Fiche de lecture : Sociologie économique - Histoire et courants contemporains PDF

Title Fiche de lecture : Sociologie économique - Histoire et courants contemporains
Course Sciences économiques et sociales
Institution Université de Bourgogne
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Fiche de lecture sur la totalité de l'ouvrage...


Description

 Fiche de lecture : Sociologie économique - Histoire et courants contemporains Introduction : L’ouvrage Sociologie économique - Histoire et courants contemporains d’Antoine Bernard de Raymond, chargé de recherche à l’Inra, a été publié en 2014. Ce livre a été écrit en collaboration avec Pierre-Marie Chauvin. La  sociologie économique est définie comme ce qui étudie l’économie à l’aide des concepts et des méthodes de la sociologie. Ce manuel a pour objectif de présenter de manière synthétique les différents débats, courants et approches qui structurent la sociologie économique. Cet ouvrage souhaite offrir une vision d’ensemble des objets étudiés par la sociologie économique : les marchés, le capitalisme, la finance, la consommation, la mondialisation, l’État et la régulation des activités économiques, l’entrepreneuriat, les échanges non-marchands, etc. En présentant des travaux classiques comme contemporains, ce livre montre également comment la sociologie économique participe à une sociologie générale qui permet de nouvelles approches, méthodes et problématiques de la discipline. L’objectif semble donc de présenter et de permettre l’accès à la sociologie économique au plus grand nombre, sans tomber dans la vulgarisation des théories.

Chapitre 1 : La construction d’une tradition de sociologie économique À partir des années 80, une nouvelle dynamique autour de la sociologie économique apparaît, on parle alors de Nouvelle Sociologie Economique, grâce à des travaux américains puis européens. Aujourd’hui, la discipline est reconnue, mais un retour historique semble nécessaire pour bien comprendre les enjeux de sa fondation. Karl Marx, économiste et sociologue, est l’initiateur d’une nouvelle science sociale. Il analyse les formes historiques du capitalisme et de ses institutions et montre que les marchés et conventions économiques sont façonnés par les rapports de force ce qui montre son regard “socio-historique” . Néanmoins, son analyse semble plus se rapprocher d’une sociologie du travail que d’une sociologie économique. De son côté, Max Weber a un intérêt particulier pour le “rationalisme  occidental” , l’émergence du capitalisme moderne même s’il reprend l’identification des différentes formes historique du capitalisme de Marx. Cependant, il rejette toute forme de causalité (interne : croyances, religion, etc. et externe : environnement) centrale inscrite dans les rapports de production et étudie, au contraire, les formes hétérogènes de causalité et les manières dont elles se renforcent et s’annulent entre elles. Il est souvent considéré comme le fondateur de la sociologie économique à partir de deux observations, le désir de bien propre aux hommes et les avances nécessaires à la production de l’offre. Ainsi, ces idées s’orientent vers une sociologie de l’action socio-économique. L’apport original de Weber tient dans l’approche marginaliste et l’utilisation de l’homo oeconomicus comme modèle type. Emile Durkheim, autre “père” de la sociologie, accorde une place significative à la sociologie économique dans un contexte de critique de l’utilitarisme sur un plan moral et de rejet de l’hyperempirisme. Il comprend alors que l’existence d’individus libres suppose des formes de régulation supérieure. Sa sociologie s’inspire d’apports de François Simiand et de Maurice Halbwachs qui partagent la même idée que la valeur économique (comme valeurs sociales ou religieuses) est une forme d’expression objectivée de la société. Georg Simmel propose une sociologie de l’argent, où la monnaie est considérée comme un phénomène sociologique reposant sur les interactions entre individus. La monnaie marque le passage à une société moderne, mais engendre un processus de dépersonnalisation des relations et une focalisation sur la valeur des échanges. Puis, la sociologie évolue et dans les années 50, la sociologie dominante vient des Etats-Unis et semble se satisfaire d’une relation de complémentarité avec la discipline économique, sans mélange. On appelle la période des années 30 aux années 60 celle de “grand partage” ou “pax parsonia” au vu des faibles relations entre les deux disciplines, sans querelle toutefois. Selon Parsons, “il y a eu trop de sociologie (...) en économie, et trop d’économie en sociologie” : il n’existe pas d’alternative à la complémentarité. La sociologie est considérée comme l’étude de la fin et des valeurs de l’action alors que l’économie est l’étude des moyens. À cette période, un autre courant, celui de l’impérialisme économique naît avec des appuis comme l’université de Chicago ou Gary Becker qui souhaite faire des outils économiques la grammaire de base des sciences

sociales. Cet impérialisme s’appuie sur des postulats de rationalité universelle et sur l’indépendance, l’exogénéité, la stabilité des préférences individuelles. D’autres sociologues américains vont tenter de suivre le chemin opposé et d’appliquer l’analyse sociologique aux objets des économistes pour proposer une vision plus concrète des marchés. Ainsi, Granovetter va montrer que l’action économique est déterminée par des structures de relations interpersonnelles par le biais de l’approche de “l'encastrement structural”. Le décalage entre le marché et l’organisation, qui seraient mal coordonnés, est aussi étudié. Dès les années 80, un projet de sociologie économique revient aux Etats-Unis, où de plus en plus de sociologues recrutés dans les Business Schools se confrontent aux économistes. Le sociologue Amitai Etzioni tente d'institutionnaliser la sociologie économique, mais cela n’a pas beaucoup de résonnance sur les autres sociologues. De son côté, Granovetter développe une sociologie des réseaux et montre que le devenir des institutions ne dépend pas d’une logique économique mais sociologique, il revendique le label d’economic sociology. En Europe, cette tentative s’ancre dès les années 90 avec l’ouvrage de P. Steiner qui tente de retracer l’histoire de la sociologie économique. D’un autre côté, l’économiste hongrois K. Polanyi s’est fait connaître grâce à son essai La grande transformation et a longtemps été jugé comme inclassable. Il s’inscrit dans une démarche substantiviste, il considère que la théorie marginaliste constitue un cas particulier des sociétés occidentales, mais qu’elle la dépasse puisque l’approche formaliste a pu constituer une lecture crédible de la réalité. Ainsi, les échanges marchands sont encastrés dans des formes de régulations sociales et l’ont toujours été. C’est pourquoi le pouvoir régulateur du marché était limité sur l’autre sphère de la vie sociale, mais il y a eu un renversement : aujourd’hui, le marché est désencastré et la société devient encastrée dans le marché. La sociologie économique permet de montrer la complexité de l’interaction des marchés et des sociétés et d’envisager le marché comme une réalité autonome. Ainsi, de nombreux concepts ont été développés et affiliés comme l’encastrement organisationnel par exemple. Mais cette notion engage la conception de l’activité économique comme nécessairement conceptualisée et implique une position critique face à l’approche utilitariste.

Chapitre 2 : La sociologie des marchés : réseaux, dispositifs et statuts

On s’intéresse dans un premier temps à la construction sociale des marchés, le fait que les pratiques marchandes existent supposent des pratiques non-marchandes. Dans un premier temps, le modèle de la concurrence pure et parfaite est étudié : c’est un processus d’équilibrage de l’offre et de la demande qui prétend à l’universalité. Même si c’est empiriquement possible, c’est bien loin d’être le cas. Ainsi, Marie-France Garcia-Parpet propose des conditions précises nécessaires à la mise en place d’un marché  “presque parfait”, comme le marché aux fraises avec un mode de fonctionnement centralisé et anonyme. Mais maintenir ce modèle suppose un contrôle social permanent, c’est d’ailleurs ce qui fait dire à P. Bourdieu que ces modèles sont des artefacts sociaux. Le marché est aussi vu comme un champ, selon le concept de P. Bourdieu. Il y a une présence de contraintes (temporelles par exemple), c’est “l’emprise du champ” . Le marché est un “artefact historique” puisque chaque transaction porte possiblement l’histoire des transactions passées et plus largement l’histoire des positions et prises de position des agents dans le champ qu’ils forment. Le marché est donc vu comme une double construction sociale, car la demande est créée avec la genèse socio-historique des dispositions et des ressources, et l’offre avec des crédits étatiques ou privés et des règles juridiques. La construction de la société se fait dans des champs séparés, mais qui sont reliés les uns aux autres : on retrouve des champs de force et des champs de lutte qui représentent le rapport de force dominés/dominants. Le marché est caractérisé par son autonomisation progressive et la recherche du gain pour lui-même est valorisé. La dimension institutionnelle est également centrale. P. François s’interroge sur 3 points liés aux institutions marchandes : leur nature (selon le critère de la coercition et du personnel (ou l’inverse)), leur genèse (interrogée d’une façon fonctionnaliste, ou plus historicisante et contingente), et leur puissance symbolique et économique (noms propres, grands patrons).

On s’intéresse ensuite aux réseaux et aux marchés, il existe différentes approches. M. Granovetter montre dans Getting a job que la majorité des personnes trouvant un emploi, le font grâce aux contacts personnels, c’est la force des liens faibles qui permettent d’accéder à de nouvelles informations contrairement aux liens forts. Mais le but est de trouver un “bon” travail et pas n’importe lequel. De ce fait, l’échange social cristallise une offre et une demande particulières. De plus, Uzzi teste la relation entre les réseaux et les performances sur les marchés et montre que les entreprises ont deux types de relations avec les clients/fournisseurs, soit marchande ou personnelle. Les firmes dont l’espérance de vie est la plus élevée sont celles qui parviennent à établir un équilibre entre les deux. Mais l’analyse d’Uzzi contient un paradoxe : la conclusion n’est pas que le marché est structuré par des réseaux, mais que le réseau est une alternative au marché et que ce dernier est contrebalancé par un mode de fonctionnement alternatif. Au c ur des échanges se trouvent des dispositifs d’intermédiation marchande, qu’ils soient humains ou non. Ainsi, les intermédiaires humains ne doivent pas être seulement analysés pour leur fonction économique, mais aussi pour leurs effets inattendus et non coordonnés de leurs activités. On retrouve l’exemple de la grande distribution où il y a un paradoxe avec la vente de produits standardisés à des consommateurs hétérogènes. Selon Bessy et Chauvin, quel que soit le type d’intermédiaire et son type d’intervention ou leurs actions, ils ont des effets réels sur la convention d’évaluation des biens, des services et des personnes. Dans beaucoup de situations, la rencontre de l’offre et la demande ne se fait pas de façon classique et le recours à des intermédiaires non-humains est nécessaire. P. Trompette parle d’économie de captation avec l’exemple du marché funéraire où l’usager est contraint et les professionnels essaient de capter les flux de cadavres et s’implantent à côté des hôpitaux. Callon s’intéresse aux outils qui offrent une plus grande capacité de calcul et part du constat que les sciences ne font pas qu’observer la réalité, la font advenir et ont une action sur le monde. Au niveau des marchés, leur dimension verticale est inhérente. Podolny analyse les phénomènes statutaires sur les marchés et montre la possibilité d’action socialement définie par des observations réciproques que les agents exercent les uns sur les autres, ces derniers prennent appui sur des signaux de qualité et de statut (qui est une affaire de positions et d’affiliation, différente de la réputation qui est une affaire de comportements perçus bien que la frontière soit floue). Des hiérarchies stables et inertes sont constatées sur les marchés. Podolny, en reprenant Dumont, remarque qu’il existe une possibilité de transfert de statuts quand la relation intervient entre des individus inégaux. Cependant, tout acteur “élevé” risque une perte ou une pollution statutaire du fait de la fréquentation d’un agent “inférieur”. Il existe également une reproduction des inégalités de statut (cf “effet Mathieu ” ou “théorie des avantages cumulatifs”). La notion du prestige de Podolny semble rejoindre en ce sens celle de Weber.

Chapitre 3 : La qualité des produits On retrouve un renouveau de la sociologie économique depuis les 90’s et 2000’s (surtout en France) grâce au développement d’une sociologie de la qualité des produits et particulièrement depuis l’article de Karpik sur “l’économie de qualité” en 1989, qui invitait la sociologie à tenir compte de l’incertitude sur la qualité des produits échangés et à identifier des modes de régulation des marchés alternatifs au prix, fondés sur le jugement, la confiance et le réseau. Il existe une différence de perception avec la théorie néoclassique où on part du produit “déjà là” et où on considère implicitement que l’ensemble des acteurs partage la même conception de la qualité des produits (selon Alessandro Stanziani (2003)) alors que la sociologie économique se propose de considérer la qualité des produits comme un objet problématique afin de mieux saisir la dynamique des échanges marchands. Le renouveau de la discipline est lié à des travaux contemporains, mais aussi à des faits historiques comme la crise des 70’s ou celle alimentaire et sanitaire des 90’s. On s’intéresse aux trois sources historiques de la qualité, comme l’organisation industrielle et la normalisation. Au début, la normalisation (le fait de créer des normes) n’existe pas dans un but qualitatif,

mais dans celui de l’organisation de la production dès le 18e siècle. Des services apparaissent au 20e siècle comme avec les certifications dans les 30-40’s, Cochoy disait que la normalisation “devenait un moyen d’afficher certaines qualités des produits et donc de se différencier de la concurrence.”, mais à l’époque, elle existe toujours dans une logique industrielle. À la fin des 80’s, les normes ISO 9000 aide le développement de “l’assurance qualité” et “l’autocontrôle” grâce à la “traçabilité”. Depuis les 90’s, à cause des crises sanitaires et alimentaires, c’est une “technique de gouvernement” (Torny, 1998) : elle permet d’identifier tout problème sans entraver la libre circulation des marchandises. De plus, la qualité existe grâce à l’information et à la loyauté des échanges. Après la Révolution française, il faut un siècle de tâtonnements pour aboutir sur une  loi générique sur la qualité des produits (1er août 1905) qui porte sur la répression des fraudes et des falsifications. Cette loi permet un “libéralisme tempéré” : le consommateur peut faire des choix. Cependant, la santé publique n’est pas son objectif premier, qui est plutôt la discipline de la concurrence. La loi a aussi aidé création de SIQO (“signes d’identification de la qualité et de l’origine”), aujourd’hui harmonisés avec le droit européen : on assiste à une volonté des autorités de “tirer vers le haut” le niveau de la qualité et de valoriser les savoirs-faires traditionnels. Bien que la loi de 1905 concernait plus la concurrence, une remise en question s’impose dans les 90’s avec la crise de l’encéphalite spongiforme bovine (ESB) : les abattoirs traditionnels sont mis en difficulté (Muller, 2008) et on assiste à changement sur le plan réglementaire avec le “paquet hygiène” au niveau européen. L’auteur s’intéresse ensuite à la vie sociale des classifications, et d’abord à la Genèse et à la transformation des classifications de produits. Il existe 3 phases dans l’histoire d’un marché : la phase d’émergence où plusieurs définitions d’un produit coexistent, puis la phase de stabilisation quand une définition et un ensemble de règles s’imposent au profit d’un groupe d’acteurs et au détriment d’un autre, et finalement une phase de crise où le régime établi lors de la phase précédente est perturbé (exemple du marché automobile). Stanziani (2005), explique qu'un marché n’est jamais créé de manière ex nihilo mais généralement d’une transformation des formes de classification. Au niveau de la classification de produits, la nouveauté vient d’au moins 3 situations : une réaction à une innovation qui engendre l’instabilité et les débats, ou le maintien des classifications existantes et l’exclusion des innovations, ou la création d’une nouvelle classification (exemple du vin au 19e siècle, fait à partir de raisins secs, ce qui a été interdit avec la loi de 1905, obligeant l’utilisation de raisins frais). Elle peut aussi venir d’un changement d’échelle d’un marché ou la dynamique endogène à l’univers des classifications : des acteurs économiques peuvent chercher à tirer partie de l’exclusion de leurs produits des classifications officielles (exemple de certains producteurs vitivinicoles qui vendent des “vins de table” et sortent du système AOC). Il faut donc prendre en compte la qualité des produits, c’est-à-dire envisager des processus sociaux par lesquels la qualité se construit et se transforme, soit faire l’hypothèse que les acteurs ont une conception différente de la qualité ou imposer la définition de la qualité comme enjeu stratégique. Le concept de “conventions de qualité” (Eymard-Duvernay 1989) montre la pluralité des modes de coordination. Robert Salais et Michael Storper expliquent qu’il existe 4 modes de production en fonction des conventions qui organisent le marché : le monde de production industrielle : (qualité générique et standardisation), le monde de production marchande (produits dédiés et standardisation), le monde de production interpersonnel (produit dédié et travail spécialisé), le monde de production immatériel (qualité générique et travail spécialisé). Il est aussi nécessaire d’étudier la qualité en situation, et par exemple les perceptions et “prises” sur les produits. Le concept de “prise” vient de Francis Chateauraynaud et de Christian Bessy (1995), il permet de saisir la question d’ajustement ou de désajustement entre la classification et la perception. La classification doit avoir un ancrage dans le monde sensible : il y a une mise en relation entre le sujet et l’objet, mais elle n’est pas nécessaire pour acheter (achats à distance par exemple). il y a une mise en relation entre le sujet et l’objet, mais elle n’est pas nécessaire pour acheter (achats à distance par exemple). Ce concept de prise apparaît pour penser l’estimation qualitative d’un produit, son authenticité, mais aussi pour donner une valeur monétaire au produit. Peut-on alors parler d’une sociologie des prix ? Le prix n’est donc pas le seul indicateur reflétant la confrontation mécanique de l’offre et de la demande, car il peut ne pas y avoir de prix (selon l’économie des conventions) sans travail préalable sur la qualité du produit et l’évaluation anticipe d’emblée la

valorisation donc le processus d’évaluation et de valorisation sont liés. Depuis 20 ans,les sociologues dénoncent le manque d’études sociologiques sur le prix (les sociologues travaillent sur la question des valeurs, alors que les économistes sur la valeur (selon David Stark, 2009)), mais le constat n’est plus valide aujourd’hui. On trouve 2 grands types de questionnements : celui sur la formation des prix et celui sur la nature des prix et leurs significations (lien entre le prix et le statut social par exemple (ex de la consommation ostentatoire de T. Veblen (1899)). Les prix peuvent changer les rapports qui existent généralement au sein de la société : par exemple sur le marché de l’art, où la relation entre le prix et la rareté est inversée par rapport au modèle de la CPP (Karpik). L’auteur s’intéresse ensuite au concept de l’économie de la qualité. Selon Armand Hatchuel (1995), existe une possibilité de crises de l’échange, car selon la micro-économie néoclassique, les 2 agents cherchent leur intérêt donc un des deux est en mesure de manipuler l’information communiquée. Ce doute peut trouver une solution grâce à l’activité de prescription (l’interventio...


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