Fiche Grammaire La fonction sujet PDF

Title Fiche Grammaire La fonction sujet
Author Kévin Bonnel
Course Lettres
Institution Université de Pau et des Pays de l'Adour
Pages 5
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Summary

Fiche Concours CAPES Lettres...


Description

Grammaire Introduction: La fonction sujet, en français moderne, est une fonction obligatoire qui accompagne toujours le verbe. Dans le cadre de la phrase canonique à pivot verbal, c'est la seule fonction nécessairement présente (le verbe n'exerce pas de fonction, il est l'élément central autour duquel se forment et se marquent les fonctions). La fonction sujet n'est, normalement, pas effaçable, et difficilement déplaçable. Elle n'est pas une fonction spécifique (elle apparaît avec tous les verbes) et n'appartient pas au syntagme verbal (dans une analyse en constituants immédiats, le SN sujet se situe au même niveau que le SV où SN+SV=Phrase. Sémantiquement, le sujet est ce dont on parle dans la logique classique qui oppose sujet à prédicat (ce que l'on dit du sujet). Cette distinction recoupe largement la dichotomie thème/propos, rhème. Dans les grammaires traditionnelles, le sujet est "l'être ou la chose qui subit l'action exprimée par le verbe ou qui est dans l'état exprimé par le verbe". Cette définition, trop limitative, alimente une confusion entre sujet de la phrase et rôle sémantique d'agent d'un procès. Or, le sujet peut avoir d'autres rôles sémantiques comme celui de siège animé d'un processus physique (il rougit), de locatif, de bénéficiaire… Et cette fragilité de l’approche sémantique tend déjà à augmenter l’importance d’un lien morphosyntaxique entre le sujet et le verbe. Au niveau syntaxique et morphosyntaxique, le sujet se caractérise d'une part par sa place dans la phrase (en premier plan généralement, voir infra I), mais surtout par la relation morphologique qu'il entretient avec le verbe. C'est en effet le sujet qui impose l'accord en personne et en nombre du verbe (voire en genre lorsque le verbe est conjugué avec l'auxiliaire être); et cela y compris lorsque la construction est impersonnelle (il pleut: le il impersonnel impose la troisième personne du singulier au verbe). Ce phénomène morphosyntaxique souligne le caractère de cohésion entre le sujet et le verbe, et entraine un questionnement sur la caractérisation d'une fonction sujet pour les formes participiales ou infinitives du verbe. Le sujet est le terme qui sert de réponse à une question introduite par qui ou que. Il faut manipuler cette question avec précaution (un syntagme animé objet direct ou attribut peut également répondre à une question introduite par qui? Cela rend les critères précédents, en particulier le critère morphosyntaxique, d'autant plus important pour la détermination de la fonction sujet). Et nous pouvons signaler que seul le sujet accepte l'extraction par la tournure présentative c'est…qui… (Le mal est réparé/ C'est le mal qui est réparé). Quel type de sujet est-il privilégié ici et comment est-il exprimé, dans ces rapport aux autres syntagmes, dans sa place dans la phrase? Nous verrons donc comment le sujet est utilisé dans ce texte dans sa forme générale et classique, et comment ces liens morphosyntaxiques et sémantiques s'expriment, y compris dans des constructions particulières (postposition du sujet), et problématiques.

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Grammaire Après avoir relevé les occurrences des fonctions sujet dans le texte, nous les classerons tout d'abord selon le cas général, en distinguant les natures de sujets, puis en mettant en lumière le cas particulier de la postposition, ainsi que les interrogations découlant de certains cas délicats. I/Cas général Le sujet est le plus souvent antéposé au verbe, et apparait en général en tête de phrase. La phrase française se caractérise par l'ordre SujetVerbe-Objet, du moins si les fonctions sujet et objet sont exercées par des noms. Le sujet peut se pronominaliser ; les pronoms personnels et relatifs offrant une survivance de déclinaison latine, ils possèdent des formes propres à la fonction sujet. La fonction sujet est obligatoire en français moderne: tout verbe, à un mode personnel, est accompagné d'un sujet. Dans des phrases à pivot verbal transitif direct, le sujet de la phrase active devient le complément d'agent de la phrase passive correspondante. Le sujet appartient à la catégorie générale des constituants nominaux: 1/Le sujet est un nom ou GN (Jean est arrivé/ Le secrétaire général de l'association assistera à la réunion) 2/Le sujet est un équivalent du nom A/Pronom (Ils assisteront à la réunion/ Certains n'assisterons pas à la réunion) B/Infinitif nominal (Démissionner fut la solution) C/Proposition subordonnée conjonctive (Qu'il démissionne sur le champ serait la meilleure solution) D/Proposition subordonnée relative substantive (Qui vivra verra) II/Cas particulier: La postposition du sujet L'ordre progressif GN-GV peut subir des modifications qui ont pour effet de déplacer le sujet dans une position autre que celle qu'il occupe dans la phrase canonique. La postposition peut être nominale (Dans ce camp avaient trouvé refuge plusieurs milliers de sinistrés) ou uniquement pronominale (M'en aurait-il proposé plus que j'aurais refusé/ Avez-vous du feu ?) ; et peut avoir un qualificatif d'inversion dite complexe (Le danger serait-il plus grand encore, je ne reculerais pas) où le sujet nominal conserve sa place mais est repris après le verbe par une pronominalisation.

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Grammaire Si elle s'effectue toujours dans des cadres syntaxiques bien déterminés, l'inversion du sujet correspond toutefois à deux fonctionnements radicalement différents : d'une part il s'agit d'un conditionnement syntaxique significatif ; d'autre part l'inversion apparait comme le terme marqué d'une variante purement stylistique. 1/Rôle syntaxique de la postposition A/Modalité interrogative inversion pronominale toujours possible en interrogation directe (vient-il?), jamais en interrogation indirecte (Je ne sais pas s'il vient) inversion nominale exclue, en interrogation directe ou indirecte totale (Vient Paul? J'ignore si vient Paul), possible en partielle (je me demande où va notre argent/ Qu'en pensent vos collègues?) B/Autres modalités phrase exclamative: possible, jamais obligatoire (Combien de refus a-t-il dû essuyer!) périphrases verbales, limitées à quelques verbes au subjonctif (Advienne que pourra/ Vienne la nuit, sonne l'heure) certains types de discours, notamment scientifique (Soit un triangle rectangle…) C/Propositions incises .en particulier dans le langage littéraire (Il viendra surement, affirma Pierre), la postposition signale ici un décrochage syntaxique et énonciatif. D/Propositions subordonnées Dans les propositions subordonnées autres que complétives, seule l'inversion nominale est possible, à la condition que le verbe n'ait pas d'objet ou d'attribut postposé qui le sépare du sujet postposé (la voiture que conduisait ce pilote a été déclassée) E/Après un modalisateur de discours (Sans doute le titre étaitil mal choisi/ Bientôt arriva le premier invité/ Telle était la situation…) 2/Rôle stylistique de la postposition La postposition du sujet peut avoir une valeur uniquement stylistique, soit pour garder une rythmique majeure (J'aime ce livre qu'à écrit cet auteur célèbre), et donc garder des syntagmes importants pour la fin de la phrase; soit pour une recherche de continuité thématique et/ou d'expressivité (verbes et attributs en tête de phrase: Vint l'Hiver/Tendre est la nuit) III/Cas problématiques:

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Grammaire Le sujet zéro : le sujet non exprimé Une condition nécessaire mais non suffisante est que le contexte linguistique ou la situation de communication permettent de restituer ce sujet non exprimé. En dehors du cas de l'impératif, nous pouvons traiter du cas de la langue orale, qui réalise l'ellipse de sujets référentiellement vides ou de locutions impersonnelles (Fallait le dire/ Pas question de rester ici). Puis de certains cas particuliers: sujet coréférentiel au sujet d'un verbe qui lui est relié syntaxiquement (Jean ramassa ses affaires, mit son chapeau et sortit); ou un sujet exprimé dans un contexte immédiatement antérieur (Comment trouves-tu ce livre? Ennuyeux), ou dans un cotexte au sens large (Excellent!/ Arrive demain soir/ Cet arbitre a la réputation de laisser jouer) Le sujet réel ou apparent? Le pronom impersonnel il est référentiellement vide, il répond toutefois aux critères de place et d'accord. Pour les verbes essentiellement impersonnels, la grammaire classique oppose sujet apparent et sujet réel (il tombe une neige épaisse: le sujet est-il il, sujet apparent, ou une neige épaisse, considéré alors comme sujet réel?). D'autres grammaires ne reconnaissent pas cette distinction, le sujet réel se rapprochant ici d'un complément, et parlent alors de "séquence du verbe impersonnel", ou "séquence impersonnelle". A noter que si ces séquences sont déplaçables sous forme de sujet (Une neige épaisse tombe), ce n'est pas le cas avec le verbe falloir, toujours accompagné d'une séquence que l'on ne peut déplacer. Cas de constructions syntaxiques particulières .Cas du présentatif (c'est, il y a, voici, voilà) Les présentatifs sont ici considérés comme un morphème unique, où le verbe exprimé n'est pas le pivot central de la phrase et que l'on ne peut décomposer (il+y+a = morphème unique ≠ pronom sujet+adverbe+verbe). Ex: il y a un reproche dans sa voix Les grammairiens s'interrogent sur le statut à attribuer au SN qui suit le présentatif. Certains y voient un régime du présentatif, d'autres un COD, d'autre simplement un thème (à un niveau d'analyse plus logique que syntaxique) Cas de l'impératif Pour la plupart des grammairiens, la phrase impérative ne comporte pas de sujet explicite ; seule apparait la marque de personne sur le verbe. Ainsi, pour la 2e personne du singulier (dont la marque n'apparait

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Grammaire qu'à l'écrit), on parle de morphème à signifiant zéro ; et pour les autres personnes, le sujet est alors un morphème dont le signifiant se réduit à la marque de personne sur le verbe . Le sujet est donc bien présent même si totalement implicite : il ne s'exprime et ne se comprend que par la marque flexionnelle du verbe. Cas de l'infinitif La question est légitime, car même si un sujet semble exprimé, le mode infinitif ne porte aucune marque de personne. Pour la grammaire générative toutefois, tout infinitif possède un sujet propre, même en l'absence d'un sujet distinct exprimé. (Pour une phrase de type: il regarde sans pouvoir se détourner; certains grammairiens parlent de cumul des fonctions sur un même morphème, le sujet du verbe principal assurant également la fonction sujet de l'infinitif). Toutefois, au regard de notre définition (le sujet est ce qui commande l'accord du verbe), il reste discutable de parler de sujet pour de formes verbales qui ne s'accordent pas: nous parlerons alors de support agentif, ou encore de contrôleur de l'infinitif. .Cas du participe Comme l'infinitif, le participe ne porte aucune marque de personne. L'analyse est la même. Conclusion: Il peut être intéressant ici de repérer les occurrences de formes de sujets (GN, pronoms?), et d'en déduire les rapports déictiques qui en découlent (je vs tu? Insistance sur l'identité?). Nous pouvons ainsi mettre en avant la relation des sujets (personnages la plupart du temps) entre eux, avec leur environnement; et dans quel type de discours ceux-ci sont exprimés.

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