Trois anciens pièges à poissons à Trébeurden (Côtes d'Armor) PDF

Title Trois anciens pièges à poissons à Trébeurden (Côtes d'Armor)
Author Amarai Association
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Bulletin de l'A.M.A.R.A.I., n°24, 2011, p.25-43. TROIS ANCIENS PIÈGES À POISSONS À TRÉBEURDEN (Côtes d’Armor) Loîc LANGOUËT *, Marie-Yvane DAIRE ** et Marc MAHÉO *** Depuis 2009, plusieurs publications ont signalé l’existence d’un ensemble de barrages empier- rés correspondant à des pièges à poi...


Description

Bulletin de l'A.M.A.R.A.I., n°24, 2011, p.25-43.

TROIS ANCIENS PIÈGES À POISSONS À TRÉBEURDEN (Côtes d’Armor)

Loîc LANGOUËT *, Marie-Yvane DAIRE ** et Marc MAHÉO ***

Depuis 2009, plusieurs publications ont signalé l’existence d’un ensemble de barrages empierrés correspondant à des pièges à poissons autour de la pointe de Lan Kérellec, à Trébeurden (Langouët, 2009, p. 61-63 ; Daire et Langouët, 2010, p. 78). Même si les estrans de cette zone, relativement plats et sablonneux, paraissent propices à l’implantation de barrages de pêcheries, les diversités morpho-typologique, dimensionnelle et altimétrique laissaient supposer des époques différentes de construction. L’évolution d’une technique de pêche au cours du temps peut éclairer les changements sociaux et économiques. L’établissement de relations entre des installations de pêche et les populations littorales constitue un objectif important pour la recherche. Dans le cadre d’une prospection thématique autorisée par le Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines (DRASSM) et soutenue financièrement par le Ministère de la Culture et le Conseil Général des Côtes d’Armor, trois de ces pièges à poissons ont fait l’objet de relevés et d’études approfondies. Il s’agit des pêcheries de la plage de Porz Termen, de la pointe de Lan Kérellec et de la plus méridionale de la plage de Goaz Trez. AVANCÉES MÉTHODOLOGIQUES DES TECHNIQUES DE RELEVÉS Les amas de pierres, informes en apparence, des barrages de pièges à poissons conservent très souvent les traces des architectures utilisées lors de leur construction ou réaménagement (Daire et Langouët, 2010, p. 13-20). Le meilleur moyen d’apprécier ces vestiges architecturaux est de dresser un plan très précis de toutes les pierres de ces barrages, afin d’y déceler celles qui sont encore en place. La difficulté réside en une contradiction entre deux impératifs difficiles à concilier, à première vue, sur le terrain : d’une part, le long temps nécessaire pour réaliser un relevé au sol par les méthodes classiques (mise en place d’un quadrillage, mesures, dessins, etc…) (en moyenne 2 heures pour 3 m de barrage), d’autre part, le court laps de temps laissé par une marée basse (moins de deux heures) pour effectuer un relevé au sol. Dans un premier temps, nous avons eu recours à un appareil photographique numérique télécommandé, disposé en hauteur à l’extrémité d’une potence ou d’un grand pied télescopique et permettant de réaliser une mosaïque de photographies verticales. Ainsi le dessin du plan pouvait se faire en laboratoire ; les photographies, assemblées grâce à un repérage léger au sol, étaient transformées manuellement en plan à l’aide des logiciels Adobe Photoshop et Adobe Illustrator. Les premiers résultats, laborieux mais spectaculaires, ont démontré l’intérêt de ces plans précis : le meilleur exemple de cette technique de relevé de terrain est sans doute le plan dressé pour les barrages de la pêcherie «Mein er Venech» de Porh Morvil, sur l’île de Groix (Morbihan) (Langouët et al., 2008, p. 137). Cette méthodologie de terrain a évolué grâce à la collaboration établie avec Marc Mahéo qui a mis au point divers moto-planeurs (ou drones) télécommandés destinés à des prises de vues photographiques. L’un de ces appareils répondait pleinement à nos besoins : d’une envergure de 2 m (photo. 1 à 2), construit en matériaux traditionnels (3 Kg), il est léger et est mu par un moteur électrique silen-

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cieux de 500 w. Il porte, en position horizontale, un appareil photographique numérique de 12 Mégapixels dont la sortie TV fournit un retour vidéo (2,4 Ghz) au sol permettant de cadrer sommairement la photographie (photo. 3). Plusieurs circuits électriques assurent la sécurité (coupure moteur, sortie des aérofreins en cas de perturbation radio). Les altitudes courantes de photographie en mode «sport» (pour éviter les flous) sont comprises entre 20 et 200 m, donnant des largeurs de photographies entre 20 à 200 m. L’appareil photographique est bloqué sous le moto-planeur pour ne prendre que des vues verticales.

Photo. 1 - Le moto-planeur (drone) d’envergure : 2 m, porteur de l’appareil photographique et de l’émetteur vidéo.

Photo. 2 : Le moto-planeur et son inventeur.

Photo. 3 – Le poste de télécommande du moto-planeur.

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Avec cet équipement aéroporté, il faut environ 30 minutes sur place pour faire une couverture d’un barrage de 200 m de long, une fois les mires et jalons placés au sol ; le montage de l’appareil, les derniers réglages des liaisons radio et des dernières vérifications sont achevés avant de descendre dans l’estran. Ainsi, une seule marée basse suffit pour obtenir la couverture photographique d’un barrage qui débouchera sur un plan précis des empierrements. Le fait de se trouver sur place pour obtenir les bonnes photographies verticales est aussi l’occasion de réunir des données sur le barrage alors étudié qui ne peuvent être acquises qu’en présence des vestiges. Il est ainsi possible de mesurer le niveau Nb de la base du barrage ou du seuil du pertuis, si celui-ci est détectable ; pour cela on se sert de la différence de hauteur entre Nb et le niveau marin à une heure précise (Langouët et Daire, 2010). On peut également déterminer la nature, l’origine et les modes d’assemblage des pierres utilisées. C’est aussi l’occasion d’effectuer un reportage photographique au sol pour enregistrer toutes les particularités du barrage et son environnement. En 2011, les barrages de plusieurs pièges à poissons des Côtes d’Armor ont été relevés grâce à cette méthode et leurs plans ont été dressés (Langouët, Daire et Mahéo, 2011) ; parmi ceux-ci, trois pièges à poissons, situés près de la pointe de Lan Kérellec et de l’île Milliau, à Trébeurden (Côtes d’Armor), (fig. 1) ont bénéficié de cette technologie et des données nouvelles ont ainsi été obtenues sur leurs implantations et leurs architectures. La présentation de ces pêcheries anciennes souligne l’intérêt méthodologique, mais aussi la diversité des caractéristiques de ces vestiges que nous désignerons P1, P2, P3, etc.. L’attribution typologique renvoie au classement proposé pour la Bretagne par Daire et Langouët (2010, p. 12).

Figure 1 – Localisation de la zone étudiée à Trébeurden (Côtes d’Armor).

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LE PIÈGE À POISSONS (P1) DE LA PLAGE DE PORZ TERMEN Coordonnées Lambert IIe : X = 164,845, Y = 2.436,155 Coordonnées : Long = 03° 35’ 12" W, lat. 48° 46’ 34" N Cartes IGN 0714 O et SHOM 7124-1 Longueur totale : 200 m. Type DC. Nb = +0,15 m/0 SHOM. Ce piège est très visible sur les vues aériennes de l’Institut Géographique National (IGN) (photo. 4) et figure comme un obstacle, sous la dénomination «ar gored» («la pêcherie», en breton), sur les cartes marines du Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM) (fig. 2).

Photo. 4 - Vue du barrage P1 de la plage de Porz Termen (© Ortho Littorale 2000).

Figure 2 – Détail de la carte marine 7124-1 du SHOM. Le barrage comporte encore des pierres dressées dont la disposition permet de lui attribuer une largeur initiale de 1,60 m (photo. 5 à 8). La hauteur maximale subsistante est de 0,60 m (photo. 9). Entre les pierres de chant, d’autres pierres étaient calées et, au dessus d’elles, il devait y avoir une assise supplémentaire. D’après le volume des pierres étalées, on peut estimer la hauteur initiale du barrage à 0,90 m, en son centre ; la hauteur était moindre sur ses extrémités. La hauteur moyenne pouvait être de 0,60 m.

Photo. 5 – Vue du barrage P1 par basse mer (marée de coefficient 90) ; certaines pierres plantées du barrage émergent.

Photo. 6 – Vue du barrage P1 par basse mer (marée de coefficient 118) (niveau de la mer : + 0,15 m/0 SHOM).

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Photo.7 – Vue du barrage P1 par basse mer (marée de coefficient 118) (niveau de la mer :+ 0,15 m/0 SHOM).

Photo. 8 – Vue des alignements de pierres dressées du barrage P1 (niveau de la mer :+ 0,15 m/0 SHOM). Photo. 9 – Une des grandes pierres dressées du barrage P1 (niveau de la mer : + 0,15 m/0 SHOM).

Les vues verticales, destinées à la réalisation d’un plan précis, ont été prises lors d’une grande marée avec une haute pression atmosphérique (1035 hPa) (photo. 10). En notant l’heure précise et en consultant les tables du SHOM, on en a déduit la hauteur de la mer, d’où la hauteur par rapport au zéro SHOM de la base actuelle du barrage Nb (ce calcul nécessite, pour être précis, la connaissance de la pression atmosphérique locale au même moment) : Nb (actuel) = + 0,15 m/0 SHOM. Aussi bien sur le terrain qu’à la vue du plan, l’existence d’un pertuis n’est pas évidente, même si , à un endroit relativement central (fig. 3), un manque relatif de pierres et de parement pourrait le laisser penser. Actuellement l’environnement du barrage est ensablé ; on peut estimer à 0,30 m environ l’élévation du niveau du sol. Une mare de retenue d’eau devait donc exister en amont du barrage, c’est-à-dire du côté de sa face concave. Si le barrage a été prévu initialement pour une collecte quotidienne, voire biquotidienne, sa base Nb se trouvait, lors de la construction, au niveau de la Plus Haute Basse Mer de morte eau (PHBMme), soit Nb (ancien) = - 0,15 m/0 SHOM en tenant compte de l’ensablement précité (Daire et Langouët, 2010, p.23-32). Connaissant, pour Trébeurden, ce même niveau pour l’époque actuelle (+4,13 m/0 SHOM), on en déduit, dans le cas du barrage de la plage de Porz Termen, que le niveau PHBMme a monté de +4,30 m depuis l’époque de l’aménagement initial du barrage. Cette évaluation est d’autant plus plausible que, pour le piège à poissons de Porz Termen, aucune contrainte topographique ne semble avoir influencé ou modifié l’implantation du barrage.

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Photo. 10 – Vue générale du barrage P1 prise à une altitude d’environ 100 m.

Ce résultat brut suscite un commentaire : actuellement le barrage n’est entièrement dégagé que 14 marées par an et encore, b rièvement (rappel : en Bretagne, il y a environ 700 marées annuelles, presque deux par jour). Ces chiffres illustrent la difficulté de réaliser des plans détaillés d’anciennes pêcheries par les méthodes classiques (cf. supra). Mais le point le plus important concerne l’apport à la chronologie. Qui pourrait s’imaginer que cette pêcherie ait été installée il y a quelques années pour une collecte de pêche pour si peu de marées. ? D’où la notion de marées «pêchantes» qui implique que plus ce nombre est faible, plus le barrage est ancien. Il est tout aussi évident que c’est dans le phénomène de transgressions marine que se trouve l’explication des ces implantations si basses dans l’estran. À basse mer de grande marée (21 mars 2011, coefficient 118), le moto-planeur (drone) a pu prendre des photographies de détail qui ont débouché sur un plan (fig. 3) où apparaissent nettement deux lignes de pierres dressées qui formaient les parements. La couverture d’algues n’a pas été un obstacle au dessin des pierres car le relief apparaissait sous les algues avec la lumière du soleil relativement bas sur l’horizon.

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Figure 3 - Le plan d’ensemble du barrage à poissons P1 de la plage de Porz Termen, à Trébeurden.

Connaissant les dimensions du barrage (hauteur moyenne de 0,60 m, largeur de 1,60 m et longueur de 200 m), on peut estimer le volume des pierres utilisées, en tenant compte d’un taux de remplissage de 0,80 : environ 150 m3. Les pierres sont des blocs de granite récupérés dans les éboulis des falaises environnantes ; leur masse spécifique est de 2,5 kg/dm3. Pour construire ce barrage à poissons de type D, il a fallu déplacer environ 370 tonnes de pierres, ce qui n’a pu résulter que d’une œuvre collective. L’époque de la construction de ce piège est suggérée non seulement par le niveau marin mais aussi par l’environnement archéologique. En effet, il

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existe une forte densité de monuments mégalithiques et de gisements archéologiques sur le territoire de la commune de Trébeurden, autour de Lan Kérellec et de la plage de Porz Termen (Chevalier, 2011) (fig. 4). En 1991, dix menhirs, deux allées couvertes dont une sur l’île Millau et trois dolmens avaient été inventoriés (Marchat et Le Brozec, 1991, p. 58-77). Le recours a la toponymie des lieuxdits et des parcelles mentionnés sur le cadastre napoléonien de 1820 a permis de tripler le potentiel de monuments mégalithiques de Trébeurden : 12 dolmens, 25 menhirs et 10 tumuli (Chevalier, 2011). Cette suggestion chronologique est confortée par la technologie de construction du barrage avec des pierres dressées (menhirs) en parements. La topographie (fig. 4) montre bien que les «mareyants» (ceux qui exploitaient les pêcheries) avaient accès aux différents barrages de la zone par la pointe de Lan Kérellec qui se prolonge par une série d’îlots (île aux Herbes, Karreg Wenn, etc…) reliés par des bancs de sable ; cet accès était d’autant plus utilisé que le niveau de la mer était plus bas. À marnage constant, le niveau de la mer s’est élevé d’environ 4,30 m depuis l’époque de la construction du barrage P1 de Porz Termen. Or dernièrement, pour une région relativement proche, le Bas-Léon dans le Finistère, une telle montée du niveau marin nous ramène à une époque initiale d’environ 1700 av. J.-C., soit à une période de transition entre le Néolithique et l’Âge du Bronze (Daire et Langouët, 2011, p. 85).

Figure 4 – Localisation des barrages de pêcheries dans les environs de Lan Kérellec, à Trébeurden et localisations des monuments mégalithiques subsistants (en noir) ou ayant pu exister (en blanc) autour de cette zone (Marchat et Le Brozec, 1991, p. 58-77) (

= dolmen ou allée couverte,

= menhir ;

= tumulus)

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En conclusion, le barrage de Porz Termen pourrait dater de la fin du Néolithique ou du début de l’Âge du Bronze. Mais ce n’est pas le seul barrage ancien dans cette zone de Trébeurden. En effet, à peu de distance, une pêcherie (P4) (photo. 11 et fig. 4) se présente comme un empierrement de 20 m de long. Le seuil de son probable pertuis se situe au niveau + 0,60 m/0 SHOM. Par un raisonnement basé sur son niveau d’implantation (montée du niveau PHMBme de + 3,7 m), ce barrage pourrait dater de l’Âge du Bronze. Au moment de sa construction, la pêcherie de Porz Termen se trouvait au fond d’une anse limitée, au nord, par la pointe de Lan Kérellec, prolongée par une ligne de roches et, au sud, par l’île Milliau (fig. 4). Protégée en plus vers l’ouest par des émergences rocheuses, elle était implantée dans une zone de calme, très propice à son exploitation.

Photo. 11 - Vue du barrage P4 de Gooz Trez (© Ortho Littorale 2000).

LE PIÈGE À POISSONS (P3) DE LA PLAGE DE GOAZ TREZ (ou GOOZ TREZ) Coordonnées Lambert IIe : X = 165,020, Y = 2.436,775 Coordonnées : Long. = 03° 35’ 06" W, lat. = 48° 46’ 55" N Cartes IGN 0714 O et SHOM 7124-1 Longueur totale : 285 m (255 m pour la branche sud, 30 m pour la branche est). Type BC. Nb = +2,10 m/0 SHOM. Ce barrage est très visible sur les vues aériennes de l’IGN (photo. 12) et figure anonymement comme un obstacle sur les cartes marines du SHOM (fig. 5).

Photo. 12 - Vue du barrage P3 de Goaz Trez (© Ortho Littorale 2000).

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Figure 5 – Localisation de P3 sur la carte marine 7124-1 du SHOM.

Photo. 15 – Double ligne de pierres dressées u barrage P3.

Photo. 13 – Ligne de pierres verticales dressées du barrage P3. Photo. 16 – Reste de parement du barrage P3.

Photo. 14 – Étalement des pierres du barrage P3.

Photo. 17 – Le pertuis du barrage P3.

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Ce barrage se présente comme une bande de pierres étalées principalement sur une largeur de 5 m ; mais des portions de lignes de pierres dressées verticales permettent de connaître sa largeur initiale (1,70 m) (photo. 13 à 16). Les pierres de granite proviennent des pieds des falaises et des îlots voisins. Un pertuis semble avoir existé dans la branche orienté nord-sud (photo. 17). Une interruption des parements en est l’indice le plus probant, mais aucun aménagement caractéristique n’est toutefois observable. Les vues verticales de détail ont été prises lors d’une grande marée avec une haute pression atmosphérique (1035 hPa) (photo. 18). Comme, pour le barrage précédent, la mesure du niveau de la mer en coïncidence avec le seuil probable du pertuis Nb à une heure précise et la connaissance de la pression atmosphérique ont permis une détermination précise de l’altitude de ce seuil Nb : Nb (actuel) = + 2,10 m/0 SHOM.

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Photo. 18 – Deux des photographies du piège P3, prises à basse altitude grâce au moto-planeur.

Le piège à poissons P3 comporte deux barrages orientés, l’un nord-sud, l’autre plutôt estouest, qui prennent appui sur la roche «Main ar Waz Trez»( fig. 6). En tenant compte du volume des pierres étalées et de la largeur évaluée du barrage à partir des restes de parements, on peut estimer que le barrage nord-sud avait une hauteur maximale de 0,80 m. Avec un taux moyen de remplissage de 0,8, le volume des pierres utilisées pour les deux barrages était d’environ 300 m3. Il est remarquable que l’on arrive à la même estimation de la masse des pierres déplacées que pour le piège voisin P1 : environ 750 tonnes. Ici aussi, on arrive à la conclusion que ce ne put être aussi qu’une œuvre collective, mais à une époque différente. En effet, depuis la construction du piège P3, la montée du niveau PHBMme aurait été de 2 m. Dans l’hypothèse d’une exploitation initiale au moins quotidienne, une telle valeur nous indiquerait une date de construction à l’Âge du Fer.

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Figure 6 - Plan du piège à poissons P3 de la plage de Gooz Trez.

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Or les sites archéologiques de cette période dans le voisinage immédiat de Lan Kérellec sont peu connus et se limitent à un atelier de bouilleur de sel et à une stèle (Daire et al., 1994, p. 74-77 ; Le Brozec et Daire, 1998, p. 61). À titre de repère régional, rappelons qu’un atelier de bouilleur de sel, à Kerbors, daté par le C14 de la toute fin de l’Âge du Fer, a indiqué une montée du niveau des plus hautes mers de 1,30m (Langouët et Goulpeau, 1980 ; Daire et Langouët, 2011, p.84-85). Sur le plan architectural, on note l’utilisation de deux types de construction : les parements en pierres verticales dressées (photo. 13) et les parements avec plusieurs assises (photo. 16). Comme le second type, minoritaire en apparence, se trouve dans la partie centrale de la branche nord-sud, il est probable que l’emploi de ces deux modes de construction correspond, pour une part, à de réparations de l’ouvrage en pierres sèches. Une des caractéristiques de cette pêcherie est la grande surface de son biez ; ce fait s’explique par la faiblesse de la pente de l’estran en amont du barrage. LE PIÈGE À POISSONS (P2) DE LAN KÉRELLEC Coordonnées Lambert IIe : X = 164.820, Y = 2.436,465 Coordonnées : Long = 03° 35’ 15" W, lat. = 48° 46’ 44" N Cartes IGN 0714 O et SHOM 7124-1 Longueur totale : 82 m (branche A de 70 m et branche B de 12 m). Type CS. Nb (pertuis) = +2,75 m/0 SHOM. Ce barrage en «V» est visible sur plusieurs vues aériennes IGN (photo. 19). Au sol, il se présente comme une bande de pierres étalées sur 10 m de large en moyenne (photo. 20 à 22) ; une seule portion de parement est décelable au sol (photo. 23). Il est implanté, entre deux massifs de granite, dans un couloir de flux de jusant très propice au piégeage des poissons. De nos jours, encore, des filets sont régulièrement disposés dans ce couloir, comme le montrent les lignes de pierres d’attache de bas de filet (photo 24 et 25).

Photo. 19 - Vue du barrage P2 de la pointe de Lan Kérellec (© Ortho Littorale 2000).

Lors de la visite du site, nécessitée par la prise de vues photographiques par le moto-planeur, le niveau du seuil du pertuis a été mesuré avec toutes les précautions voulues. Le seuil Nb est donc à : Nb (actuel) = +2,75 m/0 SHOM. Dans l’hypothèse d’une construction du barrage en vue d’une exploitation biquotidienne, la montée d...


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