Fiche de lecture Le Roman de la Rose PDF

Title Fiche de lecture Le Roman de la Rose
Course Littérature S2
Institution Université Paul-Valéry-Montpellier
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Fiche de lecture "Le Roman de la Rose"...


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Le Roman de la Rose, Guillaume de Lorris vers 46-2074 FICHES DE VOCABULAIRE

ACOINTABLE ÉTYMOLOGIE Adjectif. Vient du latin populaire * accognitum, lui-même issu de accognoscere « reconnaître ». SENS EN ANCIEN FRANÇAIS 1° Familier, ami 2° Amant 3° Acointe : « il plaît, il convient », donc en adjectif « plaisant ». SENS DANS LE TEXTE [1243] Acointables et biaus parliers. Sens 3. SENS EN FRANÇAIS MODERNE Les sens en ancien français ont disparu. PARADIGME MORPHOLOGIQUE Acointe, adj. : familier, ami ; amant. [v. 589] « Privee sui mout et acointe // De deduit le mignot » Acointier : 1° faire connaissance de , aborder, avoir affaire à. 2° Faire connaître, apprendre. 3° Prévenir. 4° Avoir des relations avec. 5° Acointe (impers.) « il plaît, il convient ». Acoint, n.m. : XIIe Acointement, XIIIe Acointance, n.f. : 1175. [ v. 1116] « Pour ce amoit il mout l’acointance » Acointise, n.f. : XIIe, 1° accueil, rencontre, fréquentation, 2° familiarité, amitié, commerce amoureux. PARADIGME SÉMANTIQUE

AFAIRE ÉTYMOLOGIE Substantif masculin puis féminin, attesté au XII ème siècle, est formé de la préposition a (issu de ad) et de faire issu de facere « placer, poser », « causer », « travailler » « faire artificiellement ». Il signifie « ce qui est à faire ». SENS EN ANCIEN FRANÇAIS 1° Substantif polysémique : « ce que l’on a à faire », donc « situation, événement ». 2° Glissement de sens : « embarras, difficulté ». 3° Il désigne aussi le « rang, mérite, la valeur, la dignité, l’honneur » d’une personne. 4° Questions sentimentales et galantes au sens de « aventure amoureuse ». 5° Sens de « conduite, comportement, caractère, façon, façon d’être, condition, naturel », « vie, histoire de quelqu’un ». Au pluriel, affaires signifie « l’ensb des choses, de faits concernant qqn, un grp de prsnes » ou encore « les objets personnels ». 6° Il peut désigner le « voyage » dans l’expression appareillier son afaire. SENS DANS LE TEXTE « Mes mout viez et de povre afaire » v. 220. « De grant pris et de grant afaire » v. 1016. « Me mout embelissoit l’afaire » v. 1397. « Que j’oi tout l’afaire et tot l’estre » v. 1415. SENS EN FRANÇAIS MODERNE 1° Par spécialisation « ensb de choses, de faits concernant qqn, ou un grp de prsn » puis « ce qui a pour objet les intérêts publics », « l’ensemble des activités économiques » au XVIème. 2° Au XVIIème siècle « entreprise commerciale ou industrielle ». 3° Au pluriel, l’expression affaires étrangère,s ensemble des questions d’intérêt public. 4° « Ensb de faits créant une situation embrouillée ou constituant des embarras ». Par extension, « procès, litige ». 5° Sur le plan individuel, la signification ancienne des « objets personnels » est reprise au XIXème siècle. par euphémisme pop., désigne aussi les règles d’une femme (v 1793). 6° Il a, outre ces sens médiévaux et postérieurs, en français moderne, le sens de « transaction, convention, marché » et est très employé dans des expressions comme avoir affaire à qqn ou avec qqn, ou faire affaire avec qqn. 7° L’acception médiévale relative à la galanterie est aujourd’hui archaïque. PARADIGME MORPHOLOGIQUE Affairement, XIIème ; Affairé ; Affairement ; S’affairer ; Affairisme ; Affairiste. PARADIGME SÉMANTIQUE Sens étymo : // aventure. Sens 2° encombre et encombrement , déverbaux de encombrer et de son paradigme, et de besoing. Dans le sens suivant de honor, los, pris, merite.

AFAITIER ÉTYMOLOGIE Du latin populaire *adfactare, dérivé de factare, fréquentatif de facere « faire ». Il signifie « mettre en état ». SENS EN ANCIEN FRANÇAIS 1° Dès le XIème siècle, le verbe signifie « arranger, mettre en ordre ». CS des préparatifs. 2° Au XIIème siècle, il veut également dire « dresser » (pour un chien, un faucon…). 3° Sens de « panser » une plaie ou blessure. 4° Puis il prend le sens très général de « faire », « façonner », « préparer ». Le participe passé affaitié, XIIème, est très usité en AF et a souvent le sens de « préparé », « ornée », voire « instruit ». La construction pronominale du verbe signifie « se mettre en état de ». SENS DANS LE TEXTE /[1578] Li plus preu, li plus afaitie /[1579] I sont tost pris et mestier /[1003] De soi tifer ne afaitier. /[1004] Les chevous ot blondes SENS EN FRANÇAIS MODERNE 1° Sous la forme graphique affaitier, puis affaiter, le verbe s’est spécialisé en architecture avec le sens de « préparer », « ajuster ». 2° Vieilli dans la langue courante, il demeure un terme de fauconnerie dans le sens« d’apprivoiser » et il est utilisé en tannerie pour signifier l’action de préparer les peaux. 3° Régionalement, en Normandie, il signifie « assaisonner » la salade ou un plat. PARADIGME MORPHOLOGIQUE Afaiture, subst., XIIème : « action de faire ». Afaitement, XIIème : « action de préparer, d’arranger quelque chose », « action de dresser ». Afaiteur : « dresseur d’animaux », « personne qui confectionne quelque chose ». Afaitiement, adv., XIIème : « élégamment ». enseignies /[1280] Et gent de bel afaitement /[1281] Estoient tuit communement PARADIGME SÉMANTIQUE 1° Conreer. 2° Duire, drecier (XIème), aprivoisier. 3° Ovre, ovrer. Appareillier.

AFFUBLER ÉTYMOLOGIE Verbe transitif, altération ancienne (1080) d’une forme * afibler, du latin tardif affibulare, composé de ad- et de fibula « agrafe » (fibule). On trouve aussi afluber par métathèse. SENS EN ANCIEN FRANÇAIS 1° « Couvrir (d’un vêtement de dessus) », « se couvrir de » (affubler un manteau, 1200), remplacé par s’affubler de (XIIème). 2° Emplois figurés comme « imposer », affubler qqch à qqn. Très courant et de nombreux dérivés jusqu’au XVIème siècle. SENS DANS LE TEXTE [451] « Et n’avoit plus que affubler. » Sens 1°. SENS EN FRANÇAIS MODERNE La valeur péjorative se manifeste avec les emplois figurés, tels affubler qqn d’un nom (1601), s’affubler de qqn « s’en enticher », puis affubler qqn de ridicule (1834), emplois disparus. Au sens concret, le transitif et le pronominal deviennent péjoratifs au XVIIème siècle, depuis lors, le pronominal et le passif sont plus courants. PARADIGME MORPHOLOGIQUE Affublé, ée, adj. : emploi au figuré pour « entiché, amoureux » puis au sens de « accoutré ». Affublement, n.m. : « vêtement » puis à la suite du verbe devient péjoratif ou comique (1701). Il est rare par rapport à accoutrement. PARADIGME SÉMANTIQUE

AFICHIER ÉTYMOLOGIE Verbe transitif, composé ancien (1080) de ficher*. Ce verbe avait pour déverbal affiche ou affice désignant ce qui sert à fixer. SENS EN ANCIEN FRANÇAIS 1° Fixer, consolider dans un endroit contre quelque chose. 2° Planter en terre, 1180. 3° Attacher, accrocher. 4° Affirmer. 5° S’obstiner. SENS DANS LE TEXTE [v. 1052] « Que je vous di bien et afiche ». Sens 4°. SENS EN FRANÇAIS MODERNE 1° « Apposer et fixer (un texte officiel, un édit) », apparaît au XVIème siècle et vient du sens pris par le déverbal affiche. 2° Par extension, afficher a signifié en 1690 « dire, faire savoir publiquement ». Sens disparu alors que « montrer publiquement, faire étalage de » (1740) est resté en usage, comme le pronominal s’afficher « se montrer avec ostentation ». 3° Le sens propre s’emploie aussi absolument dès le XVII ème siècle, par exemple dans l’avis officiel défense d’afficher. 4° Le verbe, moins courant en publicité qu’affiche, prend sa valeur moderne au début du XIXème siècle. PARADIGME MORPHOLOGIQUE Afiche, n.f. : 1204, boucle, agrafe. Afiquet, n.m. : XIIIe, agrafe. Affichage PARADIGME SÉMANTIQUE

AMANT/ AMANZ ÉTYMOLOGIE Nom masculin, dérivé de la forme ancienne amer (elle-même issue du latin amare « aimer »), et peut-être conservé à cause de la rencontre homonymique avec aimant*. SENS EN ANCIEN FRANÇAIS 1° « Celui qui a de l’affection, ami* », vers 1130. 2° Par spécialisation « celui qui aime et est aimé (d’une femme) », vers 1160. 3° Le pluriel amanz désigne un couple lié par un amour partagé. SENS DANS LE TEXTE Amant : [v. 1462] « Quel duel ont li loial amant /[v. 1463] Que l’en refuse si vilment » « qui ne consant /[v. 1840] A nul amant qu’il se repente /[v. 1841] D’amors » Amanz : « a devise: /[867] C’est cil qui les amanz jutisse / [868] Et qui abat l’orgueil » « a ses mains /[1852] Por les fins amanz conforter / » [2040] « Que je commanz aus fins amanz. » SENS EN FRANÇAIS MODERNE 1° Au pluriel, le mot désigne jusqu’à la fin du XVII ème siècle des personnes qui aiment, qu’elles aient ou non des relations sexuelles. 2° À partir du XVIIIème siècle, le masculin suppose des relations sexuelles hors mariage. PARADIGME MORPHOLOGIQUE Aimer Aimable Aimablement PARADIGME SÉMANTIQUE Ami amour Ennemi Amoureux

AMI, IE ÉTYMOLOGIE Issu du latin amicus, i, m. « ami » et « amant, maîtresse », vient du verbe amare. SENS EN ANCIEN FRANÇAIS En ancien français le mot peut s’articuler avec amour. 1° « Amant », (XIème) 2° Sens de « parent » (v. 1050). 3° Valeur érotique et amoureuse, surtout au féminin. 4° Le féminin a les deux valeurs : amitié et amour. terme important dans le vocabulaire courtois. 5° Personnes liées par intérêt ou qui s’aident, depuis les XIII ème et XIVème siècles. SENS DANS LE TEXTE Ami : « [851] Et por baisier son ami preste, » « [1142] Son ami pour son grant service. » Amie : « [828] Li ot s’amie fait .i. chapel / » « [830] Et savez vos qui iert s’amie? / » « [1182] Ou il ot faite por s’amie / » « [1247] Et de s’amie bien amez. » « [1275] Com s’amie et d’autel corage. » « [1297] Qu’avoir amie a son devis. » Amies : « plusor s’en aloient /[1290] Ou lor amies ombroier /[1291] Souz ces arbres » Amis : « [688] Bien deüsse i estre ses amis, / » « [783] « Biaus amis, que faites vos la? / » « [862] De quoi ses amis avoit robe, » « [1108] Qui fu ses amis veriteus. » « [1150] Car il n’a pas d’amis plante / » « [1152] Mes qui amis voura avoir, / » « [1154] Mes par biaus dons amis aquiere, / » « [1265] Ses amis fu de li privez / » « [1505] Qui vers vos amis mesprenez, » « [1957] «Amis, fait il, j’ai mes homages / » SENS EN FRANÇAIS MODERNE 1° Sens de « amant » a perduré jusqu’au XVIIème siècle. 2° Sens de « parent » a disparu avant l’époque classique. 3° La valeur érotique et amoureuse perdure en français moderne. 4° La valeur courtoise d’amie est sortie d’usage après le XVIIIème siècle. 5° Le sens de « personnes liées par intérêt ou qui s’aident » perdure. PARADIGME MORPHOLOGIQUE Amistiee : « [1200] Qui fust destroiz por s’amistiee, /[1201] Tost en eüst, ce cuit » Amiable : « pitable /[1203] Et si douz et si amiable /[1204] Que, se nus por li maltraissist » PARADIGME SÉMANTIQUE AMIABLE

ÉTYMOLOGIE Adjectif issu du bas latin amicabilis, dérivé de amicus ou de amicare. En relation avec ami, il redouble le dérivé de aimer, aimable. SENS EN ANCIEN FRANÇAIS 1° L’adjectif a signifié « agréable, plaisant » (XIIème), surtout « amical, bienveillant » et « doux » à propos des personnes et des choses. 2° « Amical, aimable ». SENS DANS LE TEXTE [1203] « Et si douz et si amiable /[1204] Que, se nus por li maltraissist » SENS EN FRANÇAIS MODERNE 1° Au XVIème siècle, « aimable ». 2° Il sort d’usage au XVIIème siècle, sauf en médecine, où il se dit pour « salutaire à l’organisme, digeste ». Emploi propre au XVIème et XVIIème siècles. 3° Dans le domaine juridique, a trait à des accords et négociations non contentieuses, « amicales ». L’expression à l’amiable, qui vient du contexte juridique, est entré dans l’usage courant au XIXème siècle. PARADIGME MORPHOLOGIQUE Amistiee : « [1200] Qui fust destroiz por s’amistiee, /[1201] Tost en eüst, ce cuit » Amie, ami, amies, amis. PARADIGME SÉMANTIQUE

AMISTIEE ÉTYMOLOGIE N.f. issu d’un dérivé tardif non attesté de amicus, dont l’existence est assurée par une série de mots romans : ancien français amistet, catalan, espagnol amistad, , portugais, occitan. La forme moderne est d’abord amistié (1170) réfection de amistet , du latin populaire *amicitas, atis, altération de amicitia, « amitié », mot séparé de la notion de amor et dérivé de amicus. SENS EN ANCIEN FRANÇAIS Amitié, amour, valeurs érotiques et sentimentales fortes. SENS DANS LE TEXTE « [1200] Qui fust destroiz por s’amistiee, » SENS EN FRANÇAIS MODERNE 1° Évolution en supprimant valeurs érotiques pour « relations sociales affectives ». PARADIGME MORPHOLOGIQUE Amiteux, euse PARADIGME SÉMANTIQUE

AMOR ÉTYMOLOGIE Mot latin dérivé du verbe amare (>aimer) comme amicus (> ami), équivaut aux mots et aux concepts grecs distincts de erôs et philia « amour (physique et sentimental) » et « amitié » ; c’est un nom de genre animé, souvent personnifié en nom de dieu. SENS EN ANCIEN FRANÇAIS Concurrence avec amitié*, exprime toutes les nuances fortes de l’affection. 1° Amour de Dieu, amour maternel, filial… 2° Amour entre les sexes différents. 3° Sentiment de fidélité. 4° Objet de l’amour, personne aimée. SENS DANS LE TEXTE « [834] Quant de s’amor li fist otroi. » « [901] Amor avoit.i. jovenciau » « [986] Li dieus d’amor se fu bien pris: » « [1027] Por l’amor de li deservir. » « ce ot ele a sa devise /[1144] L’amor des povres et des riches. » « [1301] Et li dieu d’amor apela » « [1445] S’amor ou ele se morroit. » « [1459] Et eschaufez de tele amor » SENS EN FRANÇAIS MODERNE 1° Certaines valeurs affaiblies et plus abstraites se maintiennent et se développent en relation avec aimer, dont amour est senti comme la substantivation. PARADIGME MORPHOLOGIQUE Amoreus Amorette Amant PARADIGME SÉMANTIQUE

AMORETE ÉTYMOLOGIE Nom féminin attesté au XIIème siècle. SENS EN ANCIEN FRANÇAIS 1° « Amour sans passion, mais a d’abord constitué un diminutif affectif, au sens fort du mot amour. 2° Sens métonymique de « femme aimée ». SENS DANS LE TEXTE « Li dieu d’amors, qui depart /[866] Amorete a a devise: » « de floretes /[878] Faites de fines amoretes; /[879] A losenge et a escuciaus » SENS EN FRANÇAIS MODERNE 1° Emploi peu usité. 2° Emplois figurés disparus sauf « testicule (des animaux comestibles, mammifères, coqs, etc.) » (1836) et pour des raisons moins évidentes aourettes qui désigne aussi la moelle épinière (de bœuf, veau, mouton), à moins que ces valeurs ne relèvent de l’homonyme amour. Aux Antilles françaises, en Guyane, le mot désigne plusieurs arbres locaux, dont le bois est utilisé en ébénisterie. PARADIGME MORPHOLOGIQUE PARADIGME SÉMANTIQUE

AMOREUS ÉTYMOLOGIE Adjectif senti comme dérivé de amour, est issu d’un dérivé latin tardif amorosus. La forme ancienne amareus (1206) a été refaite d’après amor puis amour en amoureux. SENS EN ANCIEN FRANÇAIS 1° « Enclin à l’amour » et, objectivement « qui inspire l’amour au sens large »c’est-à-dire « charmant, attachant, aimable », et « aimé de quelqu’un » 2° Par extension, dès le XIIème siècle, l’adjectif s’applique aussi à ce qui concerne, puis à ce qui exprime, dénote l’amour et à ce qui rend amoureux. 3° Substantivé au féminin, amoureuse signifiant « maîtresse, concubine », le mot fonctionnait comme nom au masculin depuis le XII ème siècle. Emploi jugé rural et archaïque à la fin du XVIème. SENS DANS LE TEXTE « estoie ce sonjoie,/[48] Ou tens amoreus pleins de joie,/ [49] Ou tens » « genz antendre/[79] A estre gay et amoreus,/[80] Pour le tens bel et doucereus » SENS EN FRANÇAIS MODERNE 1° Sens premier éliminé au profit du sens subjectif du mot vers le XV ème siècle. 2° Les valeurs du sens 2° restent dans l’usage moderne, alors que celles qui correspondent au sens ancien de amour « attachement, amitié », ont disparu. 3° À l’époque classique, distinction entre l’amant qui aime et qui est aimé, et l’amoureux qui ne l’est pas. PARADIGME MORPHOLOGIQUE Amorete : « Li dieu d’amors, qui depart /[866] Amorete a a devise: » Amoretes : « [878] Faites de fines amoretes; » Amors. Amant. PARADIGME SÉMANTIQUE

ANEMIE ÉTYMOLOGIE Du subst. et adj. latin inimicum, antonyme d’amicum (> ami), qui signifie « ennemi privé » par opposition hostem, « l’ennemi public » (> ost en AF > hostile, hostilité…) et « funeste, contraire » en tant qu’adj.. Dès la période latine et particulièrement en latin chrétien, le sens d’ inimicum se généralise et peut désigner directement et explicitement le « démon ». SENS EN ANCIEN FRANÇAIS 1° En AF, le terme est d’abord un subst. et employé dès les 1 ers textes (fin XIème ou début XIIème) avec le sens « d’ennemi privé », « celui qui vous veut du mal ». Le sens étymologique. 2° En 1080, le mot prend au pluriel le sens de « ceux contre lesquels on est en guerre ». 3° Déjà présent en latin chrétien, la langue médiévale reprend volontiers le sens de « diable ». Il produira plus tardivement un adjectif, enemie au sens de « diabolique ». SENS DANS LE TEXTE li taigne/[259b] A cui ele ne soit anemie/[259c] Car certes ele ne vouroit SENS EN FRANÇAIS MODERNE 1° Le terme désigne aujourd’hui une « personne qui est haïe par quelqu’un » tout autant qu’une « personne qui cherche à nuire » et plus généralement « qui a de l’aversion pour qqn ». 2° Par métaphore, le féminin s’emploie à l’époque classique dans une belle ennemie, à propos d’une femme qu’on aime mais qui ne répond pas à cet amour. 3° Dans un emploi collectif, on étend l’acception « ceux contre lesquels on est en guerre » présente en AF à « les ennemis » (1549). 4° Le sens de diable s’est substitué à l’ennemi du genre humain (1607). Le nom désigne parfois la mort, le temps, qui détruisent l’homme. C’est cette valeur que l’on retrouve dans l’expression : c’est toujours ça (ou autant) de pris sur l’ennemi. Furetière atteste que le sens de « diable » subsiste encore jusqu’à la fin du XVIIème siècle dans des expressions comme estre tenté par l’ennemi, acception disparue de nos jours. 5° Avec une valeur forte, on relève ennemi de l’État (1694) et, au XXème siècle, ennemi public (attesté en 1901, Zola) « personne hostile à la société et qui, de ce fait, représente un danger pour la communauté ». PARADIGME MORPHOLOGIQUE Anemistié, XIIème, dans le sens « d’inimitié », « hostilité ». PARADIGME SÉMANTIQUE Satan, Xème : « esprit du mal » < hébreu « adversaire » = « diable », « démon », « être malfaisant ». Satenie, XIIIème« le royaume de Satan, l’enfer ». Deable Adversaire, Fe / fed.

ANGOISSE ÉTYMOLOGIE Subst. issu du latin angustiae, formé sur l’adjectif angustus « étroit », du verbe angere « serrer, étrangler », puis « faire souffrir, tourmenter », signifiant « étroitesse », puis « défilé resserré », « difficulté, état de gêne », « situation critique », et même au singulier angustia, « concision dans l’expression ». En latin chrétien, angustia prend le sens de « tourment ». SENS EN ANCIEN FRANÇAIS 1° Le subst. garde le sens étymo concret et locatif de « défilé étroit, lieu resserré ». 2° Il peut prendre le sens de « suffocation, étranglement, étouffement ». 3° Le sens le plus courant est celui de « tourment, souffrance, inquiétude, peine morale » ; il peut désigner aussi « la souffrance et la douleur physiques ». Il forme souvent binôme synonymique avec dolor. 4° Il peut prendre le sens de « violence, colère », ou celui « d’impulsion, instigation ». SENS DANS LE TEXTE « Il ot angoisse en la pointure » v. 1874. « Destroiz fui et mout angoisseus » v. 508. « Angoisseus fui mout et troblez. » v.1718. « Et quant li maus plus m’angoissoit » v. 1750. SENS EN FRANÇAIS MODERNE 1° Sens moderne correspond au sens du latin chrétien « angoisse, tourment ». 2° Désigne un malaise physique , une oppression et un état pénible, attesté depuis Chrétien de Troyes jusqu’à nos jours. 3° La notion d’anxiété, serrement de l’épigastre, est définie au XVIIIème siècle. 4° Au XXème siècle, le mot a pris des valeurs philosophiques (Kierkegaard) et est employé par la psychanalyse. PARADIGME MORPHOLOGIQUE Angoissement et angoisserie, subst., XIIème : concurrencent angoisse avec les mêmes acceptions. Angoissos / -eus, XIème : « qui souffre physiquement » ou « qui souffre moralement, inquiet, tourmenté », binôme avec doloreus ; « violent, cruel » ou « impatient, pressant ». Angoisseusement, Angoissier, v., XIème : « serrer de près un ennemi, un animal que l’on chasse », « tourmenter », « éprouver du tourment, de l’inquiétude ». PARADIGME SÉMANTIQUE Duel/ deul, Xème : « grande douleur psychologique et morale ». Dolor, XIème : « souffrance aussi bien physique, causée par une blessure, que morale, mais à un degré moindre que duel ». Corroz, Xème, déverbal de courroucier. Ire, Xème , Iror, XIème, Peine, subst. « rançon destinée à racheter un meurtre », « réparation, punition, châtiment », puis « souffrance, chagrin, peine ». Enui / e...


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