Relations internationales CM complet (division A) PDF

Title Relations internationales CM complet (division A)
Course Relations internationales
Institution Université de Rouen
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Introduction Arnold Toynbee décrit notre monde en disant : « L'Humanité ne s'est jamais retrouvée dans une situation pareille depuis la fin du Paléolithique. C'est à cette époque, dit-il, que nous sommes parvenus à dominer les lions, les tigres, et les autres bêtes sauvages du même genre. A partir de ce moment, la survie de la race humaine paraissait assurée. Mais, ajoute-t-il, depuis 1945, notre survie est à nouveau incertaine, car nous sommes devenus pour ainsi dire nos propres lions et tigres. En vérité, depuis 1945, la menace qui pèse sur la survie de l'humanité est beaucoup plus grande qu'elle ne le fut depuis le premier million d'années de notre histoire. » Par 1945, il fait référence aux bombes atomiques (Hiroshima et Nagasaki en août 1945) car de cette façon, l’espèce humaine a obtenu le pouvoir de se détruire elle-même ainsi que la Terre entière.

Arnold Joseph Toynbee

Hiroshima après le bombardement

I) L’origine historique Les relations internationales ne datent pas de 1945… Les relations internationales sont aussi anciennes que la création des premiers États, ce qui a intrigué les ethnologues, les anthropologues, mais aussi les historiens qui ont observé des signes caractéristiques des relations internationales, qui remonteraient de l'Antiquité, pas seulement grecque, mais aussi mésopotamienne et égyptienne. Les anthropologues et ethnologues ont découvert sur certains sites des textes, des traités qui évoquaient un état de paix ou de guerre, de souverain ou de royaume, les conditions des échanges et du commerce, l'organisation d'une véritable diplomatie, avec des ambassadeurs, qui parcouraient le monde en faisant des missions itinérantes.

A) En Égypte : les première traces de traité international En -1244 environ, au Moyen-Orient, dans l'actuelle Syrie, va se dérouler une grande bataille opposant les deux plus puissants royaumes de l'époque, l’Égypte, avec les rois dieux pharaons, et le royaume nomade Hittite. Il n'y a pas eu de victoire marquante, mais plutôt une non victoire, tellement la bataille était équilibrée. Un texte, le premier traité international qui nous soit parvenu à ce jour, après plus de 3200 ans, est retrouvé. Une preuve se trouve dans un temple d'Amon de Louxor, il contient un exemplaire en écriture hiéroglyphique (côté égyptien). A la fin du XIXème siècle, des anthropologues allemands ont découvert dans l'ancienne Anatolie une autre tablette, en argile, aujourd'hui observable à Istanbul, en Turquie (côté hittite).

Traité de paix entre Ramsès II et Hattusili III

Les deux textes ne sont pas présentés de la même manière. Lorsque les archéologues se sont penchés dessus, ils ont observé que les deux langues n'étaient pas les mêmes : l'une glorifiait Amon et Ramsès, et l'autre glorifiait le Roi Hittite.

L'un dit « Ce traité de paix et de fraternité honnête, qu'il donne la paix et la fraternité...» Le grand maître de khatti ne viendra jamais piller la terre d’Égypte : le grand maître d’Égypte ne viendra jamais piller la terre des Hittites. C'est le premier terme de non-agression. Si un ennemi, quel qu'il soit, attaque les territoires du grand Roi d’Égypte, et que ce dernier envoie un messager au maître de khatti disant "viens à mon secours, et marchons contre lui", le grand maître de khatti viendra à son tour et massacrera l'ennemi. Si un homme important s'enfuit du pays d’Égypte, et arrive dans le pays du grand maître du Khatti, ou dans une ville sous la tutelle du grand Khatti, il doit le livrer au maître égyptien. On peut donc voir que 4 000 ans auparavant, existaient déjà des accords entre souverains, des signes de relations internationales. Ils étaient organisés puisqu’ils étaient transcrits dans des textes.

B) En Grèce : des alliances organisées Dans le cadre du système des cités-états grecques, existait un système de relations internationales qualifié de proto-système (premier système). Thucydide, grand historien grec, a décrit ce système au travers de la guerre du Péloponnèse, qui opposait les deux grandes puissances grecques, Sparte et Athènes. Dans le système des cités états grecques, il y avait des éléments de relations internationales organisées, avec notamment des alliances. Athènes avait son alliance péloponnésienne, Sparte aussi, avec des déclarations de guerre, de paix etc...

Thucydide

Dans les guerres médiques, opposant les Grec au Perses, on retrouve également des éléments de relations internationales extrêmement précis : l'offre de paix ou de guerre était systématiquement envoyée au souverain ennemi, par l'intermédiaire d'un messager. En disant "donnez-nous la terre et l'eau", ils disaient "soumettez-vous".

C) En Italie : les premières ambassades fixes Les premières ambassades fixes, caractéristique emblématique des relations internationales, datent du XVIème siècle, avec les cités italiennes. Elles vont instituer les premières légations. Le Pape ainsi que les cités italiennes en auront. Auparavant, les ambassades étaient des missions itinérantes. Elles étaient représentées par un envoyé, entouré d'une escorte, chargé d’un message. L’envoyé emportait également des cadeaux pour amadouer les souverains des pays qu'il traversait afin d’arriver sain et sauf jusqu'au pays souhaité. Arrivé à ce pays, il donnait son message au souverain, qui lui répondait dans la foulée.

II) Les relations internationales comme discipline A) Origine historique de la discipline Les relations internationales désignent à la fois les pratiques des États, aussi appelées les affaires étrangères mais également une discipline, celle que nous étudions.

Le logo de l'I.S.A.

La discipline des relations internationales est la plus jeune des sciences sociales. Elle

est apparue au XXème siècle, dans les pays anglo-saxons. Les britanniques en sont les précurseurs. Les américains ont repris le concept des « international politics » ou « études internationales ». Dès 1919, la première chaire d'enseignement est fondée à l'université d'Aberystwyth, qui relève de l'University of Wales. Le modèle fut repris aux États-Unis, en Europe, et dans les pays asiatiques du Commonwealth. Les États-Unis vont cependant vite dépasser le Royaume-Uni sur l'enseignement et la recherche des relations internationales. (Université de Cambridge) Les relations internationales deviennent donc une discipline académique, au même titre que le droit, avec ses professeurs, ses chercheurs, ses revues académiques, et même ses associations. La plus prestigieuse est l’International Studies Association. La British International Study Association (BISA) a été fondée en 1975. La plus récente est l'Association des Internationalistes, créée en France en 2010.

B) La discipline des relations internationales en France

L'I.R.F.I.

L'étude des relations internationales est introduite en France après la Seconde Guerre Mondiale, avec l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), un institut de recherche rattaché au gouvernement. Il est créé en 1979, comme un pôle fédérateur des études.

En France, l'étude des relations internationales s'est développée dans le cadre des universités, sans pour autant constituer une discipline autonome, elle reste fragmentée dans plusieurs disciplines universitaires, telles que l'histoire (diplomatique), le droit, ou les sciences politiques. En droit, une branche spéciale s'est dégagée, celle du droit international, qui étudie la régulation juridique des relations internationales. Les politistes s’intéressent bien évidemment à la politique étrangère des États. Enfin, les géographes ont créé une sous discipline : la géopolitique.

III) Qu’est-ce que les relations internationales ? A) Origine étymologique Dans l’expression « relations internationales », deux notions clés apparaissent : la première renvoie à l'idée de rapports, d'échanges, c'est-à-dire l'idée de biens, et la seconde, renvoie l’idée que ceci se déroule de manière supranationale : ce sont des rapports qui ne mettent pas en jeu des personnes privées, mais des États, des organisations... Le penseur britannique Jeremy Bentham utilise le terme "international" pour la première fois en 1781. Avant, ce terme n'était pas conceptualisé. Jeremy Bentham Dans un ouvrage, il distingue deux types de droit : • Le droit interne, qui concerne les rapports entre individus, entre citoyens, entre sujets. • Le droit international, qui est en train de se développer. Il dit que ce type de rapports désigne des liens qui se développent entre des chefs d’État. Ce sont des « transactions mutuelles aux souverains en tant que tels ».

B) Définition Les relations internationales sont en réalité des rapports qui impliquent une diversité d’acteurs. Plus récemment, sous l’effet de la mondialisation, on a vu l’apparition d’acteurs transnationaux, qui traversent les frontières : les Firmes Transnationales (FTN) et les Organisations Non Gouvernementales (ONG). On peut ainsi définir les relations internationales comme l’ensemble des rapports de toute nature et de toutes origines qui traversent les frontières. La frontière matérialise l’existence d’États souverains sans lesquels les échanges en question perdraient leur caractère international. Les adeptes du courant idéaliste des relations internationales postulent que l'évolution humaine penche vers une pacification des rapports entre humains. Les relations internationales permettraient de préserver la paix, de rapprocher les peuples, de faire du commerce… L’évolution des relations internationales tend vers une intégration des peuples. Les hommes sont en effet confrontés aux mêmes défis et ces défis sont d’une telle ampleur, qu’ils ne peuvent les résoudre seuls. Les États seront tenus de collaborer pour résoudre les grands problèmes contemporains : la guerre, la pauvreté, le réchauffement climatique, la criminalité…

C) Les évolutions majeures des relations internationales On peut dire que le XXème siècle marque une étape extrêmement importante dans la vie des relations internationales. Durant ce siècle, on va assister à trois changements majeurs. 1) La multiplication des États Aujourd'hui, 193 États siègent à l’ONU. En un siècle, le chiffre a été multiplié par quatre. L'explosion du nombre d’États est lié à plusieurs facteurs : • L'implosion de grands empires : l'empire ottoman, l'empire austro-hongrois et plus récemment, la disparition de l'URSS en 15 républiques autonomes (Ukraine, Biélorussie,...). • Le phénomène de la décolonisation (fin des empires coloniaux) qui a fait augmenter le nombre d’États, avec l'indépendance de peuples d'Afrique et d'Asie.

2) L'accroissement du nombre des organisations internationales Les organisations internationales sont apparues après la Première Guerre Mondiale. Ces entités qui ont pour dynamique propre de rassembler des états

autour de missions, de tâches communes. Nous pouvons notamment citer l'Organisation des Nations Unies pour la paix dans le monde (O.N.U.), l'Organisation Mondiale de la Santé pour la santé (O.M.S.), l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord pour la défense (O.T.A.N.), l’Union Européenne… Il en existe plus de trois cent à travers le monde aujourd'hui.

Logo de l'O.N.U.

Logo de l'O.T.A.N.

3) La apparition des acteurs transnationaux Beaucoup plus récents, les acteurs transnationaux ne reconnaissant pas les frontières, ni la souveraineté. Il en existe deux types : les organisations non gouvernementales (O.N.G.) et les firmes transnationales (F.T.N.). De plus en plus, les relations internationales ne se limitent plus à des rapports entre États car de nouveaux acteurs sont désormais présents. Parfois ces acteurs (Apple, McDonald…) ont même un rôle plus important que les États eux-même.

D) Société internationale et communauté internationale L'expression « relations internationales » est souvent associée, non sans confusion, avec d'autres termes, tels que « société internationale », et « communauté internationale ». 1) Société internationale La société internationale est un environnement dans lequel évoluent les états-nations. Ce terme est apparu au début du XXème siècle sur la lancée de la Société des Nations en 1919, dont le but était de créer une véritable société à l’échelle internationale qui obéirait à des règles communes. La Société des Nations rassemblerait tous les pays. « Société internationale » désigne donc les États et les rapports qu’ils entretiennent entre eux. La société internationale n’est cependant pas régie par un organe central. Elle est organisée dans un cadre informel où s’expriment les rapports entre États et qui laisse une très grande latitude à ces États. Les États ont des valeurs communes. Ce terme a été créé par des juristes, notamment le français George Scelle. Georges Scelle dit « La société internationale exprimerait des solidarités fondées non sur la juxtaposition d’États, mais sur l'interpénétration des peuples » soit les George Scelle échanges entre les peuples. La société internationale n'est pas régie par un organe central mais elle constitue un cadre où s'expriment des rapports conflictuels, pacifiques entre États. La société internationale est donc fondamentalement instable, hétérogène et anarchique. Cette hétérogénéité s'explique par la diversité des acteurs et par l'inégalité des richesses, des puissances et des influences entre les États. Les opposants au concept de Société internationale disent que les relations

internationales sont fondamentalement conflictuelles, instables, et donc ne peuvent donner lieu à une société internationale organisée. C’est le courant réaliste. 2) Communauté internationale La communauté internationale est une communauté de valeurs. Ce terme a été créé par des juristes dits positivistes, pensant que le droit doit régir la communauté internationale. Les États doivent se soumettre à des règles, au droit international. Le terme de communauté internationale est systématiquement utilisé dans les discours. Certaines puissances ont tendance à se l’approprier.

René Jean Dupuy

Les États et les peuples partagent des valeurs communes : la paix, la solidarité, le développement, l'aide humanitaire, la justice, la liberté… L'idée d'une communauté internationale est apparue avec, en arrière-plan l'idée qu'à terme, qu’il n'y aurait plus de guerre, que les hommes et les peuples deviendraient solidaires, coopéreraient, échangeraient, et c'est en ce sens qu'on dit que les adeptes de la communauté internationale sont des optimistes. Certains sont allés plus loin, tel que le juriste René Jean Dupuy, en affirmant que la communauté internationale a une légitimité supérieure aux États. « L’histoire de l’humanité est passée du monde des cités à la cité-monde. » Cependant, certains pensent que la communauté internationale n'existe pas parce qu’elle n’est pas fondée sur des bases solides, que les États ne défendent que leurs propres intérêts. Par exemple, Hubert Védrine, ex ministre des affaires étrangères, relativise la notion de communauté internationale : « Le monde est bien loin de constituer une communauté internationale. Communauté, pour les ministres des affaires étrangères, et les diplomates des 193 pays, pour Hubert Védrine les quelques 120000 fonctionnaires des institutions internationales, pour la plupart des milliers d'ONG, certes, économie et monde globalisé pour de nombreux PDG et cadres supérieurs d'entreprise, banquiers, traders, gestionnaires de fond de pension, avocats d'affaire, personnels des compagnies pétrolières aériennes, pour certains médias, pour les concepteurs de la World Food, pour le monde de la mode, de l'art et du showbiz, sans nul doute, mais, au-delà de cette mince pellicule américanoglobalisée, on reste bien loin d'une communauté rassemblant des peuples du monde ». Que veut-il dire ? Oui il y a une communauté internationale, mais elle est limitée à une élite. Comme le rappelle le juge Mohammed Bedjaoui, ancien président de la Cour internationale de Justice, « la communauté internationale actuelle demeure, malgré bien des signes positifs, une société de juxtaposition, et non d'intégration. Juxtaposition d’États qui n'ont pas renoncé, ou si peu, à leurs prérogatives essentielles ».

Mohammed Bedjaoui

Ce cours se compose en deux parties. Dans une première partie, nous allons aborder les relations internationales comme champ d’étude et dans le seconde partie, nous verrons les dynamiques internationales.

Partie 1 : Les relations inte internationales rnationales comme champ d’étude Chapitre 1 : L’étude des relations internationales par l’approch l’approchee théorique Introduction Les relations internationales comme champ de discipline ont fait l’objet d’études, de publications de nombreux auteurs du monde, appartenant à différents courants de pensée. Ces auteurs peuvent être historiens, juristes, militaires, sociologues, politistes, géographes. L’extrême diversité des auteurs est marquante de l’extrême diversité des courants de pensée. Il existe également un grand nombre de théories. Les relations internationales sont, comme toute autre discipline, un champ d’étude intéressant pour bon nombre de spécialistes de la scène internationale. Elles sont traversées pas des courants, des doctrines, des écoles… qui font que les relations internationales sont devenues comme un laboratoire où le comportement des États est étudié. L’analyse théorique est au cœur du processus d’explication des relations internationales et surtout de la compréhension de leur dynamique. L’analyse théorique vise à donner des explications, afin de comprendre les relations internationales. Mais qu’est-ce qu’une théorie des relations internationales ? « On peut définir la théorie des relations internationales comme un ensemble cohérent et systématique de propositions ayant pour but d’éclairer la sphère des relations sociales que nous nommons internationales. Une telle théorie est ainsi censée présenter un schéma explicatif de ces relations, de leur structure, de leur évolution, et notamment d’en mettre à jour les facteurs déterminants. Elle peut aussi à partir de là tendre à prédire l’évolution future de ces relations ou au moins, dégager certaines tendances de ces dévolutions. Elle peut également avoir pour but plus ou moins direct d’éclairer l’action. Comme toute théorie, elle implique un choix et une mise en ordre des données, une certaine construction de son objet, d’où sa relativité. » Philippe Braillard, Théorie des relations internationales C’est une grille de lecture, un mode d’emploi. Depuis le XVIIème, le grand débat qui agitent les penseurs peut se résumer en la question suivante : « Les relations internationales sont-elles anarchiques ou ordonnées ? » En d’autres termes, la société internationale est-elle à l’état de nature ou constitue-t-elle une communauté intégrée ? C’est à cette époque que des juristes, précurseurs du droit international, voulaient imposer aux États des normes morales et juridiques à respecter comme des règles de conduite. Cette approche est prônée dès le XVIIème siècle par Hugo Grotius, père du droit international, juriste hispanohollandais. Hugo Crotius a écrit un livre dans lequel il s'adresse aux souverains Hugo Grotius européens, et dit « Il faut sortir de l'état de guerre perpétuelle où se trouvent actuellement les États ». Son livre va influencer d'autres penseurs par la suite, mais, à partir de cette époque vont se dessiner deux branches : • Le paradigme du conflit → ses adeptes pensent que les relations internationales ne sont pas organisables, qu’elles sont conflictuelles, violentes, instables, régies par un rapport de force. • Le paradigme de l'interdépendance → ses adeptes pensent que les relations internationales peuvent êtres pacifiques. Un paradigme est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent de visions qui repose sur une base définie.

Section 1 : Les théories explicat explicatives ives I) Les théories fondées sur le paradigme du conflit Le postulat du paradigme du conflit est le suivant : les relations internationales sont en état de nature. Ce constat est d’abord fait dès le XVIIème siècle ...


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