LE Commentaire DE Cartes Topographiques PDF

Title LE Commentaire DE Cartes Topographiques
Author mathieu Arman
Course Histoire contemporaine
Institution Le Mans Université
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Summary

Méthodologie ...


Description

LE COMMENTAIRE DE CARTES TOPOGRAPHIQUES Par Arnaud GASNIER Maître de Conférences de géographie et aménagement Université du Maine, Le Mans Introduction Le commentaire de carte topographique est un exercice classique en géographie et omniprésent aux concours de l’enseignement secondaire (Capes – Agrégation). La maîtrise de cet exercice est également utile aux étudiants qui se destinent aux professions de l’aménagement et du développement local. Il n’y a pas que les militaires qui savent lire les cartes (d’état major) ; les développeurs immobiliers, les promoteurs de centres commerciaux doivent, dans leurs stratégies de localisation ou relocalisation d’opérations d’équipement, non seulement se repérer dans l’espace mais aussi trouver les sites d’implantation les meilleurs (position dans la ville, modes d’accessibilité, infrastructures routières, densités de l’urbanisation, etc.) pour s’assurer un succès économique optimal. Comprendre l’espace dans lequel nous vivons à travers les territoires que nous produisons demeure l’un des principaux objectifs de la géographie ; c’est aussi une étape incontournable pour mieux aménager des territoires à différentes échelles. Les cartes topographiques décrivent les principaux objets physiques, habituellement visibles à la surface de la Terre.

Extrait de la carte Top 25 de Saint-Malo 1:25 000, IGN, éd. 2000

1 - Méthodologie Selon Jacky Tiffou (p. 11, 2000) 1, « la finalité du commentaire de carte topographique dépasse le simple recensement des types de milieux et relève de la synthèse. C’est une construction visant à dégager les logiques d’organisation de l’espace cartographié, à en définir l’originalité (la spécificité). Il s’agit de démontrer en intégrant description et explication comment, selon diverses combinaisons, les différents composants naturels et culturels, actuels et hérités, fondent la cohérence profonde du paysage représenté ».

1

Jacky Tiffou (2000), Commenter la carte topographique aux examens et concours. Coll. Géographie, Edit. Armand Colin, 187 pages.

En effet, l’objectif premier est d’expliquer une organisation de l’espace anthropisé en pointant les facteurs actifs principaux, en les mettant en rapport et en reconstituant les processus évolutifs (naturels, humains, économiques, etc.) qui ont contribué au façonnement du paysage tel qu’il apparaît sur la carte. Le premier danger est de tomber dans le piège de l’énumération factuelle à travers la description d’éléments ou bien secondaires (à tel endroit se localise un château d’eau, un cimetière, etc.) ou bien approchés individuellement ou ponctuellement sans aucune volonté, de la part de l’étudiant, de le rapprocher d’autres facteurs qui soudainement lui apportent tout son sens géographique : un cimetière militaire en Normandie, proche des plages du débarquement, devient alors un élément clé du développement économique de cette portion littorale et un moteur patrimonial et touristique puissant. Pour s’exercer à appréhender les dynamiques de l’espace, il est conseillé de procéder à l’étude comparative d’un même milieu à deux dates différentes. De fait, les mutations des paysages deviennent plus facilement lisibles et permettent de nourrir l’analyse géographique selon des caractéristiques et processus spécifiques, à l’exemple de l’intensification touristique du cap d’Agde :

Une station créée ex nihilo : Cap d'Agde Le remodelage du littoral

Le Cap d'Agde 1:50 000, IGN, éd. 1952

Le Cap d'Agde 1:50 000, IGN, éd. 1990

En 1952, le littoral d'Agde, comme les autres côtes languedociennes, est constitué d'un cordon littoral, appuyé sur un môle rocheux d'origine volcanique, et, en arrière-plan, d'une lagune plus ou moins marécageuse (étang de Luno au centre de la carte, étang de Lano au nord-est).

En 1990, l'étang de Luno a été recreusé et aménagé en rade portuaire avec marina. L'étang de Lano a été mis en eau via un grau artificiel percé à travers le cordon littoral. De petites digues protègent les aménagements de l'envasement lié au courant côtier. Le littoral a été complètement remodelé.

Le complexe touristique

Autour de la nouvelle rade se dressent de grands immeubles résidentiels, les pieds dans l'eau. Un habitat collectif mieux à même de rentabiliser les investissements consentis !

Le Cap d'Agde 1:25 000, IGN, éd. 1999

Un peu plus loin du centre du complexe touristique, souvent en arrière du front de mer, se localisent de vastes zones d'habitat pavillonnaire gagnées sur les marais. Noter

Le Cap d'Agde 1:25 000, IGN, éd. 1999

Source : http://seig.ensg.ign.fr Traduire des dynamiques spatiales implique encore de mettre en lumière la nature des opérations d’aménagement – réaménagement à l’échelle communale ou intercommunale, l’intensification d’équipements récents , la construction d’infrastructures de transport et l’étalement de l’urbanisation à condition d’en expliquer les causes et les enjeux (accessibilité, volonté de capter et d’attirer des flux (marchandises, populations) sur le plan économique, notamment touristique…, à l’exemple de Sallanches : La densification du réseau de communication

Les grandes vallées glaciaires ont guidé les voies de communication, mais le développement des sports d'hiver et du tourisme de masse a conduit à une densification des réseaux et donc à une concurrence spatiale de plus en plus intense. L'autoroute pénètre aujourd'hui au coeur du massif alpin.

Sallanches et la vallée de l'Arve Cluses 5-6 1:25 000, IGN, éd. 1943

Sallanches et la vallée de l'Arve Samoëns Haut Giffre 1:25 000, IGN, éd. 1996

Ainsi, en 1943, la vallée de l'Arve, au nord de Sallanches, ne compte qu'une route et une voie ferrée, gênées vers le nord par les divagations de l'Arve, qui se divise en chenaux anastomosés, avec de nombreuses îles forestières.

En 1996, le cours de l'Arve a été régularisé au prix d'importants aménagements spatiaux. L'Autoroute Blanche A40 a été bâtie sur les terrains ainsi dégagés (A), de même que le petit aérodrome du Mont Blanc (B). Deux plans d'eau voués à la baignade et aux sports nautiques ont été créés. Noter le développement considérable des activités (bâtiments industriels, centre commercial, zones de stockage). La population permanente de Sallanches a plus que doublé, passant à 13 000 aujourd'hui, comme en témoigne la présence d'un hôpital (C), absent en 1943, et d'une infrastructure scolaire et sportive conséquente (écoles, collège, stade, gymnases (D)).

Source : http://seig.ensg.ign.fr La méthodologie à acquérir repose ainsi sur deux piliers fondamentaux : - la description : apprendre à lire un paysage cartographié, à reconnaître les formes de relief, les activités présentes (agricoles, industrielles, touristiques, etc.) et l’organisation de milieux fortement ou faiblement urbanisés. Cette étape demeure incontournable dans la compréhension d’un espace géographique : elle nécessite l’acquisition d’un vocabulaire géographique précis à commencer par le repérage dans l’espace (on ne dit pas « en haut de la carte » mais « dans la partie nord ou septentrionale de la région représentée ») et celle d’une culture générale qu’il convient de se forger petit à petit par la lecture régulière d’ouvrages et d’articles sur la France, ses régions et l’aménagement du territoire : commenter la carte de Villeneuve d’Ascq sans la qualifier de ville nouvelle ou décrire l’emprise industrielle de Fos-sur-Mer sans parler de sidérurgie sur eau, renvoie à des problèmes d’appréhension géographique et à des interprétations qui demeureront très incomplètes. L’explication : après la phase de description, il convient d’expliquer une organisation de l’espace selon l’échelle de la carte d’une part, et le sujet du commentaire d’autre part.

Le commentaire de cartes topographiques de l’I.G.N. peut se faire à différentes échelles : de la plus petite échelle géographique (espace représenté très large mais peu précis – échelle macro) à la plus grande (espace représenté très restreint mais précis – dite encore échelle micro). Il est possible d’avoir à commenter un hinterland ou une partie d’une région frontalière européenne (Nord de la France / Belgique par exemple) et, à l’inverse, un quartier ou une zone périurbaine d’une grande agglomération. Au-delà de ces entités spatiales, le niveau d’imprécision ou de précision devient trop important et nécessite d’autres analyses voire d’autres compétences pour d’autres usages : le cadastre, le plan de lotissement, le plan d’un pavillon réalisé par un architecte, celui d’un cuisiniste ou d’un concepteur de rangement. Mais, le plus souvent, les échelles géographiques approchées sont le 1/50000e (échelle moyenne utile pour étudier de grandes villes étalées, à l’exemple de la conurbation lilloise) et le 1/25000e.

Choisir une échelle adaptée à l'utilisateur Toutes les cartes sont une réduction d'une partie de la surface de la terre. Le rapport de réduction est l'échelle de la carte. En France, les cartes de l'Institut Géographique National couvrent l'ensemble du territoire métropolitain à des échelles allant du 1:25.000 jusqu'au 1:1.000.000.

Echelle Nombre de cartes pour couvrir la France métropolitaine

Quelle carte choisir ? Il existe un lien entre l'échelle de la carte et son utilisation, le randonneur à pied utilisera la carte au 1:25.000 très détaillée, alors que l'automobiliste utilisera une carte au 1:250.000 ou 1:1.000.000.

1:1.000.000

1:500.000

1:250.000

1:100.000

1:50.000

1:25.000

1

7

16

75

1100

2200

Source : http://seig.ensg.ign.fr

Reconnaître des éléments par la légende Les éléments à la surface de la terre sont très nombreux, une simple réduction aurait pour effet d'en faire disparaître un certain nombre et rendre la carte illisible. Les éléments du terrain sont donc généralisés et représentés sur la carte par des signes conventionnels. Cette symbolisation figure auprès de la carte sous forme de légende, et varie selon l'échelle de la carte.

Du 1:25.000 au 1:1.000.000, de quelle façon la commune de Villard-Bonnot est-elle représentée ?

IGN, 1:25.000

IGN, 1:100.000

IGN, 1:250.000

IGN, 1:1.000.000

Source : http://seig.ensg.ign.fr Ensuite, le commentaire peut porter sur la carte dans son ensemble, ou seulement sur un sujet précis. Dans ce dernier cas, la carte est souvent accompagnée de documents complémentaires illustrant et permettant de répondre au sujet car la seule carte topographique se révèle bien incomplète à maints égards (répartition de la population jeune ou vieillie, densités de trafic routier et autoroutier, opérations de renouvellement urbain récentes et non mentionnées sur la carte initiale) : « population et habitat dans le périurbain angevin », « le littoral sur la carte de Collioure », « formes et processus d’urbanisation à Dunkerque ». Le thème précisé dans le sujet doit alors être privilégié dans le commentaire sans que les autres informations apportées par la carte soient totalement écartées si d’une manière ou d’une autre elles peuvent être rattachées à la thématique étudiée. Enfin, dans tous les cas, l’analyse géographique produite doit être synthétique et démonstrative : la synthèse nécessite de ne garder que la substantifique moelle de la carte autour de deux à trois idées principales qui, en toute logique, vont correspondre aux 2 à 3 parties de votre commentaire. La démonstration, quant à elle, résulte d’un va-et-vient permanent entre vos connaissances d’une part, et les exemples localisés sur la carte pour illustrer vos idées principales et secondaires d’autre part. Il faut montrer que vous avez bien compris le document et que vous l’avez bien exploité : mentionner l’existence, certes de plus en plus ponctuelle, d’anciennes industries textiles à Roubaix et surtout à Tourcoing, appuie l’idée d’une difficile requalification urbaine de ces cœurs de ville et celle d’un héritage industriel marqué qui a produit ces deux villes champignon dès le milieu du XIXe siècle. Il convient de rappeler que les exemples utilisés doivent toujours être localisés précisément. 2. Plans du commentaire de carte Il est possible de structurer son commentaire selon deux types de plan : - le plan thématique : chaque partie reprend une idée principale dégagée de l’analyse préalable. Il peut s’agir par exemple de présenter la situation particulièrement favorable à tel ou tel milieu (ville carrefour), puis les formes et processus de développement spatial produits, et enfin une typologie des territoires intégrés, en cours d’intégration et en relégation d’une agglomération ou d’une région urbaine selon l’échelle choisie. Le principal risque est ici d’aboutir à un plan à tiroirs sans aucun lien entre chaque partie. C’est pourquoi la problématique est indispensable à l’élaboration du plan du commentaire. - Le plan spatial : il est organisé en fonction du découpage de la carte. Par exemple : la carte de Bayeux oppose un paysage de bocage à l’Ouest (première partie) à un paysage de champs ouverts à l’Est (seconde partie). Celle de Brest (1/25000e) oppose un littoral peu exploité et des terres très dynamiques sur le plan agricole. Bien d’autres plans sont possibles, à condition d’être justifiés et de répondre correctement à la problématique soulevée. Dans le cas brestois, la problématique pourrait mettre en lumière le décalage voire le paradoxe d’une région littorale dont l’économie

est davantage tournée vers l’intérieur des terres (modèle agricole breton productiviste, agriculture intensive, élevage hors sol, zone industrialo-portuaire brestoise peu dynamique, etc.) que vers la mer. L’introduction se structure en trois parties : elle commence par attirer l’attention du lecteur en suscitant l’intérêt d’étudier la carte en question. L’angle d’approche sera ainsi déjà lisible d’entrée. Il convient ensuite de présenter la problématique suivie afin de bien mettre en lumière l’objet même de votre démonstration. Enfin, il vous reste à esquisser adroitement votre annonce de plan, laquelle doit logiquement se fondre sur votre proposition d’analyse de la carte problématisée. Chaque partie doit avoir un rôle précis dans votre commentaire et respecter l’ordre et la mise en complémentarité de chacune des sous parties (une idée principale étayée par des idées secondaires). Les différentes parties et sous parties sont liées entre elles. Il convient d’ailleurs pour ce faire d’utiliser des mots de liaison (en effet, en revanche, cependant, etc.) d’un paragraphe à un autre et des phrases de transition d’une partie à une autre. Ce lien et ce liant entre les différentes parties de votre devoir assureront la cohérence d’ensemble et non l’énumération désordonnée de faits non hiérarchisés. Enfin, la conclusion n’est pas un simple résumé de ce qui précède mais la réponse à la problématique annoncée en introduction. Dans la seconde partie de la conclusion, l’étudiant peut élargir le débat par une ouverture sur d’autres espaces ou par le questionnement de thématiques plus larges : questions de l’étalement urbain, de la maîtrise de la périurbanisation, de la polycentralité, de la maîtrise de la mobilité, etc. 3. Approches thématiques de la carte topographique au 1/25000e et 1/50000e A ces échelles de précision relativement grande, l’analyse géographique sera totalement différente de celle produite sur des milieux appréhendés à des échelles plus petites. En effet, la carte au 1/100000e vaut surtout pour l’examen des grands contrastes à l’échelle régionale, l’étude des réseaux urbains et de l’organisation spatiale régionale. En revanche, la carte au 1/25000e est tout à fait propice à l’analyse des formes et des questions urbaines ou encore, plus précisément, à celle des aménagements portuaires, industriels et touristiques. La carte au 1/50000e est particulièrement adaptée aux milieux très fortement urbanisés (phénomène de conurbation, par exemple), aux contrastes de « pays » ruraux, aux zones de contact entre espaces urbains et espaces ruraux, entre types de relief, aux paysages agraires, etc. Ces thèmes peuvent bien entendu se recouper sur une même carte. A cette échelle, une carte est suffisamment détaillée pour appréhender des morphologies et des types de quartiers divers ou l’organisation d’un finage avec ses différents terroirs. Il convient donc de montrer que l’on sait faire une analyse de détail à condition de ne jamais perdre la vue d’ensemble d’un espace donné. Enfin, l’appréhension du sujet peut être large ou orientée : Lorsqu’il s’agit d’une étude générale, il faut structurer son exposé sur deux ou trois thèmes fédérateurs qui, à eux seuls, fondent les grands caractères de l’espace étudié. Mais, le plus souvent, un thème (sujet) est fourni. Il convient donc de s’y tenir pour ne pas faire de hors sujet ; le commentaire sera bâti strictement sur ce thème ou sujet et intégrera dans l’analyse tout ce qui s’y rapporte. Les thèmes peuvent être variés : le tourisme, la dynamique industrielle, études urbaines, les paysages littoraux, les paysages agraires, etc....


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