Title | Cours introduction à la science politique |
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Course | Introduction à la science politique |
Institution | Université Jean-Moulin-Lyon-III |
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Cours introduction à la science politique En L1...
L1 S1 / PORTAIL COMMUN / Srie Droit-Science politique INTRODUCTION A LA SCIENCE POLITIQUE / 2019-2020 M. David CUMIN I-LA SCIENCE POLITIQUE Le champ scientifique se divise en deux grandes rubriques : les sciences naturels et les sciences sociales. La science politique comme le droit font partie des sciences sociales. La science politique, c’est la science de quoi ? Il y a 5 mots cls :
la science politique est la science du pouvoir dans l’espace public, la science des conflits que le pouvoir suscite en même temps qu’il tente de les rsoudre, au sein d’une socit humaine et/ou entre des socit humaines, d’où implicitement la question de l’identit et de l’altrit.
Une nouvelle division apparaît, la science politique se dcoupe en :
science politique interne galement appele politologie, et en science politique internationale galement appele Relation International.
Plan : Tout d’abord, nous montrerons qu’il faut situer la science politique dans l’ensemble des sciences et dans le Droit. Puis, nous verrons le contenu même de la science politique.
1) Classification des sciences, Droit et science politique En France, les pionniers des sciences sociales et les maîtres de la classification des sciences furent au milieu du XIX : Auguste Comte et Antoine Cournot. Et à la fin du XIX ce furent Emile Durkheim et puis Gabriel Tarde. Dans cet ensemble, on peut distribuer les sciences de l’univers en 6 couples :
C’est le divin et le cosmique qui relèvent de la thologie et de l’astronomie.
La planète et la vie : la planète relève de la physique, de la chimie et de la gologie, et la vie relève de la biologie, de la botanique et de la zoologie ( tude des animaux).
L’humanit et les peuples : d’une part l’humanit relève de l’anthropologie, la palontologie et de l’archologie et d’autre part les peuples relèvent de l’ethnologie, de la philologie ( l’tude des langues) et de la mythologie.
L’espace et le temps relèvent de la gographie et de l’histoire La population et la socit relèvent de la dmographie (tude des populations ) et de la sociologie.
La vie matriel et la vie intellectuel relèvent d’une part de l’conomie et de l’ergonomie et d’autre part de la philosophie et de la psychologie.
7ème couple : La Science politique et le Droit s’intressent au pouvoir et à la rgulation du pouvoir dans le contexte de la socit moderne, une socit à la fois scularise, administre et dmocratise. On apprend le droit qui existe dans le prsent, UN seul droit.
Le Droit dsigne une discipline scientifique mais aussi un certain ordonnancement juridique et des professions. De même, la science politique dsigne une discipline mais aussi des institutions et des activits relatives au pouvoir et aux conflits autour du pouvoir dans l’espace publique.
Le principal pouvoir public est d’édicter et de sanctionner les règles de la vie en socit ce qui renvoie à la critique (parole), la contestation (actes) et la transgression de ces règles (avec la sanction).
Le droit et la science politique sont ainsi des disciplines apparentes. Leur langage diffère mais toutes deux partagent de mêmes objets d’tude et de recherche. Sauf deux spcificits : le noyau du juridique et le noyau du politique.
Le cœur du juridique à savoir la procdure juridictionnelle chappe aux tudes politiques,
à l’inverse le cœur du politique, à savoir le processus dcisionnel chappe aux tudes juridiques.
Le Droit est subdivis en diffrentes branches et la science politique est subdivise en diffrentes parties, comme :
la philosophie politique ou l’histoire des ides politiques, la sociologie politique, la thorie de l’État ou science administrative, Et enfin les Relations Internationales.
La science politique traite :
1) de sa propre pistmologie ( rflexion sur la scientificit de la chose) 2) du concept du politique, du pouvoir, de l’Etat mais aussi d’autres formes d’unit politique (Cits, royaumes, empires, …). 3) du concept de nation mais aussi d’autres types de communauts politiques ( tribus, groupes ethniques, religion, …). 4) des rgimes politiques, c’est-à-dire des types de domination politique, et notamment de la dmocratie moderne, par opposition de la dmocratie Antique. 5) des ides politiques (le libralisme, le socialisme, le communisme, le fascisme… ) 6) du gouvernement et des lites politiques. 7) de l’administration et des collectivits locales. 8) des politiques publics. 9) de la communication politique. 10) des forces politiques ( associations, syndicats, lobbies, partis). 11) des comportements politiques. 12) de la violence politique ( guerre, terrorisme, conflit arm ). 13) de la construction europenne et des relations internationales. On retrouve dans toutes ces thmatiques un point commun : le pouvoir public et les conflits qu’il suscite. Deux autres concepts surgissent :
La citoyennet, Et l’opinion.
D’où vient la science politique, comment est-elle constitue et quel est son histoire ?
2) L’histoire de la science politique en France La science politique est apparu en France entre 1872 et 1945. 1872 est la date de cration de l’cole libre (priv) des sciences politiques, et 1945 est la date de la nationalisation de l’ELSP et donc la date de la cration de l’IEP de paris, ainsi que la cration de l’ENA ( Ecole national de l’administration ). L’objectif fondamental tait de faciliter la formation d’une lite administrative dans une dmocratie parlementaire. Une science ou une discipline scientifique ne peut se constituer en se bornant à remplir une fonction socio-professionnel. Il lui faut tablir sa scientificit en pousant la tendance au dveloppement des savoirs, à la spcialisation des savoirs.
A) La formation d’une discipline
Une discipline à prtention scientifique doit montrer en quoi consiste ses objets, problmatiques, mthodes, elle est en concurrence avec d’autres disciplines installes ou qui voudraient s’installer. Autrement dit en quoi consiste son originalit ? (Il est tout à fait trange de vouloir riger la politique en objet de science) La politique ce peut être :
l’activit du prince (dtenteur du pouvoir), un sujet usuel de conversation, un vieil objet de pense philosophique, une pratique ( qui va de la campagne lectoral jusqu’à la mise en œuvre d’une politique public)
Autrement, on parle politique, on pense politique et on fait de la politique d’où la double difficult :
Comment tablir la science d’activit ( la politique est toujours dispute) ou de discussion (minente ou banal) en vitant que la connaissance objective ne soit finalement qu’une prfrence plus ou moins partisane.
La seconde difficult : Qui pour enseigner la politique ? (Pourquoi une cole priv de science politique est-elle à l’origine de l’enseignement ?) o Un enseignant public autrement dit un fonctionnaire est tenu aux obligations de neutralité (politique, syndicale, religieuse) o Un fonctionnaire pouvait-il dispenser un enseignement politique ? D’où la raison de faire une cole libre.
La science est une pratique cognitive, une discipline enseigne mais galement une pratique social, une profession rmunre. Par consquent toute science prsuppose donc une corporation de chercheur, d’enseignant. On parle de discipline scientifique autonome : lorsqu’il existe une dnomination de la discipline ( une revendication par une communaut savante accepte par d’autres communauts savantes et qui devient banal), Il existe un consensus relatif sur le fait que certains phnomènes relèvent de cette discipline, ici la politique. Il existe des institutions d’enseignement et de recherche renouveles par des procdures de recrutement et de financement. Il existe des supports de diffusion public, de discussion public, des rsultats, … Il existe des dbouchs utilitaires, soit la ncessit de connaissances pour passer des concours ou accder à des professions (comptences ), soit la demande de savoir du côt de l’Etat ou de la socit civile. Bref, une discipline requiert cinq choses :
Une place dans le lexique Un emplacement dans la classification des savoirs Une place dans la répartition des postes Une place dans l’offre éditorial ( support de diffusion ) Une place dans l’économie
Ainsi, toute discipline s’inscrit dans une compétition.
B) L’Ecole libre des sciences politiques Au XIX, les tudes qu’on appellerait aujourd’hui politique relevaient de l’Histoire, de la Philosophie, du Droit, ou bien elles se rattachaient au journalisme. Donc, comment est-on venu a estimer que la chose politique pouvait faire l’objet d’une apprhension politique spcifique ? Au commencement de la science politique ce fut la cration de l’ELSP par Emile Boutmy.
Il s’agit d’un architecte ( il fait parti d’un milieu très favoris et il aime l’ducation) li à la haute socit protestante parisienne. C’est un enseignant à l’ESA ( Ecole Spciale d’Architecture). Il croit en l’initiative prive et est influenc par les grands libraux et les grands conservateurs de l’poque : Guizot, Ten et Ronan. Cet enseignant entend crer un centre de formation des lites administratives face à la dmocratisation.
Pour cela, l’ESA fournit un modèle :
premièrement le choix discrtionnaire des enseignants par le directeur, deuxièmement la libert de l’cole dans la dfinition des programmes, et troisièmement l’assiduit des tudiants devant verser des droits d’inscription.
Boutmy partage le raisonnement d’Ernest Ronan, si la France a perdu la guerre face à la Prusse en 70, ce n’est pas seulement par faiblesse militaire mais aussi par faiblesse politique, autrement dit la France paye la Rvolution de 1789-1790, c’est-à-dire qu’elle n’a pas une lite administrative capable.
S’ajoute le choc de la commune de paris, la menace de la rvolution socialiste, d’où la ncessit d’encadrer la dmocratisation.
En 1789-1790 la Rvolution a supprim l’hrdit et la vnalit des offices ( poste administratif ) sans leur substituer l’lection des agents.
Par consquent les fonctionnaires sont nomms soit discretionairement, soit à l’issue d’un concours, or il n’y a pas en France d’institutions qui enseignent les sciences administratives ou gouvernementales.
Deux raisons : o la mfiance des parlementaires, o et la querelle religieuse portant sur la question de savoir si l’enseignement serait laïc ou bien catholique.
On ne compte qu’une tentative choue : la cration de l’cole d’administration en 1848. Par consquent, l’ELSP est fond en 1872 dans le contexte du GPRF (= gouvernement provisoire de la rpublique française) de même que pour l’ENA en 1945.
Selon Boutmy, il s’agit d’organiser « une instruction librale suprieur » et cela à travers une facult libre qui dispenserait des cours de politiques sous un angle privilgi de l’histoire contemporaine, il faut se dmarquer des historiens et des journalistes.
L’ELSP fait en sorte que l’actualit puisse faire l’objet d’une tude scientifique afin de se diffrencier des historiens et des journalistes, L’ELSP a russi à s’inscrire dans le champ universitaire français mais, à partir de 1884, lorsque s’impose en France le recrutement des agents publics par concours, l’ELSP devient surtout une cole prparatoire au concours administratif, autrement dit une cole d’administration plutôt qu’une facult de science politique.
C) L’incertitude du champ disciplinaire et du lieu d’enseignement Il n’y a pas encore de science politique au sens d’une discipline autonome, on parle des sciences politiques pour le caractère interdisciplinaires. Fin XIX et dbut XX on trouve des sciences politiques qu’on appelle :
science politique philosophique et morale, on privilgie les ides et leur concrtisation. des sciences politiques positives, c’est-à-dire qu’elle privilgie l’tude des faits sociaux par le recours systmatique aux tudes quantitatives. des sciences politiques dites psychologiques privilgiant l’tude des mentalits et des identits des sciences politiques lgislatives et administratives privilgiant l’tude des institutions de l’Etat.
Les ancêtres du Droit Politique sont cinq grands juristes et fondateurs de la science politique : Laferrière, hauriou, Duguit, larnaude et l’esmein. Il sont les prcurseurs du droit public et de la science politique.
La grande rfrence à l’poque est la « revue du droit public et de la science politique en France et à l’tranger ».
Cette revue apparaît en 1894 et est toujours existante, mais de 1894 à 1903 elle mêle diverse matière. Puis elle ne se limite qu’au droit public et au contentieux administratif, notamment le Conseil d’Etat.
Les sciences politiques tant interdisciplinaire, le lieu de l’enseignement n’est pas tranch, les sciences politiques seraient-elles enseignes seulement a l’ELSP ou bien aussi dans les facults de droit, de lettres ou ailleurs.
La grande querelle a oppos l’ELSP reprsente par Émile Boutmy et les facults de droit reprsentes par Claude Bufloir.
L’enjeu tait double : o un enjeu universitaire et budgétaire, quelles institutions attireraient les tudiants et en tireraient les recettes et le rseau ? o Un enjeu épistémologique et méthodologique, sous entendu les sciences politiques sont-elles plutôt une dmarche historienne ou une dmarche juridique.
Ou bien auraient-elles vocation à s’autonomiser complètement, le problème tant de savoir sous qu’elle angle et avec quels outils on identifierait et on traiterait les phnomènes politiques ? L’ELSP n’a pas russi à monopoliser l’enseignement des sciences politiques. En effet, les facults de droit ont pu dispenser des cours de politique : l’angle à travers lequel tait dispenser ces cours de politique tait le droit public. Par consquent, ces cours ont aids les publicistes à s’imposer dans les facults de droit, domines par les privatistes et les romanistes.
Le signe de cette russite des publicistes est la cration en 1896 du concours de l’agrgation de droit public alors que n’existait toujours pas d’agrgation de science politique, cela ne se fait qu’en 1972.
Nous pouvons conclure que les sciences politiques ont russies à merger mais dans les facults de droit elles demeuraient auxiliaires, secondes.
Elles se heurtaient en tant que science de l’État à la concurrence du droit public.
En tant que science de la socit civil, elles se heurtaient à la concurrence de la sociologie.
Ouvrage qui clôture et qui couronne l’mergence des sciences politiques en France :
Le tableau politique de la France de l’Ouest, publi par Andr Siegfried en 1913.
Il s’agit d’un ouvrage de gographie lectoral ( interdisciplinarit ). Il fonde l’tude scientifique des lections.
Grace à une investigation systmatique et minutieuse, exemple : des entretiens, des enquêtes de terrain, des questionnaires, des dpouilles de donnes, des graphiques, des statistiques.
Cette investigation inclue la recherche des facteurs explicatifs du comportement lectoral. Donc par consquent, incluant les facteurs prvisibles des lections.
3) L’autonomisation de la science politique Durant l’entre-deux guerres : En 1918, la France est vainqueur. Après la première guerre mondiale, il y a plus de continuit que de changement :
L’ELSP est confirme comme l’cole de la haute administration. Les tudes politiques se dveloppent lentement.
Le temps de crise stimule les sciences, le vritable essore de la science politique se produit dans les annes 1930 avec :
La crise du rgime parlementaire,
La monte du thème de la rforme de l’État, contre le libralisme politique.
Les tensions internationales ( URSS, Allemagne, Italie, …) cela oblige les sciences politiques françaises à se remettre en question.
Enfin, en 1937, l’ELSP dite une revue intitule « sciences politiques ».
Cette revue tait dirige par François Goguel, un future membre du CC français.
Elle est crite par Pierre Renouvin, le fondateur de l’histoire des relations internationales.
Et aussi par Raymond Aron, il vient de facult de lettre. o Il a tudi en Allemagne avant 1933, et à son retour, il devient enseignant et il amorce la rception de l’œuvre de Max Weber ( 1864-1920 ). o Il a mis le conflit au cœur de la science politique, il a une conception polmologique de la politique, il insiste sur les notions de puissance. o (Deux grandes vaines : Durkheim conception douce ou Aron plus âpre.)
Les tudes politiques comme les tudes constitutionnelles doivent intgrer la critique de la dmocratie libral, elles tudient donc d’autres rgimes que les dmocraties librales (communisme, fascisme ou nazisme).
Cela signifie l’mergence de la politique comparée et du droit comparé.
Une partie de la science politique française postrieure à 1945 est passe par le droit public. De grands pionniers à l’interface du droit public et de la science politique :
George Burdau, Jean Jacques Chevallier ( fondateur des ides politiques ), Maurice du Verger et George Vaudel ( futur membre du CC ).
Plus tard, partant du droit public et s’installant en science politique : Jean Locas et Charles Zorghib.
Ces juristes ont constat que l’tude des textes et de la jurisprudence ne suffira pas à apprhender la ralit du pouvoir public et des conflits autour du pouvoir public.
Un ouvrage clôture et rsume la priode ( 1914-1945) :
L’ouvrage de Bertrand de Jouvenel paru en 1945, il s’intitule « du pouvoir : histoire naturel de sa croissance ». Mtamorphose de l’État libral à l’État providence.
Après 1945 : La science politique a mûri et devient autonome, autrement dit elle chappe aux disciplines tablies qui voulaient la contrôler. Ce sont l’Histoire, la Philosophie et le Droit. Concrètement, l’ELSP est nationalise et transforme en un institut d’tudes politiques. Et en une fondation national des sciences politiques ( FNSP), l’ENA sera cre en 1945.
Sont crs huit autres IEP :
le premier en province en 1945 à Strasbourg, quatre autre IEP en 1948 : Bordeaux, Toulouse, Grenoble et Lyon. Aix en Provence en 1956. Tardivement, Lille et Renne en 1991.
La Revue Française de science politique est cre en 1951, et galement sont crs d’autres revues gnralistes et spcialises. Des associations sont crs :
l’AFSP, l’association française de science politique 1949. Et plus tard, l’association francophone de science politique.
Les enseignements de science politique se retrouvent après les IEP, en licence de droit à partir de 1954, puis des thèses de doctorat en sciences politiques sont institues en 1956. Dans les annes 50-60, la rception en France de la science politique amricaine se dveloppe. Enfin, une institutionnalisation au sommet, depuis 1969, il existe une section de science politique :
au CNU ( Centre National des Universits ) avec le Groupe 1 compos de la section 01 de droit priv, la section 02 de droit public, la section 03 d’histoire du droit, la section 04 de science politique. et au CNRS ( Centre national de recherche scientifique).