Cours Quatrevingt-treize PDF

Title Cours Quatrevingt-treize
Course Littérature
Institution Université de Lille
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Cours sur le roman de Victor Hugo Quatre-vingt treize ...


Description

Victor Hugo , Quatreving-treize I. Victor Hugo, l'homme siècle « La Révolution a formé le clairon, le XIXème siècle le sonne. » Portrait de Victor Hugo en homme siècle , Henri Meschonnic : « Le cumul des adorations et des haines nous a fait un VH-XIXe s et un XIXes-VH. » Hugo porte à l'extrême le rapport entre écriture et représentation de la litté. Il se radicalise en politique au lendemain de l'échec du printemps des peuples « J'aime mieux 93 que 48, j'aime mieux voir patauger les titans dans le chaos que les gocrisses dans le gâchis. » Le projet dans lequel il se lance à partir de 1855 est d'examiner l'humanité depuis « Eve mère des hommes à la Révolution mère des peuples. » Déjà dans Les Misérables réflexion sur la R° sous forme d'une discussion → archétype Lantenac vs Gauvin. Roman qui réexploite biographèmes, dialogique+ avec plsrs types de langage mais aussi plsrs patrons génériques (comédie, épopée, drame) = roman de la conflictualité. Pour Bernard Leuillot, « contexte politique décida de l'orientation du nouveau livre, véritable machine de guerre politique et idéologique. » Période d'écriture rapide du roman, du 16 décembre 1872 à juin 1873 = Hugo réagit à une injonction du présent, recherche des origines. Parution en février 74.

II. 93, la genèse d'un texte entre deux siècles A. Les sources livresques rencontrent les thèmes obsédants

« Aucune œuvre de Hugo ne fut à la fois aussi profondèment enracinée dans son passé et aussi immédiatement dépendante de l'actualité. » Guy Rosa Idée de nécessité historique apparaît dans Nox premier poème des Châtiments : «Toi qui par la Terreur sauva la liberté. » Symbolique du 3, chiffre du déséquilibre : 3 parties, 3 espaces, 3 trames narratives, triangle de la guillotine. 93 = année ouverte, le roman est « une utopie qui se dessine en filigrane mais n'arrive jamais à se clôre sur des certitudes » Judith Wulf, échec de la volonté totalisante d'Hugo : lettre à Paul Meurice « Ce premier ouvrage est au commencement d'un grand tout. » Trilogie de l'ananké, « La religion, la société, la nature, sont les 3 luttes de l'hommes » → NDdP = poids des dogmes, Les Misérables = poids des lois, Les Wrs = puissance de la nature. 93 s'y ajoute

avec l'inexorable de la R°. Plsrs obessions se cristallisent autour de 93 : signification historique, politique avec violence fratricide, métaphysique avec la fatalité. Toute l'oeuvre hugolienne marche par jeu de miroir selon Leuillot.

B. De la rêverie à la rédaction

En lisant Chronique de la régence et du règne de L15 d'Edmond J.F Barbier → idée d'un roman sur crimes de la monarchie. Tout de la passage du vote de la mort du roi est une réécriture de Louis Blanc et de son Une Histoire de la R° française mais déformation du matériau historique = dramatisation. Lettres sur l'origine de la chouannerie de Duchemin-Descepeaux lui inspirent le nom des combattants, l'organisation soutteraine (le bocage), le dialecte. Même persos fictifs = croisement de plusieurs sources : Cimourdain = chef de l'évêché extrémiste Jacques Roux, droiture de St Juste « sa logique avait contracté l'impassibilité d'une géométrie. » Surcroît d'idalisme, violent mais mentor cultivé, condense traits du trio Marat-Danton-Robespierre = il est la quintessence de la R°. → VH veut créer persos colossaux en accord avec les circonstances exceptionnelles (Olin Moore). « Le bourreau est marqué du signe de Caïn. » → symbole de la violence fratricide qui trouve incarnation chez Marat. Personnage du cri accapareur de la misère« Robespierre je ne suis l'écho de rien, je suis le cri de tout. » vs le cri de pitié de Fléchard « Avoir faim, avoir soif, c'est le point de départ, être Satan c'est le point d'arrivée. Hugo pousse symbolisme+, loi du Tallion.

III.Un roman de l'Histoire : entre histoire personnelle et légende Dans le Reliquat : « représentera, sous ses divers aspects, cette fatale et féconde époque, la + prestigieuse de l'Histoire. » « Chacun de ses récits sera un drame à part ayant tous le même sujet, la R°, et le même horizon : 93 ». « L'histoire des forêts bretonnes » = lieu qui invite la légende, le détour fictionnel explemplifie le réel « La Vendée ne peut être expliquée que si la légende complète l'histoire. », « Il faut l'Histoire pour l'ensemble, la légende pour le détail. » 93 = pensée de l'Histoire et de son dépassement. Guy Rosa : « 93 dénonce le roman historique en le pratiquant, en démontre l'irrecevabilité et en admet l'exigence. Il porte la condamnation du genre auquel il appartient. » Roman qui veut se dépasser lui même, // avec la Commune vs la Rq mais qui exalte modèle républicain.

A. Problématiser l'Histoire

Philippe Zard « Raison historique, apocalypse et roman familial dans Quatreving-treize et le Siècle

des Lumières » revue de Litté comparée, 2009. Le roman fait « coexister de manière concurrente trois paradigmes d'intelligibilité historique généralement inconciliables : ceux de l'histoire-progrès, de la catastrophe et du récit généalogique. » Le roman est construit sur des antagonismes identifiables (Bleus-Blancs) → antithèse ténèbres (passé)/ lumière (avenir). Isomorphisme des violences, jusque dans les ordres : « Insurgez-vous. Pas de quartier » et « Point de grâce, point de quartier. » (Vendées). Mais parenté dans la violence n'est pas parité dans le crime : les horreurs racontées sont vendéennes (massacre Herbe-en-Pail), les républicaines = réplique « la terreur répliquait à la terreur ». Chez Hugo, pas de Contre-révolution, les deux « pôles du vrai » sont révolutionnaires : Gauvain l'idéaliste, Cimourdain l'inexorable = antinomie (contradiction entre 2 lois). Va et vient entre Histoire et utopie : risque pour la narration d'être dévorée par le discours et l'allégorie. Signification = arrêt du sens, signifiance = relance permanente du sens → « Les romans ne sont riches que de leur incapacité à parvenir à la plénitude apodyctique d'un Sens. » Ce qui sauve la R° c'est toujours la vision de l'H comme progrès, dont la rpz° figurale = ligne droite « en R° rien de plus dangereux que la ligne droite, Cim avançait devant lui, fatal. » →contradiction : le suicide de Cimourdain déroge à la loi et même suppose que son application suppose expiation. Le roman pose modèle d'Histoire pour mieux en indiquer les limites. 2nd paradigme : l'apocalypse, « on eut dit le chariot vivant de l'Apocalypse » = révolte de l'objetesclave, de la matière vs la Corvette = anticipation échec réaction royaliste. Massacre de la St Barthélémy = vision de l'apocalypse qui mix 2 inconciliables : la nécessité historique et l'horreur morale → crime sans criminel. 3e : fable généalogique, lien R°/filiation → G fratricide, Fléchard. Bataille de la Tourgue = Gauvain abandonne famille pour la F mais finalement médiation réconciliation famille/rév° → sauve Lantenac. R° = révolte vs plsrs paternités (roi,poq), Lantenac se transforme en père = sauvé → idéal. Pas d'univocité dogmatique du roman, « la mise en intrigue de 93 laisse se dessiner un paysage imaginaire plus complexe où prévalent les antinomies morales. »

B. Dépasser l'Histoire

Le temps dans 93 se « dramatise » au fil du roman : surabondance de précisions calendaires au début puis entrée dans « le temps romanesque » (J.Wulf) = saison, lumière. Recours aux mythes : Oreste, Atrides, mythe de Caïn → faute originelle de l'homme dont seul le roman peut montrer sa réécriture dans l'histoire, « le roman, c'est le drame hors cadre». Prisme déformant du roman, sélection & agrandissements, la Convention comme montagne. Pour Hugo en 1834 il reste un roman à faire « le roman à la fois drame et épopée, pittoresque mais poétique, réel mais idéal, vrai mais grand, qui enchâssera Walter Scott dans Homère » → paradoxes représentatifs esthétique hugolienne. 3 types de persos : persos fictionnels, persos historiques réels fictionnalisés « il y a des

h évènements, Robespierre et Danton sont de ces hommes là, ils personnifient les faits. », persos fictifs principaux Gauvin, Lantenac = incarnent potentiel historique/idéologique. Il y a un dépassement de l'histoire par le symbole : la première phrase est saturée de détails historiques → la dernière est exclusivement métaphorique. Le matériau historique est sacrifié à des valeurs transcendantes, honneur, amour, famille. Deux réécritures : dépassement rétrospectif, réécriture épique / dramatisation & dépassement prospectif = histoire telle que Gauvain la rêve, tentation contrefactuelle « et si ». Litté de 93 comme expérience de pensée : Hugo fait exister au sein d'un cadre historique la « variable » Gauvain qui meurt après avoir parlé → sa pensée lui survit et invite le lecteur à une expé de pensée. Pour Barthes, passé simple = indice de littérarité, impose un ordre aux évènements « aliénation des faits » qui rappelle leur fiction → l'écriture hugolienne = + libération qu'aliénation des faits, insiste sur la potentialité.

IV.Le romanesque hugolien dans 93 Système des personnages Isabelle Roche Character and meaning in Victor Hugo's novels, 2006, étude des persos → fonction conceptuelle et non psycho ; moyen de remise en cause de l'existant par leur refus d'accepter leur inclusion au monde ; utilisés pour compliquer les normes. Ils renforcent liens à l'inconscient collectif structuré par mythes : Cimourdain-Achille-Pygmalion. Héros d'Hugo ne sont pas épiques : fréquence des suicides, Giliate dans Les Wrs de la mer, Gauvain. Instance perso de l'adversaire qui a souvent une connex° prof avec le héros (Lantenac), ce n'est pas lui l'ennemi dans 93 : c'est le conflit entre idéaux révolutionnaires & réalités de la R°. Hugo subvertit le schéma romanesque tradi et renvoie les oppositions au héros qui devient lieu de conflits. Principe du double discordant, CimGauvain : double a tjrs système de pensée rigide et sont eux-mêmes discordants : mère et bourreau. « Gauvain pensif »= tension max, combat de l'exté vers l'inté, c'est la transfiguration du héros qui intervient après celle de son adversaire. Dans William Shakespeare Hugo expose 2 persos-type : le type tradi et le spécifiquement hugolien. Le tradi symbolique =Fléchard-maternité (relation primale « Hécuble aboya), Perruchette-innocence. Enfants= innocence + incarnation rapport sensuel au monde, leur L est divin. 2 types : le philosophe Tellmach « un peu médecin, un peu chirurgien, un peu sorcier. », mendiant avec une vision éthique en décalage → dans 93 l'enjeu de la philo se trouve dans persos ; et le poète Gauvain, lorsqu'il monte à l'échaffaud « ce lieu là est aussi un sommet » = transfiguration poétique, il est l'homme du rêve. William Shakespeare « Construire quoi, construire où, construire comment ? Nous répondons : construire le peuple, le construire dans le progrès, le construire par la lumière. ». Pas d'allégorie G

du peuple, + incarnations défractées. Dans partie sur la Convention il est ? de « monter jusqu'au peuple » ou encore « au fond le peuple c'est l'homme » → le peuple=terme de l'humanité. Peuple vendéen obscur, ignorant mais racheté aux yeux de l'Histoire car + victime qu'ennemi. Hugo dénonce + influence prêtres, Lantenac qui fait éloge d'analphabètes «C'est bien. Un homme qui lit ça gêne ! » Persos collectif = enjeux de l'oeuvre : le peuple, la Vendée, la Convention. 93 = histoire de la reconstruction familiale, « abolir la féodalité c'est fonder la famille » → Gauvain renoue avec concept de la famille politique vs Fléchard sur plan charnel. Le mal est la rupture des liens : G fratricide, « c'est plus que la G dans les patries, c'est la G dans les familles. Il le faut, et c'est bien. » Adoption des enfants par Radoub = reconstituer une famille républicaine. Personnages palimpstestes : intertextualité interne forte, Javert = prêtre Misérables Frelaud dans NDdP, confrontés à des rév°. F = ascétisme « rien de plus dangereux qu'un tel refoulement », prêtre a une humanité à compléter. Javert = h de la ligne droite et de la certitude aveugle. Hugo crée ses propres mythes.

Quatrevingt-treize, le lieu et le moment

77 chap, 14 hors temps = disgressions/discours. 43 le soir/nuit, roman nocturne, même ceux au jour sont nocturnes : épisode bois de la Saudraie « il y a toujours une sorte de soir. » Préface de Cromwell, l'espace = «cette sorte de personnage muet ». Lieux symbole : la Tourgue/enfance G/féodalité, cabaret/enfer. Place+ du paysage, tension guillotine vs nature gigantesque, montagneuse. Narration des paysages personnifiée par Tellmarch, hors de l'Histoire Le feu est un élément récurrent : détruit la maison de Fléchard, moy de destruction des Blancs & Bleus, destructeur mais esthétique fascinante « magnifique dorure de l'incendie ». Méfiance G vs la pensée → le marquis ne sauve pas les livres, « les livres font les crimes ». Coeur de la féodalité = foyer de l'incendie → échelle qui sauve enfants = rétablissement de la bibli vers l'exté, l'avenir. Pour Victor Brombert, le massacre = passage d'une pensée solidifiée à une pensée en mouvement, remise en circulation des idées « et le massacre se termina dans un évanouissement dans l'azur. » Inexorable : La Vieuville dit « ce qu'il nous faudrait pour gagner c'est le général Inexorable » mais Lantenac pas inexorable : il sauve les enfants. C'est Cim qui a « la puissance des inexorables » → « l'inexorable tenait l'impitoyable » Cim vs Lantenac, finalement inversion → Cim se suicide, Lantenac a pitié = symbolique démentie par la fabula. Chez Hugo opacité des signes « rien de plus doux qu'une fumée et rien de plus effrayant. », roman = mécanisme suspensif qui provoqe perplexité lectorale. J.W parle de « multiplicité polyphonique ».

Indistinction métaphorique qui semble s'appliquer à plusieurs réalités : dans la IIIe partie « la Vendée c'est la révolte-prêtre » mais Cimourdain aussi. André Meschonnic lorsqu'il parle des derniers romans d'Hugo : « ils sont indissociablement des questions poussées le plus loin que peut Hugo vers leur non réponse ». Ne pas donner de sens absolu, c'est déjà une idéologie politique → roman dialogique qui accueille les contraires. Roman = permet la dramatisation grâce à sa plasticité, permet esthétique de l'excès. Brombert, 1986, VH et le roman visionnaire → romans qui décentrent le sujet et donnent place à un univers polycentrique. Suremploi de l'oxymore = rappel nature conflictuelle fondamentale du monde.

V. Pouvoirs de la littérature hugolienne

A. Un roman qui pense une « idée narrative », Pierre Campion

« Raisons de la littérature : 93 de Victor Hugo », 2004 → lien entre symbolisme indéchiffrable et dynamique qui nous projette vers un sens plus abordable. Comment un roman provoque-t-il de la pensée ? 93 met en débat des postures mais le texte favorise l'indécidable, souvent position aporétique. Gauvain affirme puissance de l'idéal malgré avanies historiques, idéal comme aspiration pour le futur, « mon maître je ne suis pas un homme politique » → vision hors polq. Roman qui agit par réseaux d'image, par inférence lectorale (opération logique de construction de sens par le lecteur : ex ligne droite associée au négatif) et agit par dialogisme, genre structurellement ouvert. J.Wulf « il y emprunte les voies les + divergentes dans l'espoir de mieux donner la parole à tous. » Mécanisme romanesque est un anti-Cim, un anti-Lantenac. Enjeu cognitif et polq+ : le roman relance la pensée.

B. Le lecteur pensif

Dans ses 1ers romans Hugo développe idée de 2 lectures : naïve, pensive. Epitaphe d'Anne d'Islande : « ce que j'avais dit par plaisanterie vous l'avez lu sérieusement. » = invite à relecture, pour « démêler sous le roman autre chose que le roman. » Stratégie textuelle pour provoquer chez lecteur → alternance des focales : narrateur démurge, suromniscient ; parfois ignorance narratoriale (intériorité de Lantenac perdue durant le sauvetage = illusion autoie monde fictionnel). Le lecteur doit relier ce que le narrateur dit et ne dit pas. Alternance régimes narratifs : chap descriptifs sur Convention/Vendée= brisent impatience syntagmatique de la lecture, attente suite. Le lecteur doit rester actif. D'ailleurs, Hugo attribue l'échec de L'Homme qui rit : « J'ai voulu abuser du roman, j'ai voulu forcer le lecteur à penser à chaque ligne. »

VI.

Au-delà du roman

Quatreving-treize = « écriture par excroissance broussailleuse » → trame initiale mince, roman qui se détache+ de la fabula, visions déconnectées de forêt/océan.

La réflexivité d'un roman monde

93 = roman sur le roman qui se constitue en monde comme champ de forces contraires → écriture des contraires, livre en homologie avec ce dont il parle. « La brise devenait bise », paronomas, « toute la mer est une embuscade » → embuscade lectorale du bois de la Saudraie. Hugo adopte volontiers une posture morale par x° formules sentencielles, / esthétique de la brevitas propre à la rhétorique. Parole aphoristique = dramatisation diégétique « rien de plus inexorable que la colère inanimée », « On est pas héros contre son pays. » Phénomène de double-énonciation dans la brevitas : les persos parlent comme le narrateur hugolien. Reliquat de William Shakespeare : « A qui n'interroge pas tout, rien ne se révèle. »...


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