et les actualités diffusées au cinéma (les lectures de presse diminuent dès les années 1950 et seuls 5% des ménages ont un téléviseur chez eux en 1958). La 5ième République est fragilisée par l’instabilité politique due à la guerre d’Algérie (19541962). Le régime politique ne maitrise pas le groupe de pression défendant l’Algérie française. Le 13 mai 1957, une foule favorable à l’Algérie française manifeste à Alger et les généraux antiparlementaristes prennent le pouvoir. Ils refusent l’investiture du nouveau président du conseil Pierre Pflimlin (partisan de la négociation avec le FLN). Pendant la guerre d’Algérie l’état surveille tous les médias audiovisuels : par son monopole (la Radiodiffusion Télévisons Française) ou par la censure (Actualité françaises au cinéma) tous diffusent des messages gouvernementaux. Les médias sont donc favorables à Pflimlin mais une concurrence s’installe ensuite. Cependant, la presse est libre, et les journaux algériens adoptent une vision gaulliste (L’Echo d’Alger) tandis qu’en métropole deux visions s’opposent, la vision gaulliste et communiste (L’Humanité). En effet, le général de Gaulle revient en politique après 10 ans d’absence, et prend partie pour les antiparlementaristes. En réponse aux manifestations, De Gaulle convoque la presse au Palais d’Orsay le 19 mai 1958. Cette conférence est retransmise à la radio (le média le plus influant) et celui-ci se dit « prêt à assumer les pouvoirs de la République ». Il en profite également pour répondre aux critiques et remet en question les Institutions de la 4ième République. Une fois la crise passée, Charles de Gaulle nommé président du Conseil le 28 mai 1958, son retour au pouvoir est vu d’un bon œil par les médias, et notamment par les Actualités Françaises télévisées du 4 juin 1958 qui présente le Général comme l’homme providentiel, « l’homme du 18 juin ». Cette crise se résout par la mise en place très rapide de la Vème République (septembre 1958) et par la signature des accords d’Evian en 1962. Les médias, dans cette crise ont été contrôlés par l’Etat (Télévision, qui est encore un nouveau support), ont permis de mobiliser, informer la population ainsi que d’exprimer l’opinion publique (La presse écrite, la radio). Ils sont l’un des enjeux majeurs de la crise de mai 1958 notamment par leur contrôle. b) Mai 1968, les médias témoins et acteurs du divorce entre gaulliste et l’opinion La crise de mai 1968 est à la fois une confrontation entre générations et une confrontation sociale. Le mouvement est lancé par les étudiants. La nuit des Barricades (10-11 mai 1968) montre la jeunesse fortement politisée (de gauche). Ils sont rejoints par les ouvriers le 13 mai 1968 qui dénoncent les conditions de travail (10 millions de grévistes, pénurie d’essence). La révolution menace, alors que le paysage médiatique est plus complexe. L’information passe avant tout par la radio mais la télévision est désormais un média populaire (62% des foyers en sont équipés) et la presse d’opinion est florissante. La télévision est cependant contrôlée par l’ORTF (organisme d’état qui contrôlait les programme TV). Elle n’est donc pas un vecteur d’information fiable, elle est la voix de l’Etat, de la censure. Cette première crise de la 5 ième République utilise la presse, les affiches comme nouveau support. C’est un moyen de détourner, de dénoncer la censure (notamment avec les affiches des Beaux-Arts). La jeunesse politisée de l’époque ne se reconnait pas dans le Général de Gaulle, il ne répond pas à leur attente. Elle remet donc en cause le pouvoir établi, dénonce la société de consommation, la montée du chômage ainsi que l’écologie. A travers la radio, le 24 mai 1968 le Général de

Gaulle essaye de rappeler le 18 juin 1940 afin de fédérer les jeunes autour de lui. Le discours est diffusé à la télévision et à la radio. Le lendemain, le refus de la direction de l’ORTF d’accepter la diffusion d’avis opposés aux propos du chef d’Etat entraîne la grève d’une majorité de journaliste au nom de la liberté d’expression. Le 30 mai le Général de Gaulle annonce à la télévision et à la radio une hausse des salaires de 10%, une augmentation du SMIG de 35% et une semaine de 40 heures. La jeunesse a donc dénoncé la main mise de m’état sur les médias et cela a permis de révéler l’émergence d’une nouvelle société. Conclusion Ces cinq crises sont révélatrices des relations entre les médias et de l’opinion publique. Elles ont en commun une critique des institutions et à moindre degré une remise en cause des organisations sociales. Entre 1890 et 1940, les trois crises remettent en question les valeurs républicaines, par exemple Charles Maurras en juillet 1940 salut « Vichy comme une divine surprise ». Dans la décennie Gaulliste et dans la période contemporaine, le rôle croissant des médias et de l’opinion publique, les émissions sont programmées en fonction des audiences… les médias traditionnels sont en crise de production et de diffusion, en 2013, les ventes de la presse écrite ont baissé en moyenne de 7%. Mais ces journaux profitent en même temps d’une hausse des ventes numériques avec Internet. La démultiplication de la parole des citoyens via les nouveaux moyens de communication remet en cause le concept même d’opinion publique, en effet selon Pierre Bourdieu, l’opinion publique n’existe pas. De plus, l’émergence des réseaux sociaux entraîne la diversité de l’opinion publique et la multiplication de possibilité d’expression....


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